Les entreprises québécoises se tournent de plus en plus vers Envoi Québec pour livrer leurs marchandises commandées en ligne. La plateforme a franchi le cap des 2 millions de colis livrés.
La grève à Postes Canada a clairement propulsé la plateforme de livraison québécoise lancée en 2020. « Elle s’est accélérée rapidement durant les mois de novembre et décembre. Nous étions à 1,6 million de colis livrés à l’automne et nous avons considérablement augmenté en deux mois», explique Damien Silès, président-directeur général du Conseil québécois du commerce de détail.
Cet organisme est derrière Envoi Québec, une initiative à but non lucratif. Invisible pour les acheteurs, la plateforme permet à environ 3 300 commerçants québécois de livrer leurs colis à leurs clients. Les vendeurs peuvent s’attendre à des économies de 30 à 35 % par rapport aux frais de Postes Canada, estime M. Silès, un avantage qui, selon lui, « montre la faiblesse de Postes Canada ».
« Nous sommes encore très loin d’Amazon et des autres grandes entreprises. Ce que nous voulons, c’est pouvoir apporter quelque chose de différent. »
Envoi Québec ne possède pas de flotte de camions. Sa plateforme répertorie plutôt les tarifs et offres de 23 transporteurs présents sur le territoire afin de permettre aux commerçants de choisir celui qui leur convient le mieux. «Nous voulions faire ça convivial [facile à utiliser]. C’est un peu la plateforme Trivago pour les hôtels. »
La demande pour Envoi Québec lors de la grève des facteurs a été si forte que la plateforme a atteint la saturation pendant un certain temps. Plusieurs autres défis attendent Envoi Québec, par exemple la livraison en région éloignée, concède Damien Silvès. Certains coins du pays restent mal desservis même si l’offre permet de livrer presque partout au Québec et la couverture est « tache d’huile ». »
« C’est du cas par cas. On aimerait être présent partout, mais pour un ou deux colis, ce n’est pas rentable pour le transporteur. Nous essayons d’être le plus proactifs possible auprès des régions. »
Du micro au macro
La plateforme, initialement nommée Envoi Montréal, était initialement centrée sur la région du même nom. Aujourd’hui, la métropole représente 25 % des colis transportés par Envoi Québec. C’est là, note Damien Silès, la recette du succès.
« Il faut commencer au niveau micro, comme nous l’avons fait, pour ensuite arriver au niveau macro. »
Au fil du temps, Envoi Québec a commencé à offrir le choix de livraisons écoresponsables. Quelque 140 000 colis ont été livrés sans émettre de GES grâce au déploiement de vélos cargo et de fourgons électriques. « Les grandes entreprises disposent de plus en plus de matériel électrique, ce qu’on ne voyait pas il y a 4 ou 5 ans », constate Damien Silès.
La tendance au commerce en ligne pourrait s’accentuer puisque 85 % des 42 000 commerces de détail au Québec comptent moins de 20 employés. Envoi Québec aura beaucoup à faire dans les prochaines années pour soutenir les commerçants locaux, selon le PDG. « L’objectif n’est pas d’atteindre 20 millions de colis, mais d’arriver à conserver nos commerces et nos utilisateurs et de continuer à proposer un service intéressant. »
Ce rapport est soutenu par l’Initiative de journalisme local, financée par le gouvernement du Canada.
