Romain Genevois : “Leca voulait se vanter…”
- Ancien joueur niçois (2012-2016)
« J’ai découvert cette rivalité en jouant à Nice. Je ne savais pas qu’il y avait de telles frictions entre les deux. Je repense forcément à ce match à domicile où ça a un peu débordé… (NDLR : Il parle du « fameux » Nice – Bastia de 2014, lorsque Jean-Louis Leca, alors gardien du Sporting, brandissait un drapeau corse à la fin de match, entraînant de très gros débordements sur le terrain, avec des supporters qui avaient envahi la pelouse). En tant que joueur, nous savons qu’il faut avoir une attitude exemplaire et ne pas entrer dans ce jeu qui doit rester celui des supporters avec respect, avec retenue, sans que cela ne conduise à l’agressivité. match, ce n’était pas forcément le cas en face, notamment avec Jean-Louis Leca qui a sorti son drapeau. Faire cela, c’est donner une excuse pour que les choses commencent dans un combat. Ce n’est pas le rôle. d’un joueur de football. Peut-être qu’il avait envie de se montrer, de montrer qu’il était un vrai Bastiais… Peut-être qu’une partie de lui le regrettait. On se retrouve au milieu de tout ça, ça va au diable, on voit des coups de pied… J’essaye de me calmer, pour que certains supporters n’attaquent pas les joueurs, mais ce n’est pas évident… Je ne voulais pas agir comme un voyou juste pour faire plaisir aux supporters. On s’en souvient encore aujourd’hui, mais pas pour de bonnes raisons. Mais il ne faut pas non plus retenir cela de ces matches. Cela m’a aussi amusé de voir certains joueurs qui n’étaient pas corses d’origine devenir presque corses dans leur façon de parler (rires). Ce folklore était drôle. Bastia reste un club aux supporters au sang chaud. Ce n’est jamais facile, peu importe l’équipe… Je me souviens avoir joué avec Gueugnon, avec Tours… Le tapis rouge ne nous a jamais été déroulé ! Même s’il n’y avait pas autant d’animosité qu’à Nice.»
Jean Louis Leca, gardien de Bastia, brandit le drapeau corse en marge du match de Ligue 1 contre Nice, le 18 octobre 2014 à l’Allianz Riviera
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Frédéric Hantz : « Des bombes agricoles aux pieds du Letizi »
- Ancien joueur de Nice (1993-1995) et ancien entraîneur de Bastia (2010-2014)
« Si je prends le côté de Bastia, le derby le plus marquant est celui contre Ajaccio. C’est le vrai derby, avec beaucoup de choses symboliques derrière. Mais Bastia-Nice, c’est du lourd. Mais la genèse, je pense qu’elle vient des années 60, lorsque l’Université Paoli de Corte n’avait pas encore ouvert ses portes. Avant 1981, les étudiants corses allaient sur le continent, à Paris, Marseille, mais. aussi beaucoup de Nice. Il y a donc eu une émulation par rapport à cela. Le souvenir que j’ai, c’est quand j’étais joueur lors de la saison 1993-94. Les deux clubs évoluent en Ligue 2 et progressent sur la fin. de la saison je me souviens de Bastia-Nice (0-0, 1994)… Lionel Letizi (ancien gardien de l’OGCN) était dans les buts. Casanova, joueur emblématique de Bastia. Un combat constant Aujourd’hui, on parle des fumigènes dans les tribunes, mais je vois les bombes agricoles qui pétaient aux pieds de Lionel. à un mètre, ils lui explosent la cheville… » Là, on était allés 0-0, mais c’était quand même des scores serrés. Avant Bastia-Nice, chez les joueurs, oui, il y avait de l’appréhension. En tout cas, cette rivalité a été véritablement instaurée par les supporters. Entre clubs, ce n’est pas vraiment le cas. Il y a toujours une crainte par rapport à ce match, notamment au niveau de l’arbitrage, mais je pense qu’il n’y a pas de quoi s’inquiéter. Parce que ça n’a rien à voir avec Bastia-Ajaccio.»
Frédéric Hantz, entraîneur de Bastia, en Ligue 1, en 2013
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Nicolas Penneteau : “J’ai adoré vivre ces matches dans le Sud”
- Ancien joueur de Bastia (1997-2006)
« Un Bastia – Nice qui nous a fait mal, c’était en 2003. Nous étions très bien classés, dans les six premiers. Nous recevons Nice. On mène 1-0 (but de Florian Maurice). Ensuite, il y a un ballon en profondeur pour Abdelmalek Cherrad, notre défenseur, qui s’écrase en courant pour défendre. On fait 1-1. Cela brise notre bonne dynamique et c’est le début d’une longue série négative. 5 défaites et 6 nuls pour terminer la saison), là où on avait presque peur de descendre Historiquement, un Bastia – Nice reste un match aux affrontements houleux, avec peu d’électricité que ce soit entre joueurs ou avec les supporters. Au Ray, quand je suis venu à Bastia et même alors à Valenciennes, j’étais « le bienvenu » (sourire). l’autre club, c’était toujours des matchs serrés, à un but d’écart, mais j’ai adoré vivre ces matchs dans le Sud avec un peu d’agressivité, verbale et physique, un peu vieillotte. On attendait ces matches parce qu’on savait qu’on allait se rentrer dedans. Des matchs d’intimidation avec, malgré tout, des équipes qui avaient de belles qualités. C’était plus une question d’esprit que de technique. Avec une priorité sur l’engagement. Mais tout cela vient avant tout de l’animosité entre supporters. Cela s’est transmis à travers eux. Et comme on voulait les rendre fiers… Après, ceux qui jouaient à Nice ou à Bastia étaient souvent des joueurs de caractère. Le recrutement a également été fait pour s’inscrire dans ce mode derby.
