Au nord de Toulon, sur la route du Broussan, personne n’a oublié le terrible incendie qui a ravagé 1 500 hectares de forêt en 1970, et dans lequel deux pompiers sont morts. Une stèle, un peu avant le hameau des Pomets, est là pour nous le rappeler. Depuis les années 1990, la prévention des incendies de forêt dans les massifs toulonnais a été fortement renforcée, notamment en imposant aux propriétaires et riverains une obligation légale de débroussaillage (OLD).
« À Toulon, environ 10 000 parcelles sont concernées, dont 1 500 en zone rouge »présente Aude Bouchut, chargée des contrôles auprès des populations. Par exemple sur le Chemin des Pomets à Revest. Sur cette portion de 1,7 km, 57 propriétaires ont été invités à dégager le passage* dans un périmètre de 50 m autour des zones résidentielles et commerciales.
Amende de 200 euros
Et attention aux récalcitrants, l’amende de 200 euros est plutôt dissuasive… »Nous sanctionnons s’il le faut, prévient Denis Gutierrez, conseiller municipal chargé de la sécurité civile, de la prévention et de la gestion des risques. Mais je fais confiance à l’intelligence collective car au final, ce sont eux qui risquent de s’épuiser !
“Notre objectif n’est pas d’être répressif”assure Aude Bouchut. Par ailleurs, en 2024, sur 190 contrôles réalisés, aucun rapport n’a été établi.
Sur la route qui monte vers Baou, de nombreux arbres, destinés à être abattus, sont marqués d’une croix. Une rangée de cyprès de 15 mètres de haut à proximité d’une villa a été entièrement rasée. “Les propriétaires ont pris leurs responsabilités, approuve Denis Gutierrez. Multipliez la hauteur des flammes par trois, soit 45 mètres, et le mur de feu aurait été cataclysmique !
« Terre brûlée »
« Nous ne décidons pas de débroussailler ou de couper des arbres au hasard. Pour ne pas dénaturer le site, c’est arbre par arbre”précise Aude Bouchut. Sauf que, parfois, les agents chargés du déblayage des parcelles s’emballent.
« L’entrée de ma propriété a été littéralement saccagée. Arbres abattus, terrasses démolies, végétation déracinée et terres retournées »dénonce Christian de Bérail, propriétaire de dix hectares sur la route des Pomets. Une méthode plutôt »a fait”ce que reconnaît la mairie : «C’est du déblaiement à la lame, un peu rudimentaire, car le but est d’enlever le plus de masse combustible possible des bords de la route et autour des propriétés.».
Adieu perdrix, chouettes ou lapins qui avaient trouvé refuge dans ce « petit coin de paradis ». “Ils ont également coupé la repousse des amandiers et des oliviers.proteste le propriétaire. Les dégâts sont pires que le mal hypothétique qu’ils voulaient combattre (l’incendie)… ils ont laissé derrière eux un panorama de terre brûlée. »
« L’entreprise a commencé les travaux plus tôt que prévu, nous n’avons donc pu avertir le propriétaire qu’à la dernière minute. Mais les déchets seront ramassés et au printemps, tout redeviendra verdoyant. »s’excuse Emmanuel Kopp, du Service Ville Durable.
Et afin de renforcer la sécurité incendie, les accès au massif du Baou seront prochainement renforcés avec l’installation de bornes escamotables et de caméras, avant l’été 2025**. “Toutes les solutions sont envisagées. Dans certains secteurs, nous allons recourir à nouveau à l’éco-pastoralisme, qui est efficace et coûte quatre fois moins cher au contribuable.» annonce Denis Gutierrez, qui rappelle : «90 % des incendies sont d’origine humaine et 97 % dans des zones non déminées..
*Le montant des travaux de déboisement réalisés au dernier trimestre 2024, sur les routes municipales du secteur du Vieux chemin des Pomets et du Carraire du Collet Saint-Pierre, s’élève à 23 472 € TTC pour près de 3 km de longueur de route.
**Fournitures, travaux, installation et mise en service (48 406 €) et raccordement par fibre sur une distance de 3 km (88 560 €).