un accord de paix en bonne voie ? « Les négociations ont déjà commencé »

La Dépêche du Midi : Volodymyr Zelensky a déclaré la semaine dernière que « l’imprévisibilité » de Donald Trump pourrait contribuer à mettre fin à la guerre en Ukraine. Qu’en penses-tu?

Guillaume Ancel: Cette déclaration reflète une réalité : Donald Trump joue sur sa réputation d’homme imprévisible pour se poser en négociateur capable de résoudre rapidement la guerre. Rappelons toutefois que des négociations avaient déjà discrètement débuté en décembre dernier, initiées par l’équipe de campagne de Trump, bien avant l’éventualité de son retour au pouvoir. Ces discussions, auxquelles Vladimir Poutine a répondu favorablement, permettent à la Russie de se repositionner en grande puissance face aux États-Unis, mais elles excluent presque totalement l’Ukraine.

Que sait-on de ces négociations ?

Ils semblent s’orienter vers un cessez-le-feu basé sur la ligne de front actuelle, à l’instar du modèle coréen. Cela signifierait que 19 % du territoire ukrainien – soit environ 150 000 km² – serait sous contrôle russe. Pour l’Ukraine, c’est inacceptable. Ce territoire représente bien plus qu’une perte géographique : c’est une concession politique majeure face à une invasion. Pour Poutine, ce scénario est une manière de sauver les apparences après des échecs militaires. Il joue cependant la montre : plus il gagne du terrain, plus il arrive en position de force dans ces négociations.

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Quelles sont les forces et les faiblesses des deux camps ?

Du côté ukrainien, l’une des principales faiblesses est le manque de personnel. L’Ukraine s’appuie sur des volontaires, ce qui montre ses limites après trois années de guerre. Il lui manque également des compétences en matière de manœuvres interarmes, c’est-à-dire de coordination de l’infanterie, des chars, de l’artillerie et des hélicoptères. Cependant, l’armée ukrainienne reste remarquablement résiliente et bénéficie d’un solide soutien occidental en matière d’armement et de renseignement.

Du côté russe, la situation est tout aussi complexe. Moscou engage une armée massive mais les gains territoriaux sont minimes : seulement 0,5 à 0,6 % du territoire ukrainien en un an. Les pertes humaines sont colossales, estimées à 600 000 soldats morts ou grièvement blessés. La Russie est également fragilisée par une économie sous pression, avec une inflation autour de 10 % et des taux d’intérêt bancaires étouffants. De plus, cette guerre est profondément impopulaire. De nombreux Russes, bien qu’effrayés par le régime Poutine, ne comprennent pas le sens de ce conflit. Cela affaiblit encore davantage la légitimité du Kremlin, malgré son contrôle total sur les médias.

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Les récentes menaces de la Slovaquie, qui envisage de couper l’approvisionnement en électricité de Kiev après que l’Ukraine a décidé d’arrêter le transit des exportations de gaz russe via son territoire, soulèvent des questions. Ces déclarations peuvent-elles avoir un impact sur les négociations ?

Ces menaces sont essentiellement marginales. La Slovaquie cherche à se faire entendre au moment où elle sait qu’elle sera fortement critiquée par l’Europe pour sa position vis-à-vis de la Russie. Ce ne sont que des manœuvres sans fondement réel, qui ne devraient avoir aucune conséquence sur les négociations en cours.