C’est sûrement l’un des romans qui nous a le plus ému. Publié en 2018 en France, l’ouvrage de Heather Morris suit l’histoire d’amour entre deux prisonniers du camp d’Auschwitz, entre 1942 et 1945. Le tatoueur d’Auschwitz devient rapidement un véritable phénomène littéraire, traduit dans plus de 40 langues et vendu à plus de 13 millions d’exemplaires dans le monde.
A l’occasion du 80e anniversaire de la libération du camp de concentration, M6 a décidé de diffuser l’adaptation en série de l’œuvre le 22 janvier à 21h10. Mais la mini-série de six épisodes portée par Jonah Hauer-King (La petite sirène), Anna Prochniak (Gilets jaunes) et Harvey Keitel (Chiens de réservoir) demande : son histoire est-elle inspirée de faits réels ?
L’histoire d’une rencontre
La production télévisuelle oscille entre le présent et le passé. Nous suivons Lali, un juif slovaque déporté à Auschwitz en 1942. “Peu après son arrivée, il est devenu l’un des tatoueurs chargés d’inscrire des numéros d’identification sur les bras des autres prisonniers, indique le résumé. Un jour, il rencontre Gita alors qu’il lui tatoue son numéro. C’est ainsi que commence une histoire d’amour courageuse et inoubliable. »
Soixante ans plus tard, Lali est octogénaire. La femme de sa vie est décédée et il décide de raconter au monde entier leur rencontre et leur voyage. Il rencontre alors Heather Morris, une jeune écrivaine qui va capturer ces instants dans un livre.
En effet, l’auteur a rencontré Lale Sokolov à Melbourne en 2003. Alors âgé de 87 ans, le survivant a décidé de raconter cette histoire qu’il avait gardée sous silence pendant plus de 60 ans. Pendant trois ans, Heather Morris a minutieusement rassemblé ses histoires hebdomadaires, mêlant détails intimes et horreur du quotidien. Lale est décédé en 2006, à l’âge de 90 ans, laissant à l’écrivain le soin de transformer ses souvenirs en roman.
La vraie vie de Lale Sokolov
D’une manière générale, les faits relatés dans Le tatoueur d’Auschwitz sont justes. Retour en 1942. En avril, Lale Sokolov est déporté. Au début, il était responsable de la construction de blocs d’habitation pour l’agrandissement du camp. Cependant, un prisonnier français connu sous le nom de Pepan lui demande de travailler avec lui comme tatoueur.
C’est dans ce contexte qu’il a rencontré Gisela Gita Furman en juillet, alors qu’il tatouait un groupe de femmes arrivant dans le camp. Le jeune homme tombe immédiatement amoureux. Il profite alors de sa position privilégiée pour lui envoyer de la nourriture et des messages, et ainsi entretenir un lien.
-Deux jours avant la libération d’Auschwitz, Lale fut transféré au camp de concentration de Mauthausen-Gusen. Il parvient à s’enfuir et décide de retourner dans son pays natal. Il se lance alors dans d’importants travaux de recherches afin de retrouver Gita. Le couple s’est marié en 1945 et a donné naissance à leur unique enfant, Gary, en 1961. Après la mort de Gita en 2003, l’octogénaire a évoqué pour la première fois son expérience de déportation avec Heather Morris. Une série d’entretiens qui durera trois ans et qui inspirera l’auteur dans l’écriture de Tatoueur d’Auschwitz.
Critique des historiens
Ainsi, la série diffusée le 22 janvier sur M6 est l’adaptation de ce best-seller. Heather Morris a affirmé que 95 % de l’histoire était factuelle. D’un autre côté, les médias - souligne le fait que l’écrivain néo-zélandais n’a jamais rencontré Gita Furman, et qu’elle a donc dû imaginer les dialogues entre les amoureux. En outre, les historiens ont vivement critiqué l’œuvre littéraire, soulignant de nombreuses inexactitudes.
Parmi les erreurs relevées : des descriptions erronées des conditions de vie dans le camp, des numéros d’enregistrement erronés, et même des scènes fictives attribuées à Josef Mengele. Wanda Witek-Malicka, auteur de la revue Mémoireremarqué des exagérations, des sous-estimations et des simplifications problématiques. Le rôle de tatoueur, attribué exclusivement à Lale dans le roman, était en réalité partagé entre plusieurs détenus. De même, l’idée d’une relative liberté de mouvement des prisonniers ou d’une rébellion spectaculaire au sein du camp est jugée fantaisiste.
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Heather Morris s’est défendue en affirmant que son travail s’inscrivait dans une démarche artistique et non académique. Elle a rappelé que son objectif premier était de transmettre l’humanité de Lale et Gita, et non de produire un document historique exhaustif. La série, en répétant cet avertissement, semble assumer son statut de fiction inspirée de faits réels.