Par Constance Jamet
Publié
3 janvier à 8h00,
mis à jour 3 janvier à 9h04
CRITIQUE – Entre fable fantastique et thriller écologique, cette série, diffusée lundi sur France 2, suit un océanologue confronté à des phénomènes inexpliqués. Avec la révélation Fleur Geffrier.
« Renouez avec les merveilles des années 1980 et 1990, apportant l’espoir à ET Réduire le cynisme ambiant et créer chez le spectateur l’envie de croire. J’ai voulu démontrer que le monde ne s’arrête pas aux frontières délimitées par un smartphone et des algorithmes astucieux »plaide le réalisateur David Hourrègue. C’est l’ambition de Rives. Sa série d’action sur et sous l’eau, mi-thriller fantastique, mi-fable écologique, est déjà en ligne sur la plateforme Francetv.fr avant d’arriver sur France 2 lundi 6 janvier.
Au seuil du surnaturel
Au large de Fécamp sur une mer de pétrole, un chalutier disparaît des radars, entraîné vers le fond. Que s’est-il passé pour que ces marins aguerris disparaissent ainsi ? La navigation et la pêche deviennent interdites. L’armée est à bout de souffle. L’Ifremer dépêche son experte océanologue Abigail Dufray, l’une des rares scientifiques à avoir atteint la mythique fosse des Mariannes. Terrorisme, collision avec un sous-marin, bombes de la Seconde Guerre mondiale qui explosent enfin, nouveau Triangle des Bermudes au milieu de la Manche ? Risible, cette dernière hypothèse acquiert néanmoins de la crédibilité lorsque des phénomènes inexplicables se succèdent. Et des lueurs phosphorescentes apparaissent sur et sous la surface.
Enfant du pays et fille d’un armateur contraint de licencier ses pêcheurs (Thierry Godard), Abigail doit aussi affronter sa famille qu’elle a abandonnée du jour au lendemain après la noyade de son fils. Au plaisir de redécouvrir l’incandescente Fleur Geffrier de Gouttes de Dieu, dans la peau d’une héroïne endeuillé qui fait face à l’indicible », A cela s’ajoute la présence de Jean-Marc Barr sous les traits de son oncle sauveur. L’étoile de Grand Bleu n’a rien perdu de son affinité pour le milieu aquatique. Qu’il pilote son hors-bord ou qu’il plonge. Fleur Geffrier n’a pas démérité non plus. Avec un mois et demi de préparation, l’actrice a réussi à passer son permis bateau, à se former à la plongée et à apprendre la langue des signes.
Des talents mis à l’épreuve lors d’un tournage d’automne redoutable, sujet aux tempêtes et à la houle. Fort de son expérience sur GerminalDavid Hourrègue, qui a travaillé dur pour coordonner une petite flottille de trois bateaux, réalise de magnifiques images des côtes et des falaises normandes, baignées de lumière et de couleurs vives. Lui, ses techniciens et ses comédiens – certains sujets au mal de mer – ont affronté d’incroyables creux de vagues et l’opacité totale des eaux de la Manche durant leurs huit jours de tournage au large. Sans oublier six jours sous la surface, passés entre la Corse (pour la clarté de la Méditerranée qui a rassuré l’équipe) et le studio belge spécialisé Lites avec ses plateformes immergées.
Lorsque l’histoire franchit le seuil du surnaturel et se transforme en un écosystème à la Miyazaki, Rives le fait en toute confiance, grâce à des effets spéciaux modérés et crédibles, basés sur des exemples documentés. C’est dommage que le scénario sinueux, qui se précipite, résiste moins vite dès qu’il remet le pied sur terre. La posture vindicative des pêcheurs et du personnel apparaît bien trop caricaturale et surjouée après la grâce et la pureté introspective des instants passés sur et sous les vagues.
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