Attaque à la Nouvelle-Orléans | Cinq mythes sur l’extrémisme violent

Attaque à la Nouvelle-Orléans | Cinq mythes sur l’extrémisme violent
Attaque à la Nouvelle-Orléans | Cinq mythes sur l’extrémisme violent

Donald Trump a rapidement établi un lien entre l’attentat en Louisiane et l’immigration. Or, l’auteur présumé de l’attaque est né… aux Etats-Unis. L’homme a même servi dans l’armée américaine, tout comme l’individu soupçonné d’avoir fait exploser un Cybertruck à Las Vegas. Voici cinq mythes sur la radicalisation et l’extrémisme violent qui La presse déconstruit avec l’aide d’experts.

La radicalisation et l’extrémisme violent sont directement liés à l’immigration et à la religion.

Pas du tout, selon les experts interrogés. L’extrémisme violent peut provenir de menaces externes comme internes, explique le professeur David Morin, titulaire de la Chaire UNESCO en prévention de la radicalisation et de l’extrémisme violent. “Le président élu Donald Trump n’a pas tardé à faire référence à l’immigration clandestine, même si l’individu à l’origine de l’attentat en Louisiane est né aux Etats-Unis et a longtemps servi dans les forces armées américaines”, explique le spécialiste, qui met en avant le fort accent du Sud noté dans les vidéos du suspect.

PHOTO DU FBI, FOURNIE PAR ASSOCIATED PRESS

L’auteur présumé de l’attaque de la Nouvelle-Orléans, Shamsud-Din Jabbar

L’idéologie d’extrême droite est aussi à l’origine de nombreuses attaques en Amérique, rappelle Sébastien Brouillette-Alarie, professeur agrégé à l’École de criminologie de l’Université de Montréal. « On insiste beaucoup sur la radicalisation dite religieuse, notamment la radicalisation islamiste, mais il existe d’autres formes d’extrémisme qui sont tout aussi dangereuses, notamment en Amérique du Nord », explique-t-il. Le professeur cite l’attaque de la Grande Mosquée de Québec en 2017, où une tuerie massive a été perpétrée par un étudiant québécois d’extrême droite.

Les individus qui commettent de tels crimes sont affiliés à un groupe et sont uniquement motivés par une idéologie.

Non, ils ne sont pas nécessairement affiliés à un groupe. Et selon M. Brouillette-Alarie, on surestime parfois l’importance de l’idéologie dans le processus d’action. D’autres facteurs, comme des événements personnels ou le désir d’imiter un acte similaire, peuvent constituer le déclencheur ultime d’un tel geste. Une dizaine de jours avant le drame de Louisiane, un événement similaire s’était produit en Allemagne, sur un marché de Noël à Magdebourg, faisant cinq morts et des centaines de blessés. Les troubles mentaux – comme ceux impliqués dans l’affaire de Magdebourg – peuvent aussi être à l’origine d’un attentat, mais ils sont souvent surreprésentés, observent les spécialistes.

Il existe un profil typique d’individu associé à la radicalisation.

Il n’existe pas de profil type associé à la radicalisation, et celle-ci n’est associée à aucun statut social. L’attaquant de Magdebourg, par exemple, était médecin. « Mais au cours des dix dernières années, la majorité des attaques comme celles-là [de La Nouvelle-Orléans et de Las Vegas] ont été commis par des acteurs isolés qui n’étaient pas spécifiquement affiliés à des groupes terroristes, qu’ils soient jihadistes ou d’extrême droite», souligne M. Morin.

Le professeur Sébastien Brouillette-Alarie constate que l’isolement est une caractéristique de plus en plus courante chez les auteurs de ce type d’attaque. Le FBI a également confirmé que l’auteur présumé de l’attaque au véhicule-bélier à la Nouvelle-Orléans avait agi seul, mais s’était inspiré de l’organisation État islamique. Les motivations du suspect dans l’explosion de Las Vegas restent jusqu’à présent inconnues.

C’est la première fois que des vétérans mènent des attaques de ce genre aux Etats-Unis.

C’est faux. Il y a une surreprésentation des personnes ayant une expérience militaire parmi les extrémistes violents aux États-Unis, particulièrement après la guerre en Irak et en Afghanistan, affirme David Morin. En 2009, le vétéran Nidal Hasan a tué 13 personnes et en a blessé 30 autres lors d’une fusillade au Texas. Il était motivé par l’idéologie djihadiste et son opposition au déploiement militaire.

La colère contre l’État, une quête d’identité ou une envie de retrouver une forme d’intensité peuvent expliquer ce phénomène, énumère M. Brouillette-Alarie. “En même temps, pour les groupes extrémistes, les ex-militaires sont souvent des membres qui peuvent être intéressants car ils savent manier les armes et connaissent les principes de la surveillance”, poursuit le professeur. Le chauffeur de camionnette de la Nouvelle-Orléans a servi dans l’armée de 2007 à 2015 et a été déployé en Afghanistan, puis a servi dans la réserve de l’armée jusqu’en 2020. De son côté, l’auteur soupçonné de l’explosion de Las Vegas aurait servi jusqu’en 2011, avant de rejoindre l’armée. Garde nationale.

Il est impossible d’empêcher ce type d’attaque.

Difficile, mais pas impossible, assurent les deux experts consultés. Pour M. Brouillette-Alarie, une intervention adéquate prend deux formes : le renforcement des mesures de sécurité et l’assistance psychosociale. Au lendemain de l’attaque de la camionnette, les bars situés à l’extérieur des pâtés de maisons où le FBI menait son enquête attiraient toujours des clients et les supporters de football déambulaient toujours dans les rues, rapporte l’Agence -. « Évidemment, cela aura un impact, mais en général, les sociétés sont assez résilientes et reprennent finalement leur vie quotidienne plus rapidement qu’on pourrait le croire », commente M. Morin.

 
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