Olivier Échouafni : « Coincé 3-4 heures à Furiani »
- Ancien joueur niçois (2003-2010)
« Ah oui, un Nice – Bastia, ça a toujours été quelque chose… Mais pour pas grand chose, j’ai envie de dire ! Il y a toujours eu une histoire, avec des matches difficiles. Je me souviens, en 2004. Nous sommes allés à Bastia. Les supporters niçois étaient venus par 200-300, ils avaient été fustigés comme jamais et on s’est retrouvé à attendre trois ou quatre heures, coincés au stade. il y avait des bagarres partout dans le stade. Nous nous demandions ce qui se passait. On nous a dit que la sécurité n’était pas du tout garantie et que nous ne pouvions pas nous rendre à l’aéroport pour repartir. oui, il y avait de l’engagement, mais je ne me souviens pas non plus de matchs « au couteau ». L’agression, oui, mais aujourd’hui, avec le VAR, ça ne marcherait plus.
Jets de projectiles sur le bus des supporters niçois avant Bastia – Nice en Ligue 1, 2 avril 2004
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Chaouki Ben Saâda : “Une bataille d’orgueil et d’orgueil”
- Ancien joueur de Bastia (2001-2008 et 2019-2022) et de Nice (2008-2011)
« Le souvenir, c’est la ferveur qu’il y avait au stade, à Furiani. On sentait que c’était un derby pas comme les autres. Avec beaucoup d’animosité autour du terrain. Pour les joueurs, c’est un match comme les autres, pas comme les derbies corses. Je crois vraiment que ça se joue entre supporters. Le stade était plein, car c’était Nice en face. Une bataille de fierté entre supporters. , nous étions quelques-uns des mêmes clubs, avec beaucoup de fierté d’être bastiais ou niçois, beaucoup de ferveur dans chacun des ‘petits’ stades, Furiani d’un côté, Ray de l’autre. Également avec cette mentalité de combattant, de conquérant. Mais on ne nous a pas fait comprendre qu’il fallait gagner ce match plus que tout autre. Après, je pense que ce derby a pris une importance après le Bandera (NDLR : Le Nice – Bastia de 2014 avec. Jean-Louis Leca). »
Neal Maupay et François Joseph Modesto lors du match de Ligue 1 entre Nice et Bastia le 15 mars.
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Gaël Danic* : “Les discours de Yannick Cahuzac et Jean-Louis Leca”
- Ancien joueur de Bastia (2015-2017)
« Quand je suis arrivé à Bastia, je ne savais pas qu’il y avait autant d’engouement autour de ce match contre Nice. J’ai fait venir mes filles aux vestiaires après mon premier match. Nous sommes restés bloqués pendant plus d’une heure car il y avait des fumigènes et des pétards devant les supporters niçois qui étaient aux côtés des supporters bastiais. C’est là que j’ai vu qu’il y avait de l’animosité… Vous essayez de le faire. expliquez ça à vos filles mais… Vous dites que c’est de la bêtise. Au lieu de parler de sport avec eux, j’ai plutôt parlé d’éducation. Mais Nice et Bastia sont chauds, oui. il y a une expérience aussi avec mon ami Jean-Louis (Leca) qui brandissait le drapeau au stade de Nice… Je suis arrivé l’année d’après donc… Des joueurs comme Jean-Louis Leca et Yannick. Cahuzac, avant un Bastia-Nice, pourrait nous mettre un peu plus en alerte et nous dire qu’on n’avait pas le droit de ne pas faire l’effort et que le pied, on ne le met pas à la gorge, mais quand on essaie de le mettre sur le ballon comme ça. habitude, là, il faut en mettre plus, plus.
Les esprits s’échauffent entre les joueurs niçois et bastiais, 26 février 2016
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Frédéric Née* : « Des objectifs dont les gens se souviennent »
- Ancien joueur de Bastia (1998-2001 puis 2003-2006)
“Une rivalité entre supporters, assez historique. On nous a fait comprendre qu’il ne fallait pas rater quelque chose. Cet engagement et cette agressivité étaient nécessaires. C’était bien plus significatif pour eux qu’une rivalité sportive entre les deux clubs. C’était plutôt un aspect historique et politique, je dirais, qui en faisait un match à part. Il y a eu des matches où c’était tendu, mais sans bagarre sur le terrain. J’ai gagné plus de derbys que j’en ai perdu. Je me souviens de la joie des supporters. La semaine qui suit un derby gagné, ils étaient fiers et heureux. On voyait que les gens étaient heureux. Un objectif ? J’en ai marqué un contre Nice à Furiani, oui. Sur une action avec Youssouf Hadji (2-0, 2005). Toujours satisfaisant dans un tel match. Des objectifs dont les gens se souviennent. C’était une autre motivation.