« Quand vous voyez un profil comme celui-là, vous voulez qu’il assommer tout le monde, tout de suite. » Mais les vêtements ne font pas un moine, tout comme la stature ne fait pas un rugbyman. Malgré les apparences, Jimi Maximin (25 ans) n’était pas tout à fait en forme, aguerri, pour ce à quoi le prédisposait son généreux double mètre (2,05 m) et ses 133 kg.
Il aura donc fallu passer par la case National, chez le voisin Tarbais, puis par la Pro D2, à Rouen : au gré de ses prêts successifs, les Palois ont depuis 2020 perfectionné une floraison tardive. Épidémie, « pas explosion ». Pour Thomas Choveau, la nuance fait toute la différence. « Il n’a pas explosé. Il est exposé. Exploser, c’était Gailleton il y a deux ans, c’était Attissogbe l’année dernière. Quand il explosera, vous le saurez. Il exploitera alors tout votre potentiel. »
« Il n’a pas forcément l’état d’esprit de son physique. Il a parfois besoin d’imposer sa dureté, qui ne lui est pas toujours innée.
Au-delà de ces considérations sémantiques, l’entraîneur béarnais donne peut-être indirectement instruction à Maximin de ne pas retomber dans les erreurs qui l’ont gêné. « Il n’a pas forcément l’état d’esprit de son physique. Il a parfois besoin d’imposer sa dureté, qui ne lui est pas toujours innée. »
Porteur providentiel
Pas toujours évident à entendre, même si la deuxième ligne passée par Montpellier l’avoue. « Seb (Piqueronies) et les coachs ont toujours été clairs sur le travail à faire, les points à améliorer. J’avais besoin d’un déclic pour avancer, pour être plus méchant sur le terrain, pour avoir cette envie de lutter quand je suis retenu, pour gagner des mètres. Je me suis amélioré au niveau du portage du ballon. Mais au fil des prêts, cette transformation a été plus mentale que physique. »
A défaut de trouver sa place au soleil, Jimi Maximin a fini par se faire remarquer (cinq titularisations depuis le 26 octobre), bénéficiant à son tour de blessures (Picquette, Capelli) ayant tant ralenti son début de carrière. De quoi combler le vide des gros-porteurs qui manquait tant à la Section. « Une responsabilité que je partage avec Beka (Gorgadze), développe le numéro 5. J’ai toujours été recherché comme tel. »
L’oiseau rare
D’abord parce que sa taille ne parcourt pas les rues, ni même les terrains de Top 14. De quoi susciter les convoitises, déjà. Selon nos confrères d’Actu rugby Lyon, Toulon ou Clermont sont sur le dossier. « Il faut faire attention à tout ce qui est écrit, précise son coach. Même si ce sont des profils très recherchés. Quand on met ce genre de joueur sur le terrain, ça capte vite l’attention. C’est largement lié au profil et au statut : un colosse qui est jiff, qui suscite. »
Mais Maximin ne « s’enflamme pas ». Pas même après le parallèle appréciable établi par Denis Charvet il y a un peu plus de deux ans, suite à la première apparition des Palois avec les Barbares. « Ce surnom du petit Skelton me fait plutôt rire. Ça fait du bien d’être comparé à lui, même si je préfère être le grand Maximin. » Son coach abonde dans le même sens : « Quand il explosera, vous arrêterez de l’appeler comme ça. On ne parle plus trop de Skelton à Meafou. »
En tout cas, Jimi Maximin n’est pas là. « Ce qui lui manque, un peu comme nous, c’est d’être plus dur, plus décisif », insiste Choveau. Il doit aussi acquérir une certaine forme de cohérence. Contre Lyon, c’était à domicile, mais dès que c’est à l’extérieur, on fait quoi ? A partir du moment où il montre cette régularité et cette ténacité dans l’effort, ça va beaucoup nous aider. Et un niveau supplémentaire sera atteint. »
Une croissance à un rythme soutenu, favorisant l’émergence d’un profil précieux, un oiseau rare que la Section ferait bien de ne pas laisser s’envoler d’ici la fin de son contrat en juin 2025.