Pour la première fois depuis quatorze mois, les bombardements devraient cesser à Gaza. Au moins pendant quelques jours. Tant de mois de négociations impossibles ont fini par conduire – en partie grâce aux menaces d’un Donald Trump triomphant avant son retour à la Maison Blanche – à un accord entre Israël et le Hamas sur le principe d’une trêve dans l’enclave palestinienne. Les Gazaouis, dont au moins 46 500 sont morts depuis le début du conflit, vont enfin pouvoir trouver un peu de répit au milieu d’une enclave réduite à l’état de ruines. « Nous avons un accord d’otages au Moyen-Orient. Ils seront libérés prochainement. » a immédiatement réagi le président élu américain, Donald Trump, sur Truth Social.
Depuis son élection le 6 novembre, le milliardaire revanchard ne cesse de répéter que si les otages israéliens, détenus depuis le 7 octobre, n’étaient pas libérés avant son investiture, « Les portes de l’enfer s’ouvriront dans tout le Moyen-Orient ». Acculé, décapité de ses principaux dirigeants et fortement affaibli par les bombardements et les opérations terrestres de Tsahal, le Hamas s’est vu contraint d’accepter un accord, sans forcément obtenir la garantie du départ éventuel des troupes israéliennes de Gaza, qui a pourtant été présentée jusqu’à maintenant comme une ligne rouge. Par sa menace, Donald Trump a également réussi à contourner le mur auquel son prédécesseur Joe Biden ne cessait de se heurter : l’intransigeance de Benjamin Netanyahu – même si l’accord conclu était fortement impulsé par l’administration démocrate.
La question de l’après
Le Premier ministre israélien pourra se vanter, auprès des familles d’otages qui réclament un accord depuis des mois, d’avoir réussi par la force à libérer une partie des 97 personnes encore détenues à Gaza selon un décompte de CheckNews – et 34 d’entre elles. qui sont officiellement considérés comme morts. Les choses se sont accélérées dans la nuit du dimanche 12 janvier au lundi 13 janvier, avec “une percée” dans les négociations, selon un responsable proche des discussions qui a permis au Qatar d’adresser un texte de résolution finale aux deux belligérants.
On ne le sait pas encore, mais le scénario le plus probable, sur lequel médiateurs et négociateurs travaillent depuis des mois, est celui d’une première période de cessez-le-feu de six semaines pour permettre la libération de 33 otages – femmes et enfants en priorité – contre un millier de prisonniers palestiniens. Un responsable israélien a évoqué une reprise des négociations au « 16e jour » de la première phase pour définir la suivante, qui devrait permettre la libération du reste des captifs, vivants et morts. Selon le HaaretzIsraël accepte de se retirer du corridor de Netzarim, qui coupe l’enclave en deux, pour permettre aux Gazaouis de se déplacer du sud vers le nord du territoire.
Lors de la première trêve, qui n’a duré qu’une semaine en novembre 2023, une centaine d’otages ont été libérés. Ceux qui rentreront en Israël dans les prochains jours auront passé infiniment plus de temps dans les tunnels de l’organisation islamiste et de leurs différents ravisseurs. Reste à définir l’avenir d’une enclave en grande partie détruite, avec près de 2 millions d’habitants exilés sur leurs propres terres. La question de la gouvernance territoriale va aussi rapidement se poser. Lors de son séjour en Israël, le Premier ministre devra encore composer avec les pressions de l’extrême droite qui l’ont porté au pouvoir. Celui-là même qui, par la voix du ministre des Finances, Bezalel Smotrich, refusait encore catégoriquement dans les derniers jours des négociations un « un accord de reddition qui inclurait la libération des hyperterroristes, la fin de la guerre et la perte de ce qui a été acquis au prix de beaucoup d’effusion de sang et de l’abandon d’un grand nombre d’otages ».
Pourtant, pour la première fois depuis le 7 octobre et grâce au cessez-le-feu obtenu au Liban fin novembre, aucun combat ne devrait agiter cette région troublée qui n’a déjà plus rien à voir avec ce qu’elle était avant. la veille de l’attaque terroriste du Hamas, en ce jour désastreux de 2023.