C’est un fait, depuis vingt ans, on ne meurt plus le 3 janvier. C’est même le jour le plus meurtrier de l’année.
Ce vendredi est le jour le plus meurtrier de l’année. Le 3 janvier est statistiquement, depuis une vingtaine d’années, le jour où l’on meurt le plus en France avec une moyenne de 1.900 décès, contre 1.600 sur l’ensemble de la période, selon les données de l’Insee (Institut national de la statistique et des études économiques). .
« Dans les pays de l’hémisphère nord, la mortalité toutes causes confondues culmine début janvier », observe Vincent Pradeau, président du Syndicat national des cardiologues, pour BFMTV.com. Une surmortalité par rapport au mois précédent de l’ordre de 20% pour les hommes, un peu moins pour les femmes.
Comment expliquer ce phénomène ? « Aucune hypothèse n’a été formellement démontrée mais nous avons des corrélations fortes », souligne le cardiologue Vincent Pradeau. Plusieurs facteurs pourraient en effet entrer en jeu.
La fin des vacances de fin d’année
Tout d’abord, le 3 janvier tombe après les vacances de fin d’année. “L’envie de passer ces vacances avec ses proches, ainsi que l’envie de franchir une nouvelle année pourraient retarder la survenue de décès de personnes en fin de vie et expliquer en partie ce pic”, analyse l’Insee.
Autre explication : après la pause pendant les vacances de fin d’année, les services chirurgicaux reprennent leur activité habituelle. “Cette période correspond à une reprise des opérations chirurgicales programmées” qui peuvent être à l’origine de complications médicales.
A titre de comparaison, le 15 août est le jour le moins meurtrier de l’année avec 1.410 décès recensés en moyenne. Les décès les jours fériés sont en effet moins fréquents, ce qui s’explique notamment par le moindre nombre de soins hospitaliers et d’interventions programmées. Le jour de Noël, par exemple, enregistre une mortalité inférieure de -2% par rapport aux trois jours précédents et suivants.
Les excès des vacances
Dans l’ensemble, les étés sont moins meurtriers que les hivers. De mi-avril à mi-novembre, le nombre de décès est inférieur à la moyenne. Alors que les mois de décembre, janvier et février connaissent respectivement une surmortalité de +9%, +14% et +12%, notamment en raison de la circulation de virus saisonniers.
Quelque 48 100 personnes sont mortes en août 2024, contre 63 100 en janvier précédent. Soit 15 000 décès supplémentaires sur ce premier mois de l’année dernière, l’Insee décompte toujours.
Un autre facteur qui pourrait expliquer cette surmortalité du 3 janvier, ce sont les fêtes de fin d’année et leur lot de charcuterie, de fruits de mer et de fromages. “Il fait froid (le froid oblige le cœur à pomper plus fort et plus vite, ce qui induit une vasoconstriction et une augmentation de la tension artérielle, NDLR), on bouge moins et on mange plus de produits gras et salés, facteurs de risque de décompensation cardiaque”, explique Vincent. Pradeau.
Les excès alimentaires sont souvent associés à une plus grande consommation d’alcool.
“C’est un fait, l’alcool augmente les troubles du rythme cardiaque, notamment la fibrillation auriculaire qui peut conduire à la formation de caillots sanguins”, constate le spécialiste.
« Que ce soit le 25 ou le 31 décembre, on consulte »
Vincent Pradeau formule également une autre explication à cette surmortalité : un relâchement dans la prise des traitements et un moindre recours aux soins pendant les vacances. « C’est ce que j’appelle le syndrome du 2 janvier. Une personne qui présente des symptômes reporte les visites à plus tard pour ne pas gâcher les vacances.»
Ce cardiologue reconnaît néanmoins des difficultés particulières liées à cette période de l’année et des perturbations dans les conditions habituelles de suivi médical. Qu’il s’agisse de la visite de l’infirmière remplaçante à domicile ou du médecin traitant en vacances.
“Mais on ne passe pas sous le tapis une perte brutale de la vision d’un oeil, de la parole ou de l’usage d’un bras même si elle revient”, prévient Vincent Pradeau, qui appelle à la modération pendant les fêtes.
« Et que ce soit le 25 ou le 31 décembre, si on a des symptômes, on consulte », insiste-t-il.
Si vous ressentez des douleurs thoraciques, des palpitations, des difficultés à voir ou à parler, ou un essoufflement inhabituel, appelez 15 ou le 112 dans un pays membre de l’Union européenne, même si les symptômes s’améliorent en quelques minutes.