l’Etat devrait verser 75 000 euros à ses héritiers selon le rapporteur public

l’Etat devrait verser 75 000 euros à ses héritiers selon le rapporteur public
l’Etat devrait verser 75 000 euros à ses héritiers selon le rapporteur public

Saisi par la veuve et les enfants du militant indépendantiste corse tué par un codétenu à la prison d’Arles, le tribunal administratif de Marseille doit déterminer si l’Etat est fautif dans ce meurtre.

Le Figaro Marseille

Pour le rapporteur public du tribunal administratif de Marseille, il n’y a pas l’ombre d’un doute : l’État est responsable et fautif dans la mort d’Yvan Colonna à la prison d’Arles. En 2022, alors qu’il faisait de l’exercice dans le gymnase de ce centre pénitentiaire, où il était détenu depuis dix ans après sa condamnation dans l’assassinat du préfet Érignac, Yvan Colonna a été mortellement agressé par un codétenu radicalisé, Franck Elong Abé.

Au moment des faits, ce dernier était classé « détenu particulièrement marqué » (DPS) depuis novembre 2015 en raison de son « grand danger » , de “son instabilité” et “la persistance de son comportement violent”, selon les documents d’enquête. Il purgeait alors plusieurs peines, dont neuf ans de prison pour association de malfaiteurs terroristes, et pouvait être libéré en décembre 2023.

Dans un rapport publié en mai 2023 sur les conditions de cet attentat meurtrier, une commission d’enquête parlementaire a souligné « de graves échecs » dans l’évaluation de la dangerosité de Franck Elong Abé, un « rigueur » traitement carcéral excessif infligé à Yvan Colonna et aux « dysfonctionnements » d’ordre général dans l’établissement pénitentiaire.

De nombreux échecs

Ce lundi, la veuve du séparatiste corse ainsi que ses enfants ont saisi le tribunal administratif de Marseille pour condamner l’Etat pour le préjudice moral et physique subi par Yvan Colonna lui-même, en leur qualité d’héritiers de ce dernier. Avant ce procès, l’Etat avait proposé la somme de 45 000 euros, refusée par sa veuve et ses enfants qui réclamaient de leur côté la somme de 200 000 euros.

Devant le tribunal administratif, le rapporteur public est d’abord revenu sur « les longues minutes de pure violence et de grande barbarie » qui a entraîné la mort d’Yvan Colonna, victime selon elle d’un « un véritable acharnement » de Franck Elong Abé. Ce dernier a «J’ai sauté dedans à deux pieds» sur sa victime, puis lui écrase le cou et lui couvre le visage avec un sac poubelle. Un meurtre survenu après « échecs » et « Manquements injustifiés de l’État » selon elle. « La gestion de la surveillance par l’administration de l’agresseur d’Yvan Colonna me semble problématique »estime le magistrat. Le rapporteur public s’étonne particulièrement que l’agresseur d’Yvan Colonna, pourtant réputé radicalisé, bénéficie d’autant de libertés, et même d’un emploi d’auxiliaire malgré son passé, « un échec imputable à l’administration pénitentiaire ».

Le rapporteur a également déploré les dysfonctionnements liés à la vidéosurveillance au sein de l’établissement, qui faisaient qu’au moment de l’attentat, “Aucun agent n’avait les images du scénario à l’écran.” La faute à un manque de formation de ces agents mais aussi, pour l’un d’eux, à un « excès de confiance » vers «des détenus qu’il connaissait et avec lesquels il s’entendait bien.»

Un sentiment d’injustice chez les Colonna

Pour quantifier les dégâts physiques, le rapporteur public a utilisé une échelle de 0 à 7 qui évalue la douleur, et a estimé qu’Yvan Colonna avait subi le maximum de souffrance lors de son assassinat. Dans ses conclusions, la magistrate penche ainsi vers une condamnation de l’Etat à hauteur de 60 000 euros pour le préjudice corporel subi par Yvan Colonna, à verser à ses héritiers, en l’occurrence sa veuve et ses deux fils. Quant au préjudice moral subi par les séparatistes, le rapporteur public demande au tribunal de condamner l’Etat à verser à ces mêmes personnes la somme de 15 000 euros. Cette somme est justifiée selon le magistrat au vu de « angoisse de mort imminente » ce qu’Yvan Colonna a certainement ressenti, ainsi que « le sentiment d’être livré à la merci de son agresseur par l’administration pénitentiaire ».

“C’est un sentiment d’injustice qui anime la famille Colonna”rappelle à la barre du tribunal administratif de Marseille leur avocat, Me Patrice Spinosi, qui attend les juges “une décision exceptionnelle” étant donné ceci « affaire exceptionnelle ». «Il n’y a pas beaucoup de suspense sur la déclaration de responsabilité de l’administration, gronde l’avocat. C’est acquis. Restent deux questions essentielles. Quel est le fondement de la responsabilité de l’administration ? Et combien ? Quelle est la valeur du prix de la mort d’Yvan Colonna ? La décision a été mise en délibéré et sera rendue à la mi-février.

 
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