Un long bâtiment très simple, tout blanc. Un rez-de-chaussée et un étage supérieur. Côté façade, ouvertures ornées de parements multicolores, rouge, bleu, jaune et vert. N’eût été la hauteur inhabituelle des clôtures qui l’entourent, on croirait qu’il s’agit d’un internat. Il s’agit cependant d’un espace de semi-liberté, vingt-six cellules, individuelles ou doubles, pouvant accueillir jusqu’à quarante détenus : généralement des condamnés préalablement placés en détention dans le bâtiment voisin, la maison. arrêt à La Talaudière (Loire). Quelques dizaines de mètres séparent les entrées des deux bâtiments, le « semi » et le « détention ».
Dans la nuit du 27 au 28 décembre 2022, alors qu’une bagarre éclate dans une cellule du quartier semi-liberté, les gardiens arrivent trop tard sur les lieux du drame : Mehdi Berroukeche, 25 ans, n’a pas survécu jusqu’au blessures infligées par son codétenu. Combien de minutes s’est écoulée entre les premières alertes des cellules voisines et l’arrivée des surveillants ? Un quart d’heure maximum, le délai d’intervention estimé par le personnel de la maison d’arrêt ? Une estimation « compréhensible »selon Thierry Machard, surveillant et membre du syndicat UFAP-UNSA-Justice, qui n’était pas présent ce soir-là. « Il faut franchir huit portes avec sas pour sortir de la zone de détention et cinq autres pour entrer dans la zone de semi-libération »précise-t-il. Ou plutôt près de trois quarts d’heure, selon les estimations des voisins de la cellule 107 ?
Une information judiciaire pour meurtre a été ouverte au tribunal de Saint-Etienne, mais, plus de deux ans après les faits, la reconstitution n’est pas encore programmée et l’enquête avance lentement. Seule certitude, validée par la vidéosurveillance : à 00h17, les fonctionnaires qui ont déverrouillé la porte de la cellule ont découvert Mehdi Berroukeche ensanglanté. Avant d’être finalement maîtrisé, l’attaquant, Aymeric T., un trentenaire, aurait eu le temps de le frapper à deux reprises, deux ultimes coups de coude.
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