Les villes françaises sont-elles également exposées aux incendies de forêts ?

Depuis son bureau d’Avignon, Éric Rigolot a observé avec attention les incendies de Los Angeles qui ont détruit des quartiers entiers de la ville et fait au moins 27 morts. “Nous connaissons bien l’écologie des incendies de forêt californiens, explique cet ingénieur de l’Institut national de recherche sur l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE). La Californie est considérée comme une région méditerranéenne du point de vue climatique, avec des facteurs aggravants d’incendies qui sont les mêmes qu’en . Elle est un peu à l’avant-garde de ce qui nous attend. »

En plus d’être confrontés au changement climatique, le sud-est de la France et l’État américain ont en commun l’étalement urbain. Construire à l’intérieur ou en bordure d’espaces naturels entraîne la multiplication des « interfaces habitat-forêt », comme les appellent les spécialistes, ce qui crée des secteurs très exposés aux incendies. « A un moment donné, la logique de la prévention s’est heurtée à celle de la rente foncière, underlines geographer Pauline Vilain-Carlotti. Nous sommes dans des zones très prisées à des fins résidentielles ou touristiques. »

Un habitat permanent

Une ville comme Marseille dispose par exemple de 9 000 hectares d’espace naturel – soit près de 40 % de son territoire – avec 70 kilomètres d’interface habitat-forêt. En 2009, lorsqu’un violent incendie partant des collines environnantes a touché plusieurs quartiers, il a menacé un millier d’habitations. Finalement, les dégâts furent limités : les flammes détruisirent une villa et cinq hangars, sans faire de victimes.

Par rapport à leurs confrères californiens, les pompiers provençaux ont un avantage. « En France, les modalités de construction sont différentes et les logements sont majoritairement permanents » rappelle le commandant Fabien, responsable des opérations des pompiers de Marseille. « La combustibilité des villes françaises est moindre que celle des villes américaines, où les maisons sont souvent constituées de charpentes en bois, parfois même avec des bardages en bois, continues Éric Rigolot. C’est une différence majeure. »

A Los Angeles, le feu de forêt s’est ainsi transformé en incendie urbain. “En France, il peut encore y avoir des maisons en contact avec la forêt qui brûlent, mais il n’y a pas de propagation de maison en maison”, indique Éric Florès, vice-président de la Fédération nationale des pompiers français et directeur des pompiers de l’Hérault. Des mesures préventives protègent également l’habitat, au premier rang desquelles l’obligation légale de débroussaillage, qui impose de limiter la végétation combustible dans un rayon de 50 mètres autour de son habitation dans les zones à risque.

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Ce périmètre peut être porté jusqu’à 100 mètres par des plans de prévention des risques incendie, qui interdisent également les nouvelles constructions dans les zones trop exposées. C’est le cas dans certains quartiers de Marseille. « Il y a toujours un peu de résistance de la part des propriétaires, car l’action de réduire la végétation coûte cher.témoigne Vincent Lody, du service protection des populations et gestion des risques de la Ville de Marseille. Mais nous avons encore un bon taux d’achèvement de ces travaux dans les zones que nous contrôlons. »

Maintenir « une grande humilité »

Pour Éric Rigolot, le scénario californien doit servir de leçon pour renforcer cette prévention. « Nous devons utiliser ce type d’événement pour faire passer le message que le défrichement est vraiment un facteur cléinsiste-t-il. En France, nous disposions jusqu’à présent d’avertissements gratuits. Malheureusement, nous savons aussi que cela peut mal tourner, que ce soit sur une route encombrée avec des personnes coincées ou à l’interface habitat-forêt. »

L’expert cite pour preuve les incendies particulièrement meurtriers qu’ont récemment connu le Portugal et la Grèce. “Aujourd’hui, en France, on ne voit pas d’incendies traverser une zone urbanisée, notes Commander Fabien. Nous faisons tout pour que ce qui se passe en Californie ne se reproduise pas ici. Mais il faut garder une grande humilité. Avec le réchauffement climatique et l’augmentation des zones à risques, peut-être serons-nous un jour confrontés à ce genre de situation. »

 
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