Bayrou et les socialistes proches d’un non-accord…

Arriveront-ils sains et saufs malgré les embûches ? François Bayrou et les socialistes semblent proches d’un accord de non-censure mardi, en échange d’une renégociation rapide de la réforme des retraites et de concessions budgétaires.

Il n’y aura “ni suspension ni abrogation” de la réforme des retraites mais une renégociation pendant environ trois mois, soit avant un nouveau changement de tranche d’âge de départ à la retraite, a affirmé le Premier ministre mardi matin à Matignon devant ses partisans, selon plusieurs sources. participants, quelques heures avant sa déclaration de politique générale.

“Les partenaires sociaux doivent avoir terminé leur travail avant” la date limite du changement de tranche d’âge, soit “avant l’été”, pour que leurs conclusions soient “efficaces”, et dans ce cas “la suspension n’est plus nécessaire”, a détaillé l’un des participants.

Selon un responsable de gauche, la proposition de François Bayrou serait conforme à celle formulée lundi soir par téléphone par le patron des socialistes Olivier Faure.

“Nous sommes peut-être à deux pas, à quelques heures d’un éventuel accord”, avait déclaré quelques heures plus tôt sur BFMTV et RMC le Premier secrétaire du PS Olivier Faure, qui en échange ne censurerait ni la déclaration de politique générale ni les projets budgétaires.

Olivier Faure a également indiqué avoir obtenu “un certain nombre de concessions remarquables (…)” sur le budget “car elles permettent de rompre avec ce que nous avons censuré, c’est-à-dire le budget Barnier”.

– « Volonté d’y arriver » –

Assemblée nationale : groupes politiques

Nalini LEPETIT-CHELLA, Paz PIZARRO – AFP

Les socialistes devaient convoquer un Bureau national (direction) à 13 heures, deux heures avant la déclaration de politique générale de François Bayrou qui révélera ses intentions à l’Assemblée nationale.

A Matignon, on veut être plus prudent. « Tant que ce n’est pas +topic+ avec le PS, ce n’est pas +topic+. Mais il y a une volonté d’y arriver », confirme-t-on.

Ironiquement, c’est Élisabeth Borne, ancienne Première ministre et auteure de cette réforme des retraites contestée, qui lira en parallèle devant le Sénat le même texte, qui pourrait comporter des concessions à sa propre loi, adoptée à l’époque au forceps en utilisant l’article 49.3.

Au centre des tensions, la révision de l’âge d’embauche fixé à 64 ans par la loi 2023 à travers des négociations qui impliqueraient les partenaires sociaux et traiteraient également du financement.

Les socialistes réclament ces derniers jours que la suspension de la réforme des retraites soit effective dès le début de la renégociation de la loi, et pas seulement en cas de succès. Toutefois, si les discussions ont lieu entre deux changements de classes d’âge, aucune suspension n’est nécessaire.

– Des développements « financés » –

Reste à savoir ce que cela signifierait en pratique. Les personnes nées en 1963 pourraient-elles partir à 62 ans et 6 mois (avec une durée de cotisation de 42 ans et un quart) au lieu de 62 ans et 9 mois (avec une durée de 42,5 ans) comme prévu ?

Si contrairement à son prédécesseur Michel Barnier, piégé par le RN, François Bayrou mise sur la gauche pour se maintenir au pouvoir, il ne doit pas non plus détourner ses alliés de droite.

A droite, on s’est réjoui qu’il n’y ait pas eu de suspension de la réforme. “C’est aux partenaires sociaux de réfléchir aux évolutions” de la réforme mais aux évolutions “financées”, a ajouté un participant à une réunion du groupe Les Républicains (LR), saluant également qu’il n’y ait “pas de nouveaux impôts” dans le projet de budget.

Alors que le camp présidentiel est divisé sur une suspension de la réforme, l’un de ses cadres se dit prêt à valider l’accord en discussion. « Il y a un problème financier, c’est évident. Sur un délai de trois mois – très court –, s’il y a un accord des partenaires sociaux pour une procédure différente et financièrement avantageuse, nous l’acceptons.»

Le Premier ministre François Bayrou échange avec le président de la République Emmanuel Macron, le 7 janvier 2025 à ParisLe Premier ministre François Bayrou échange avec le président de la République Emmanuel Macron, le 7 janvier 2025 à Paris

Le Premier ministre François Bayrou échange avec le président de la République Emmanuel Macron, le 7 janvier 2025 à Paris

Ludovic MARIN – PISCINE/AFP/Archives

Pas de suspension, c’est « une bonne nouvelle compte tenu de la situation économique », a déclaré Naïma Moutchou, vice-présidente d’Horizons à l’Assemblée nationale.

Quelles que soient les annonces de François Bayrou, les Insoumis déposeront une motion de censure qui sera examinée jeudi ou vendredi. La rupture semble totale entre socialistes et Insoumis.

Si les communistes semblent disposés à suivre le PS, la cheffe des écologistes Marine Tondelier a en revanche répondu à l’AFP “ne comprenant pas l’euphorie des socialistes”, et juge que “l’état actuel des discussions n’apporte pas de raison d’envisager autre chose que la censure.

La motion de censure de LFI n’a cependant aucune chance d’être adoptée puisque le RN a confirmé qu’il ne voterait pas pour elle.

By Anne RENAUT, Fabrice RANDOUX / Paris (AFP) / © 2025 AFP

 
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