le procès de Nicolas Sarkozy s’est ouvert

Le procès de Nicolas Sarkozy s’est ouvert lundi devant le tribunal judiciaire de Paris. Pour son cinquième procès en cinq ans, l’ancien chef de l’Etat devra répondre, aux côtés de trois anciens ministres, à des accusations de financement illégal de sa campagne de 2007 par la Libye de Mouammar Kadhafi.

Vêtu d’un costume sombre et d’une cravate comme la plupart de ses coaccusés, l’ancien chef de l’Etat est entré dans la salle d’audience peu avant l’ouverture des débats vers 13h30, en passant devant un mur de caméras.

Debout dans la salle d’audience avant l’arrivée du tribunal, Nicolas Sarkozy a discuté avant l’ouverture du procès avec les trois ex-ministres jugés à ses côtés, Brice Hortefeux, Claude Guéant et Eric Woerth.

L’ancien ministre français de l’Intérieur Brice Hortefeux à son arrivée au palais de justice de Paris, le 6 janvier 2025 / Dimitar DILKOFF / AFP

Les quatre hommes se sont ensuite assis côte à côte sur des sièges rabattables dans la salle d’audience.

Plusieurs autres prévenus ont également pris place dans le brouhaha de la salle comble, parmi lesquels Thierry Gaubert, proche de Nicolas Sarkozy, et l’intermédiaire Alexandre Djouhri.

L’entourage de Nicolas Sarkozy, 69 ans, assure qu’il est “combatif” et ” déterminé “ prouver son innocence face à ce qu’il a toujours qualifié de « fable ».

L’ancien président est accusé d’avoir passé la fin de l’année 2005, notamment avec l’aide de ses très proches amis Brice Hortefeux et Claude Guéant, à « pacte de corruption » avec le dictateur libyen extrêmement riche tombé en 2011, pour qu’il “soutien” financièrement son accession à l’Elysée.

Jugé pour corruption, recel de détournement de fonds publics, financement illégal de campagne et association de malfaiteurs, il encourt 10 ans de prison et 375 000 euros d’amende, ainsi qu’une privation des droits civiques (donc inéligibilité) pouvant aller jusqu’à 5 ans.

L’accusation sera portée par le Parquet national financier (PNF). « Notre travail n’est pas un travail politique, nous ne sommes pas engagés politiquement »a déclaré le procureur financier Jean-François Bohnert lundi matin sur BFMTV/RMC. “Nous n’avons qu’une boussole, c’est la loi”.

Il s’agit du cinquième procès en cinq ans de Nicolas Sarkozy, condamné en première instance et en appel dans l’affaire Bygmalion (sur le financement de sa campagne de 2012, il a fait appel), et dans l’affaire Bismuth.

Dans ce dernier cas, dit “écoutes”son appel a été rejeté mi-décembre, rendant définitive sa peine à un an de prison sous bracelet électronique, une sanction inédite pour un ancien président.

L’ancien président français Nicolas Sarkozy, à son arrivée au palais de justice de Paris, le 6 janvier 2025 / Thibaud MORITZ / AFP

Il ne porte pas encore de bracelet – cela pourrait prendre plusieurs semaines – qui lui a permis de passer ses vacances aux Seychelles, avec son épouse, la chanteuse Carla Bruni, et leur fille.

Kadhafi à Paris

Le procès débutera par l’appel des accusés, parties civiles et témoins, avant les questions de procédure, qui devraient occuper le tribunal pendant toute la première semaine.

Les audiences se dérouleront les lundi, mercredi et jeudi après-midi, jusqu’au 10 avril. Selon son entourage, Nicolas Sarkozy sera présent à chaque audience durant le premier mois, consacré aux soupçons de financement. Des aspects supplémentaires seront discutés dans les semaines à venir.

« Il combattra la construction artificielle imaginée par le parquet. Il n’y a pas de financement libyen pour la campagne”a déclaré son avocat, Me Christophe Ingrain.

Le dictateur libyen Mouammar Kadhafi reçu à l’Elysée par Nicolas Sarkozy le 10 décembre 2007 / ERIC FEFERBERG / AFP/Archives

Pour l’accusation, le « pacte de corruption » a été créée à l’automne 2005 à Tripoli, sous la tente de Mouammar Kadhafi, connu pour être très généreux avec ses visiteurs étrangers.

Nicolas Sarkozy était alors un ministre de l’Intérieur ambitieux et très public pensant à l’élection présidentielle “pas seulement quand (il) se rase”. Sa visite en Libye était officiellement consacrée à l’immigration clandestine.

L’accusation n’a pas été en mesure d’établir le montant total exact du financement allégué. Mais après 10 ans d’enquête, un « groupe d’indices » a convaincu les juges d’instruction de l’existence de ce soutien financier, qui serait venu par l’intermédiaire de Claude Guéant et Brice Hortefeux, alors garde rapprochée de Nicolas Sarkozy.

Les supposées contreparties ? Une réhabilitation internationale d’abord : Kadhafi sera accueilli en grande pompe par Nicolas Sarkozy, président nouvellement élu, lors d’une visite controversée à Paris, la première depuis trois décennies.

Mais aussi la signature d’importants contrats et un coup de pouce judiciaire à Abdallah Senoussi, directeur des renseignements libyens condamné à perpétuité en son absence en pour son rôle dans l’attaque du DC-10 d’UTA en 1989, qui coûta la vie à 170 personnes. personnes dont 54 Français. Une vingtaine de proches sont parties civiles au procès.

 
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