(Ottawa) Il n’existe pas de « potion magique » pour écarter la menace de tarifs douaniers que Donald Trump fait peser sur le Canada, reconnaît le ministre fédéral de l’Immigration, Marc Miller. Il a fait le point mercredi avec son collègue à la Sécurité publique, David McGuinty, sur le plan de 1,3 milliard pour renforcer la sécurité à la frontière et tenter d’apaiser le président élu des Etats-Unis.
Publié à 11h05
Mis à jour à 11h40
Le trafic de drogues dures comme le fentanyl et l’arrivée d’immigrants illégaux en provenance du Canada sur le sol américain comptent parmi les irritants cités par M. Trump, dont la prestation de serment est prévue lundi. Le plan annoncé en décembre visait à convaincre la prochaine administration américaine d’abandonner sa menace d’imposer des tarifs douaniers de 25 % sur les produits canadiens.
«Je ne pense pas que nous devrions nous attendre à une potion magique qui sera la solution à absolument tout», a admis le ministre Miller lors d’une conférence de presse. Compte tenu du comportement, de ce que nous avons vu, des déclarations publiques de M. Trump, les Canadiens doivent se préparer à quatre ans de cela. »
Il a fait valoir que certaines des mesures annoncées dans le domaine de l’immigration pourraient prendre jusqu’à un an avant de voir leurs effets, comme le durcissement des mesures en vigueur depuis l’été dernier concernant les demandes d’asile. effectués par des ressortissants étrangers qui arrivent au Canada avec un visa de visiteur.
Les nouvelles mesures de détection de la fraude fonctionnent, affirme-t-il. Le taux de refus des demandes de séjour temporaire est passé à 63 % en 2024, contre 38 % l’année précédente, selon les données du ministère fédéral de l’Immigration.
Le nombre de personnes appréhendées après avoir tenté un passage illégal du Canada vers les États-Unis a diminué de 89 %, a relevé le ministre.
Dans une lettre ouverte publiée dans le journal américain La CollineLe premier ministre François Legault rappelle qu’il partage certaines des préoccupations du président élu concernant la sécurité à la frontière canado-américaine et le contrôle de l’immigration.
« Cependant, Trump devrait donner au Canada le temps de répondre à ses attentes sur ces deux questions avant d’imposer des tarifs douaniers qui nuiraient grandement à nos deux pays », a-t-il écrit.
Le ministre québécois de la Sécurité publique, François Bonnardel, avait réitéré la veille la volonté du gouvernement Legault de faire pression sur Ottawa pour rassurer M. Trump.
En 2024, a déclaré le ministre, 19 000 migrants ont traversé la frontière vers les États-Unis dans un secteur qui s’étend entre les villes de Cornwall en Ontario et de Sherbrooke au Québec.
Pour limiter ces passages, il faut réduire le nombre de visas accordés aux immigrants indiens, estime-t-il. « Le plus grand pourcentage de ces personnes traversant illégalement [proviennent] de la communauté indienne », a déclaré M. Bonnardel.
Le premier ministre Justin Trudeau rencontre mercredi ses homologues provinciaux et territoriaux à Ottawa pour discuter du plan de renforcement de la sécurité aux frontières et des mesures de représailles prévues contre les États-Unis.
À la suite d’une rencontre avec le ministre fédéral des Finances, Dominic LeBlanc, le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, qui préside le Conseil de la fédération, a salué mardi le plan d’Ottawa concernant la frontière canado-américaine.
Ottawa avait déjà annoncé en décembre des éléments de son plan de 1,3 milliard pour convaincre la prochaine administration Trump d’abandonner sa menace de tarifs douaniers. Il prévoit entre autres créer une unité nord-américaine de police et d’agents transfrontaliers pour lutter contre le crime organisé.
Avec Charles Lecavalier, La presse