Plusieurs artistes ont perdu leurs œuvres conservées dans leurs maisons ravagées par les flammes, tandis que les principaux musées de la Cité des Anges ont pris la décision de fermer leurs portes.
« C’est la terreur et le désespoir. » Le monde de l’art ne cesse de compter les ravages des incendies qui ont touché Los Angeles depuis le 7 janvier, faisant à ce jour 24 morts et provoquant l’évacuation de plus de 180 000 personnes. La Cité des Anges, lieu de rencontre entre la scène artistique et les plus grandes fortunes du monde, rassemble des centaines de collections d’œuvres d’art, ainsi que des ateliers d’artistes et des musées dont certains ont été réduits en cendres.
Sur les réseaux sociaux et dans les colonnes des journaux américains, de nombreux petits et grands artistes expriment leur désespoir. « C’est dur de perdre toute sa vie en une seule nuit »confie Diana Thater à New York Times . L’artiste, célèbre pour ses œuvres inspirées de la nature, prévoyait d’exposer une de ses créations lors de la réouverture du Los Angeles County Museum of Art en 2026. Mais elle a été détruite dans l’incendie d’une maison qui abritait des années d’archives et de peintures à Altadena.
Le peintre Alec Egan confie au quotidien new-yorkais avoir perdu tous ses tableaux qu’il gardait dans sa maison de Pacific Palisades, réduits en cendres. Il devra donc renoncer à une exposition, prévue en janvier, qu’il préparait depuis plus de deux ans. « Tout s’est évaporé »Camilla Taylor a réagi. Dans sa maison de West Altadena, aujourd’hui un tas de ruines, elle a conservé des centaines de gravures, dessins et sculptures en métal, céramique et verre. L’artiste préparait également trois expositions pour 2025 sur lesquelles elle travaillait « depuis 20 ans ». « Je suis un artiste qui a tendance à travailler à la dernière minute, mais là, j’étais fier de moi car j’avais réussi à terminer la moitié des œuvres que je comptais exposer en décembre »elle a déploré le New York Times.
Une cagnotte pour soutenir les artistes
Pour tenter de compenser toutes ces pertes, l’artiste Kathryn Andrews, qui pleure pour la deuxième fois la perte de son œuvre suite à un incendie à Los Angeles, a lancé un fonds de soutien aux artistes. Associée à sa collègue Andrea Bowers et à quatre autres spécialistes, son initiative a permis de récolter près de 245 000 $ à ce jour. En décrivant la cagnotte, les organisateurs ont précisé : « Certaines personnes pourront reconstruire leur vie, tandis que d’autres n’auront peut-être même pas le même accès à une couverture d’assurance. ».
Dans une publication Instagram, ils indiquent vouloir récolter 500 000 $ et ajoutent que « les galeristes et les collectionneurs ont donné jusqu’à 5 000 dollars ». « Les effets immédiats de ces incendies sont désastreux et les mois et années à venir seront accompagnés de défis économiques pour la communauté artistique.avaient déclaré les organisateurs deux jours plus tôt. Votre soutien aux artistes, à leurs œuvres et à la communauté culturelle sera crucial ».
Le Getty Museum résiste aux flammes
Mais au-delà des artistes du comté de Los Angeles, les musées sont également menacés. Après son passage dévastateur dans le quartier de Pacific Palisades, où la villa Getty a miraculeusement résisté, l’incendie brave désormais d’autres secteurs. Le célèbre Getty Museum risque de devoir ériger une barrière contre les flammes. La prestigieuse destination touristique californienne abrite une riche collection de 125 000 pièces, dont Rembrandt, Van Gogh et Monet, et quelque 1,4 million de documents, tous abandonnés sur place alors que le personnel recevait l’ordre d’évacuer, précise l’AFP.
« Les bâtiments et les travaux sont sécurisés »
Musée Getty
Le musée a cependant confirmé que « les bâtiments et les travaux sont sécuritaires ». Pour cause, l’enceinte a été « construit pour accueillir des pièces de valeur et les protéger des incendies et des tremblements de terre grâce aux 300 000 blocs de travertin (roche ignifuge, NDLR) qui le recouvre »Lisa Lapin, responsable de la communication du musée, l’expliquait à l’AFP en 2019.
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La structure du bâtiment est également constituée de béton et de barres d’acier et ses toitures sont recouvertes de pierre concassée pour éviter que les braises charriées par le vent n’y créent un incendie, souligne toujours l’AFP. Un système de ventilation installé à l’intérieur peut fonctionner en circuit fermé, empêchant ainsi la fumée de pénétrer dans les pièces. Un éventuel incendie au sein même du musée est censé être maîtrisé grâce à un système de doubles portes qui scellent et séparent les galeries les unes des autres pour empêcher la propagation des flammes. Dans ses jardins, où ont été privilégiées les plantes succulentes et les cactus résistants au feu, un réseau serré de canalisations traverse le sous-sol, relié à un réservoir d’eau de près de quatre millions de litres. Activer des arroseurs pour humidifier le sol, comme ce fut le cas en 2019, peut contribuer à empêcher les braises de s’y déposer.
Plusieurs musées, même s’ils ne sont pas aujourd’hui directement menacés, ont déjà décidé de fermer leurs portes par précaution. C’est le cas du Hammer Museum, à environ 7 kilomètres de l’incendie, du Los Angeles County Museum of Art, à une vingtaine de kilomètres et du Broad Museum, à près de 30 kilomètres. Pour certains cadres du secteur, interrogés par le média spécialisé ARTnews, Los Angeles serait finalement confrontée « l’une des plus grandes pertes d’art que les États-Unis aient connues ».