Qu’elle soit sniffée, injectée ou fumée, la cocaïne n’a jamais été aussi largement consommée en France. Selon la dernière étude de l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT), publiée ce mercredi, 3,7 millions de Français en avaient déjà consommé dans leur vie en 2023 et ils étaient 1,1 million à en avoir consommé au cours des 12 derniers mois. . Ce dernier chiffre a presque doublé depuis le précédent rapport de l’OFDT, en 2022 (on comptait alors 600 000 personnes déclarant avoir consommé de la cocaïne au cours de l’année).
« Le chiffre alarmant est celui de l’expérimentation, avec 9,4 % des adultes ayant déjà essayé la cocaïne. Cela montre qu’elle se propage : c’est la deuxième drogue illicite la plus consommée après le cannabis », observe l’addictologue Juliette Hazart. « Cela se voit dans les demandes de traitement des addictions et les appels aux urgences, où la cocaïne est de plus en plus présente », ajoute-t-elle.
Dans tous les milieux sociaux
La vague blanche frappe d’abord les hommes (13,4% l’ont déjà vécu, contre 5,5% des femmes) et progresse chez “les adultes après 25 ans, notamment ceux entre trente et quarante ans”, note le médecin. En revanche, elle touche « tous les milieux sociaux, en milieu urbain comme en milieu rural ».
Pour expliquer cette explosion de la cocaïne en France, Juliette Hazart identifie plusieurs facteurs, notamment la démocratisation de son usage dans le milieu professionnel, où certains la prennent « comme un médicament ». Ce qu’elle constate lors de ses interventions en entreprise en tant que conférencière. « On l’utilise pour continuer, pour lutter contre la charge mentale, contre le stress chronique au travail, car la cocaïne est un psychostimulant. »
Un prix stable…
L’expansion de la cocaïne est également favorisée par un prix relativement stable : de 60 euros en 2011, le gramme s’est vendu en moyenne à 66 euros en 2023. La raison : une production mondiale historique de 2 700 tonnes en 2022, contre 1 100 tonnes en 2010, selon l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime. La Colombie, la Bolivie et le Pérou sont les trois principaux pays producteurs de poudre blanche.
…et de nombreuses formes
La diversification des modes de consommation a également permis la démocratisation. Outre le sniffage de poudre, qui reste la pratique la plus répandue, la cocaïne peut également être inhalée par voie orale ou nasale, injectée par voie intraveineuse ou fumée sous forme de petits cailloux (crack).
De nombreux risques
La consommation de cocaïne et de crack, « qu’elle soit occasionnelle ou chronique, peut avoir un impact sur la santé physique et psychologique des usagers », rappelle l’Observatoire français des drogues et tendances addictives (OFDT). Des conséquences qui peuvent survenir « quels que soient le mode d’administration, la quantité et la fréquence d’utilisation ». Parmi elles : des complications cardiaques ou neurologiques (accident vasculaire cérébral, convulsions…), des problèmes de mémoire et de concentration, des complications pulmonaires chez les consommateurs de crack.
“Dans les heures qui suivent la consommation de cocaïne, des crises de paranoïa, d’anxiété, d’agressivité et de violence peuvent apparaître, parfois associées à des hallucinations auditives, visuelles et sensorielles”, ajoute l’OFDT. « La paranoïa induite par la cocaïne peut s’accompagner d’un syndrome de recherche compulsive de drogue, notamment chez les consommateurs de crack. Sans compter les risques d’infection liés aux pratiques d’injection à risque et au partage de matériel. »
Une « banalisation » dangereuse
Une accumulation de facteurs qui conduisent à « une banalisation de la consommation et une tendance à minimiser la dangerosité du produit », analyse l’addictologue, « alors que ce n’est pas du tout le cas, c’est une drogue dangereuse qui a des conséquences sanitaires très importantes. Juliette Hazart met en garde contre cet « usage auto-thérapeutique » qui peut conduire à une addiction. « Ces personnes consomment des drogues de manière ponctuelle, une à deux fois par an, puis en prennent plus régulièrement, voire quotidiennement, pour se détendre, lutter contre la charge mentale et oublier les soucis de la vie professionnelle et personnelle, avec le risque de perte de contrôle de leur consommation. . »
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