Q‘elle paraît loin, l’époque où un Noël Le Graët en fin de morceau s’exprimait sur RMC comme s’il était attablé depuis plusieurs heures avec des amis au bistrot du coin, pour écarter l’hypothèse Zinédine Zidane à la tête des Bleus . «Je ne l’aurais même pas pris au téléphone», avait déclaré, en janvier 2023, celui qui était alors président de la Fédération française de football, après la Coupe du monde au Qatar.
Depuis, Le Graët s’est laissé emporter par cette polémique et quelques autres dossiers encombrants, l’équipe de France a atteint les demi-finales de l’Euro 2024 en énervant tout le monde, et surtout Didier Deschamps a annoncé qu’il n’irait pas au-delà de la Coupe du monde 2026. en Amérique du Nord. Zinédine Zidane, sélectionneur de l’équipe de France, n’est plus un fantasme pour une grande partie de l’opinion publique. C’est une possibilité, et même un peu plus que cela, avec un délai connu.
L’ancien meneur de jeu, champion du monde 1998 et d’Europe 2000 aux côtés de Deschamps en tant que joueur, n’a jamais caché son envie de rester sur le banc de touche. En juin 2022, dans les colonnes de L’Équipe, sa candidature est on ne peut plus claire : « Je le veux, bien sûr. Je le serai, je l’espère, un jour. Quand ? Cela ne dépend pas de moi. Mais j’ai envie de boucler la boucle avec l’équipe de France. […] Si l’occasion se présente, je serai là. »
Pas si loin de Deschamps
La situation, aujourd’hui comme dans 18 mois, semble assez claire : si Zidane (52 ans) veut le poste, il l’obtiendra. Son aura était déjà immense en tant que joueur et ses succès sur le banc du Real Madrid (trois Ligues des Champions, deux Liga, deux Mondiaux des Clubs, deux Supercoupes de l’UEFA et d’Espagne) l’ont encore renforcée. Il suffisait de le voir déambuler péniblement à Chaban-Delmas, en mai dernier, pour le centième anniversaire de Lescure, pour mesurer sa popularité.
Cette donnée n’est pas anodine à l’heure où l’équipe de France, malgré des résultats objectivement inattaquables, a du mal à remplir les stades et rassemble de moins en moins de monde devant la télé. Cela met également en évidence un paradoxe. Avec le Real, Zidane était moins un grand tacticien porté sur l’offensive qu’un excellent manager de stars, même si on ne gagne pas trois C1 d’affilée sans savoir mettre en place un plan de jeu. Mais son profil de technicien ne semble pas si éloigné de celui de Deschamps.
Presque pas de concurrence
Il existe peu de bancs à la hauteur de sa stature et de son palmarès. Ces dernières années, son nom a été évoqué au PSG, à la Juventus Turin et au Bayern Munich, mais ces pistes n’ont jamais semblé très cohérentes. En tout cas moins qu’en 2014, où M6 et Jean-Louis Triaud étaient tout proches de le convaincre de venir succéder à Francis Gillot aux Girondins. C’était, encore une fois, une autre époque pour Bordeaux et pour Zidane, qui semble aujourd’hui réservé aux Bleus.
L’actuel président de la FFF, Philippe Diallo, ne « veut pas entrer dans ce débat » tant que Deschamps est sous contrat, mais tout le monde a compris une évidence. D’autant que la seule compétition semble être incarnée par Thierry Henry, médaillé d’argent olympique à la tête des Espoirs l’été dernier et proche de la jeune génération, mais peu performant lors de ses précédentes expériences sur les bancs du club.
Le meilleur entraîneur français en activité est peut-être le Lillois Bruno Genesio, mais sauf double refus de Zidane et Henry, personne ne l’imagine sérieusement à ce poste. Un étranger ? Ce n’est pas dans les habitudes de la FFF, qui n’en a utilisé qu’une seule fois, avec le Roumain Stefan Kovacs, de 1973 à 1975.
De si légers inconvénients
L’évidence qu’il s’agira de Zidane n’échappe pas à quelques légers inconvénients. D’ici septembre 2026, il n’aura plus été entraîneur depuis cinq ans, car il paraît peu probable de le voir prendre un club avec l’assurance de le quitter dans une saison et demie. La gestion d’une sélection et ses rassemblements épisodiques n’ont rien à voir avec celle d’un club, ancré dans le quotidien, où le lien avec les joueurs est bien plus intense.
Mais tout cela ne pèse rien comparé à ce qui semble déjà s’écrire : Zidane et l’équipe de France vont pouvoir une nouvelle fois écrire des pages d’histoire ensemble. Si possible en lettres dorées.