Marine Le Pen est entourée d’une ribambelle d’autorités militaires, sur une photo publiée sur son compte X. De quoi donner des airs de chef de l’Etat à l’ancien président du Rassemblement national arrivé sur le tarmac de l’aéroport de Dzaoudzi, à Mayotte. Telle une ministre, pendant deux jours, la présidente du groupe RN à l’Assemblée a salué les cadres des armées, des secours ainsi que le personnel hospitalier, sans oublier une population engagée dans sa cause qui a été reçue avec les honneurs.
C’est tout le paradoxe de Mayotte. L’île aux parfums est officiellement une terre d’Islam dans la République. Les institutions coraniques sont reconnues par le département. Et pourtant, dans les urnes, le Rassemblement national est largement en tête, avec la majorité absolue au premier tour de l’élection présidentielle de 2022.
Une popularité qui se vérifie sur le terrain. Déjà, en mai dernier, Marine Le Pen avait reçu un accueil chaleureux de la part des « mères », ces collectifs de femmes qui descendent historiquement dans la rue à Mayotte en temps de crise. Le président du groupe RN s’est vu offrir des bouquets de jasmin, fleur emblématique de Mayotte. Le député du Nord-Pas-de-Calais était également vêtu d’un kishali, le châle traditionnel mahorais. Des honneurs que, trois mois plus tôt, en février 2024, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin n’avait pas reçu, loin de là…
« Pas de jasmin pour Darmanin ! »
Dans les boucles WhatsApp suractives, la nouvelle s’était répandue à la veille de son arrivée. ” Pas de jasmin pour Darmanin ! » Le premier flic de France venu présenter les résultats de l’opération Wuambushu est accusé, là… de ne pas lutter efficacement contre l’immigration. Correspondant sur place, nous avons vu les femmes des collectifs siffler puis traquer le locataire de Beauvau dans les rues de Mamoudzou.
Des affrontements entre les Mahoraises et les policiers du Groupe d’appui opérationnel ont même donné lieu à des scènes surréalistes. D’un côté, des gaz lacrymogènes et, de l’autre, un condiment culinaire local, le poivre du dragon, qui obligeront les policiers à se faire relever par les gendarmes, les yeux irrités par cette arme gastronomique.
De telles tensions sont apparues dans un contexte où la population percevait le décalage entre la communication et les actions gouvernementales pour lutter contre l’immigration clandestine en provenance des Comores et des Grands Lacs africains. Pas étonnant qu’aujourd’hui le discours de l’opposant plaise autant aux habitants de l’île aux hippocampes. Comme une préfiguration de ce qui se passe ou pourrait se passer en France.
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