C’est l’une des nouvelles apparemment vivifiantes de 2025 : du 1est En février, le prix du kilowattheure (kWh) va diminuer pour environ deux tiers des consommateurs d’électricité. Il faut passer de 25 à 22 centimes, soit -14 %. Mais est-ce vraiment une bonne nouvelle ? ? Si l’on regarde en détail, cette baisse masque les hausses de plusieurs composantes de ce prix. Explications.
Le prix de l’électricité repose sur trois éléments :
- la production d’électricité en tant que telle (55,2 % en 2024) ;
- la part « réseaux » (20,5 %) ;
- et taxes prélevées par l’État (24,3 %).
Cette année, la part « production d’électricité » diminue. Sur les marchés, les prix de l’électricité se sont envolés à l’hiver 2022, avec l’invasion russe de l’Ukraine et l’indisponibilité du parc nucléaire français. Ils ont désormais nettement diminué en seulement deux ans, passant de 170 euros/mégawattheure (MWh) à 76 euros, soit -55,29 % ! Ce qui aujourd’hui se répercute sur le prix du 1est FÉVRIER.
Toutefois, cette baisse aurait pu être bien plus importante. Elle est compensée par la hausse des deux autres composantes du prix : les actions « impôts » et « réseaux » de la facture. Côté fiscalité, ce sont les accises sur l’électricité qui augmentent. Restitué au budget général de l’État, celui-ci a diminué lorsque le gouvernement a mis en place un bouclier tarifaire. À sa fin, la part des accises augmente pour revenir à son niveau d’avant-crise. De 21 euros/MWh, il passera à 33,7 euros/MWh du 1est Février, soit +60,5 %. Pour un foyer moyen (qui consomme 5 000 kWh/an), cela représente un surcoût annuel d’environ 70 euros.
C’est un très mauvais signal selon les experts de la transition énergétique. « Revenir à un niveau de fiscalité d’avant crise sans remettre en cause le bien-fondé de cette taxe est selon moi une occasion manquée d’envoyer un signal favorable à l’électrification. »analyse le consultant en énergie Nicolas Goldberg.
Selon lui, comme les habitudes des Français en matière de déménagement, de chauffage, de divertissement, de production, etc. doivent s’électrifier en masse d’ici 2050, le meilleur signal serait de ne pas « pas augmenter les impôts » liés à l’électricité.
Or, lors des débats autour du budget 2025, Michel Barnier avait envisagé de porter la fiscalité à un niveau supérieur à celui qui existait avant le bouclier tarifaire, pour faire rentrer 3,4 milliards d’euros dans les caisses de l’Etat. Cela aurait eu pour effet de limiter la réduction de la facture d’électricité à seulement 9 %.
The groups La France insoumise (LFI) ou Rassemblement National (RN) ont mis une pression importante sur l’ancien gouvernement, rejoint par la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher. « Si l’on dépasse le niveau d’avant crise, le risque est qu’il y ait effectivement une augmentation des prix de l’électricité. Il faut être très vigilant, car les Français modestes et les classes moyennes […] aura une double peine. Ce sont souvent eux qui vivent dans des passoires thermiques »a-t-elle déclaré fin 2024.
Compenser les futurs coûts pharaoniques
L’autre augmentation cachée se trouve dans la part « réseaux » de la facture. La Turpe, tarif payé par tous les consommateurs pour l’utilisation des réseaux de transport et de distribution d’électricité, prendra 10 % sur la période 2025-2028. Pour un client résidentiel, cela représente actuellement environ 0,06 euro/kWh hors taxes, soit 20 à 30 % de votre facture basé sur le prix de l’électricité. Pour une famille de quatre personnes, cela représente une augmentation de 80 euros sur la facture. Même si cette augmentation est notable, elle reste inférieure aux exigences des gestionnaires de réseaux qui doivent réaliser d’énormes investissements dans les années à venir.
Des investissements pharaoniques — près de 240 milliards d’euros d’ici 2040 — sont prévus pour moderniser les réseaux de transport et de distribution d’électricité : raccordement des parcs éoliens offshore, adaptation des réseaux aux fortes chaleurs et au changement climatique en général, rénovation des infrastructures vieillissantes, arrivée des énergies renouvelables qui nécessitent du stockage. solutions ou encore l’électrification de certaines zones industrielles…
Et après ? Difficile de prédire la trajectoire future des prix de l’électricité ; ceux-ci dépendent de trop d’inconnues comme la réglementation, la part des taxes, les prix du marché, etc. « La hausse des prix de l’électricité est évitable : elle dépendra des choix de régulation et de financement de la transition. S’il est décidé que l’intégralité du coût doit être supporté directement par les consommateurs, il y a effectivement de quoi craindre… mais ce n’est pas une fatalité »assure Nicolas Goldberg.
Le prix de l’énergie est devenu un sujet politiquement très sensible : selon l’Observatoire de la Précarité Energétique, 75 % des Français ont restreint leur chauffage chez eux pour éviter la flambée des factures.
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