L’homme de nationalité algérienne et soumis à une OQTF a été condamné à cinq mois de prison pour ces menaces, proférées contre l’aide soignante qui ne pouvait lui fournir des médicaments contre un mal de gorge.
Une affaire d’intimidation qui a traumatisé Pierre*, un infirmier venu travailler au centre de rétention administrative (CRA) de Marseille et confronté à un torrent de menaces et d’insultes de la part d’un détenu ne pouvant plus contenir son calme. « C’est dur de supporter autant de violence quand on est là pour soigner les gens. Il a repris son activité car il se consacre à son travail, mais cela reste extrêmement dur. Il a eu une très mauvaise expérience.confie son avocat, Me Stefany Ferrandes, au Figaro.
Les faits, jugés devant le tribunal correctionnel le 3 janvier, se sont déroulés le 29 novembre dans les locaux du CRA, alors que l’aide-soignante se trouvait au chevet du détenu, un homme de nationalité algérienne souffrant de maux de tête et d’un mal de tête. “mal de gorge”. « Mon client distribuait aux détenus des médicaments prescrits par les médecins. Le détenu lui en a demandé un qu’il n’a pas pu lui livrer, lui proposant à la place un Doliprane ou du thé au miel. Il est alors devenu extrêmement en colère.rapporte le conseil, confirmant une information révélée par Provence .
Le détenu serait alors « humilié » Pierre criant que le personnel soignant de l’ARC était “inutile” avant d’insulter la famille de l’infirmier et de le menacer de mort de manière très explicite : “Je vais te trouver dehors et te trancher la gorge.”. « Il a ensuite tenté d’attraper mon client, mais la police de l’ARC l’a arrêté. Tout ça pour un mal de gorge”commente Me Ferrandes.
Triche consulaire
Une agression qui a donné lieu à 5 mois de prison avec mandat de dépôt pour l’intéressé, condamné également à verser 500 euros à l’infirmière pour préjudice moral. “Il a reconnu les insultes, mais réfute avoir dit qu’il allait égorger l’infirmière comme le rappelle le procureur”précise l’avocat du détenu, Me Hamdi Bachtli. « Il a expliqué qu’il n’allait pas très bien car il ne recevait plus de soins adaptés à son suivi psychiatrique instauré au centre de rétention administrative de Nîmes. Il y a beaucoup de problèmes d’accès aux soins dans les CRA, beaucoup de détenus attendent d’être soignés »poursuit le conseil.
« Cela met en lumière la manière dont sont gérés les centres de rétention administrative. Il y a un manque de ressources et de personnel »confirms Stefany Ferrandes. « La situation est également tendue au sein de la police, notamment depuis le Covid. Parfois, il y a 30 ou 40 employés de moins dans un établissement. Et avec ces nouveaux profils de détenus, il se passe toujours quelque chose »soupire Cédric Castes, délégué de la Police nationale aux frontières (PAF) du syndicat Un1té, en faisant référence à ces individus condamnés par la justice et parfois déterminés à s’enfuir coûte que coûte.
Le casier judiciaire de l’agresseur du soignant était ainsi déjà bien rempli, avec notamment des incarcérations pour « poursuite du séjour illégal » et des actes de violence. Face à une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et déféré au CRA à la fin de sa détention, l’homme a dû quitter sa détention… le jour de son audience.
Sauf que son pays d’origine, l’Algérie, refuse de lui accorder un laissez-passer consulaire. « Le consulat général lui refuse un passeport car une enquête est nécessaire. C’est le serpent qui se mord la queue : ce sont des gens qui se retrouvent dans un cercle vicieux et sont maintenus en détention sans cesse sans pouvoir être expulsés par les autorités françaises.»souffle Me Bachtli.
*Le prénom a été modifié.