Le nouveau président du Conseil de transition, Leslie Voltaire, a plaidé pour le remboursement de la dette d’indépendance qu’Haïti a payée à la France de 1825 à 1883. Une revendication qui illustre la demande du pape François lors du Jubilé 2025 : annuler la dette des pays pauvres.
Jean-Benoît Harel – Vatican City
Véritable serpent de mer dans les relations entre la France et Haïti, le remboursement de la dette d’indépendance payée à la France par Haïti a été une nouvelle fois demandé par le Président du Conseil Présidentiel d’Haïti.
«Cette injustice indicible constitue une blessure qui continue de hanter notre mémoire. Et malheureusement, le paiement de ces rançons a contribué à compromettre considérablement les perspectives de développement de la jeune nation.», a-t-il insisté ce 1est janvier 221e anniversaire de l’indépendance d’Haïti.
Un héritage de l’histoire
Colonie française sous le nom de Saint-Domingue dès 1697, Haïti acquiert son indépendance par la force en 1804. Cependant, la France revient en 1825 : un émissaire du roi Charles pour reconnaître et payer une dette de compensation en faveur de l’ancienne puissance coloniale.
Le prix de la liberté : 150 millions de francs-or, ensuite réduits à 90 millions, ce qui, selon New York Timesla somme d’environ 525 millions d’euros en valeur actuelle. Parce qu’il faut ajouter les intérêts sur cette dette. En effet, le nom de «double ça» vient du fait que les Haïtiens ont été contraints d’emprunter de l’argent à la France pour honorer cette dette, et ont donc dû payer des intérêts.
Arrivé au pouvoir en 1991, l’ancien prêtre Jean-Bertrand Aristide, premier président démocratiquement élu après la dictature des Duvalier, fut l’une des premières voix à exiger de la France que la somme soit restituée au pays.
Une demande récurrente des pontifes
L’exemple haïtien met en évidence les difficultés qu’éprouvent les pays pauvres à se développer lorsqu’ils sont accablés par la dette, souvent aux mains des pays plus riches. Le pape François a rappelé l’importance d’annuler la dette des pays les plus pauvres, dans la bulle du Jubilé de l’Espérance, L’espoir ne déçoit pas. «Si nous voulons vraiment ouvrir la voie à la paix mondiale, engageons-nous à nous attaquer aux causes profondes de l’injustice, à régler les dettes injustes et insolvables et à satisfaire ceux qui ont faim.», écrit-il.
Cette proposition n’est pas nouvelle, mais semble peu entendue. Ainsi, lors du dernier jubilé de l’an 2000, saint Jean-Paul II expliquait que l’annulation de la dette des pays pauvres visait à «un objectif de civilisation et de progrès».
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