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François Bayrou, Premier ministre, doit prononcer ce mardi son discours de politique générale à l’Assemblée nationale. Le nouveau chef du gouvernement pourrait s’engager à suspendre la réforme des retraites pour éviter la motion de censure annoncée par La France Insoumise.
Le gouvernement Bayrou va-t-il abandonner la réforme des retraites pour s’attirer les faveurs du Parti socialiste ? Éviter la censure pourrait bien coûter cher au nouveau Premier ministre qui prononcera ce mardi 14 janvier son discours de politique générale à l’Assemblée nationale. Dans ce contexte, le chef du gouvernement pourrait suspendre le texte très critiqué du report de l’âge légal de la retraite.
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Sur le plan politique, une suspension de la réforme semble plus que jamais possible. Dans les rangs mêmes de la « majorité présidentielle », Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale, a affirmé dimanche 12 janvier « ne pas s’opposer en principe » à un bref arrêt de la réforme pour « rediscuter » ses modalités. . Sur le plan économique, une telle décision aurait cependant de lourdes conséquences : pour la seule année 2025, elle coûterait 3,4 milliards d’euros et près de 16 milliards d’euros en 2032, selon les chiffres publiés par la Caisse nationale d’assurance vieillesse (CNAV). Un sacrifice plutôt malvenu, alors qu’à Bercy, on table sur un objectif de 50 milliards d’euros d’économies pour 2025.
Comment payer la facture ?
Alors, comme le suggère le socialiste Olivier Faure, faut-il puiser dans le Fonds de réserve pour les retraites (FRR) – avec ses 21 milliards d’euros – pour permettre la suspension de la réforme ? Ce trésor, créé par Lionel Jospin, est une « chimère » selon Pierre Chaperon, ancien directeur du cabinet Agirc-Arrco, et désormais conseiller d’affaires en protection sociale au sein du cabinet Galea : « Cette ressource est déjà mobilisée, cet argent est déjà a servi à rembourser la dette sociale de la France envers la CADES », rappelle l’intéressé.
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Pierre Chaperon évoque le scénario d’une modification partielle de la réforme sur l’un de ses deux principaux leviers : la fin du report de l’âge légal de la retraite au détriment d’une augmentation du nombre de trimestres de cotisations. “Cela coûterait à terme, selon les modalités de la mesure, un milliard d’euros en 2025 et 8 à 10 milliards d’euros en 2030 si seulement on abandonnait l’idée d’un relèvement de l’âge légal de départ à 64 ans”, estime le conseiller.
Conséquences logistiques
Restent ensuite les conséquences logistiques de la suspension de la réforme. Dans l’immédiat, une telle décision aurait un impact significatif sur les quelque 1,6 million de Français qui seraient contraints de prendre leur retraite en 2025 et 2026. “Pour certains, il y aurait un effet d’aubaine”, poursuit Pierre Chaperon, qui verrait leur activité augmenter. licenciés au bout de 6 mois, alors qu’on s’attendait normalement à ce qu’ils prennent leur retraite dans un an », explique ce dernier, affirmant que ce serait le cas. cas exceptionnels.
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L’ancien directeur du cabinet Agirc-Arrco soutient cependant qu’après une telle décision, le système de retraite plongerait dans l’inconnu et connaîtrait une situation pour le moins « compliquée » sur le plan administratif.