“Le rire c’est comme les essuie-glaces, ça n’arrête pas la pluie, mais ça permet d’avancer”

“Le rire c’est comme les essuie-glaces, ça n’arrête pas la pluie, mais ça permet d’avancer”
“Le rire c’est comme les essuie-glaces, ça n’arrête pas la pluie, mais ça permet d’avancer”

Gérard Jugnot. Certainement pas ! Je suis ravi, évidemment, ça veut dire qu’on est toujours dans le cœur des gens. C’est toute une récompense. Je le prends comme une Légion d’Honneur, un César honoraire, un Bravo honoraire !

Comment l’analysez-vous ?

Nous avons l’avantage de la durée ! Nos films vont et viennent donc, forcément, nous restons dans l’esprit du public. Mais finalement, je me rends compte que ce n’est pas seulement une question de box-office. C’est aussi la récompense d’un travail considérable qui se traduit par l’amour du public. Parce que nous avons tous connu des succès mais aussi des échecs, nous avons fait de bons et de mauvais films. Quoi qu’il en soit, en ce qui me concerne, j’ai toujours pensé au public lorsque je faisais mes films ou que j’acceptais des rôles.

Cinquante ans plus tard, l’humour du Splendid n’a pas pris une ride. Comment expliquez-vous cette longévité ?

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Notre dénominateur commun lors de notre rencontre était une envie de dérision et une certaine bienveillance envers nos personnages. Nous nous sommes moqués d’eux et pas d’eux. Il n’y a jamais eu cette volonté de scruter la société au vitriol. On a voulu arrondir les angles, donner du bonheur avec des choses qui ne sont pas toujours drôles. Nous nous sommes nourris des Branquignols, de l’après 68, de Charlie Hebdo et de Hara-Kiri… A leur sortie, nos films ont bien marché sans être des triomphes. C’est au fil du temps, des rediffusions à la télé et des sorties vidéo qu’ils sont devenus cultes. Relisez les critiques à la sortie des « Bronzés » ou du « Père Noël » et vous verrez que ce n’était pas l’unanimité que l’on connaît actuellement. Et ceux qui furent vantés à l’époque sont parfois tombés dans l’oubli. Comme quoi…

Vous avez aussi la particularité d’avoir réussi à concilier humour et émotion en évoluant du Splendid à la mise en scène ou vers des rôles plus tendres comme dans « Les choristes » ou « Tandem ».

J’ai toujours pensé que le rire était là pour alléger le drame. Un gag pour un gag ne marche jamais, il faut que les gens s’identifient. C’est ce qui s’est passé avec « Les choristes », alors qu’il s’agissait du premier film de Christophe Barratier. On est quand même passé du Massif Central aux Oscars ! Il faut toujours explorer les émotions, les drames intimes d’un personnage avant de l’incarner, avant de mettre du rose sur du noir. C’est le principe de la comédie. Le rire, c’est comme les essuie-glaces, il n’arrête pas la pluie, mais il permet d’avancer. La comédie est utile. C’est thérapeutique, ça aide, ça fait du bien. Aucun de nous ne sauve des vies, mais nous les égayons un peu. Dans la rue, les gens viennent vous remercier. Un sourire vaut toujours mieux qu’un coup de pied au cul ! Et ces retours sont d’autant plus réjouissants que nous, les comics, ne connaissons pas vraiment les honneurs.

Vous n’avez reçu qu’un seul César, celui décerné à l’ensemble du Splendid en 2021. Qu’est-ce que cela dit selon vous ?

Peut-être que je l’attendais depuis un moment. Mais avec l’âge aidant, on s’en fiche. Le vrai César, c’est les gens dans la rue, c’est pouvoir continuer à avoir des projets. Quand on démarre, il faut « prendre sa place dans le trafic », comme disait Cabrel. Ensuite, une fois installé, il faut essayer de durer. Et une fois que vous y êtes parvenu, continuez à vous amuser. Je suis dans cette période où j’apprécie vraiment chaque instant. J’ai eu des moments de doute mais aucun regret. Quand je revois « Les bronzés 3 », qui a cartonné mais qui a été très vilipendé, je me rends compte qu’ils arrivent à perdurer dans le temps. A l’inverse, un film qui ne marche pas, c’est comme un chagrin.

Qu’est-ce qui explique votre envie de vous lancer dans la réalisation avec « Pinot simple flic » ou « Une époque merveilleuse… », deux gros succès au cinéma ?

Adolescent, je faisais des petits films en super-8. Ce n’est qu’avec le groupe Splendid que j’ai découvert le plaisir de jouer. A cette époque, nous faisions tous des apparitions, souvent à titre de nourriture, dans les films de Bertrand Tavernier, Roman Polanski ou Joseph Losey. J’ai tourné avec Delon, avec Noiret et Marielle, avec plein de gens qui ont merdé. Mais qui avait aussi le trac, qui se trompait parfois. J’en ai profité pour les regarder travailler et apprendre. La réalisation était pour moi une façon d’explorer les personnages que j’avais en tête. De nombreux comédiens l’ont fait, que ce soit Pierre Richard, Pierre Étaix, Jerry Lewis, Buster Keaton ou Charlie Chaplin… Tous mes films sont partis de questions : qu’aurais-je fait si j’avais été otage dans un club de vacances au Casque bleu ou si j’étais devenu sans abri dans « Une époque merveilleuse ».

Vous avez aussi rapidement collaboré avec les jeunes générations d’humoristes, comme la Bande à Fifi dans “Babysitting”.

C’est important de s’amuser avec tout le monde. Notamment avec Philippe Lacheau et sa bande sur « Babysitting » et « Alibi.com » que je considère comme l’une des meilleures comédies de ces dernières années. Mais aussi Artus, avec qui j’ai réalisé “Pourris gâtés” qui cartonne actuellement sur Netflix, ou avec Maxime Gasteuil dans “‘a pas de réseau”, d’Édouard Pluvieux, que nous présenterons dans quelques jours au Festival International de film de comédie de l’Alpe-d’Huez. Quand je les observe, je projette un peu de ce que nous avons vécu avec le Splendid. Ce qu’on dit aussi dans le livre de Jean-Pierre Lavoignat « Le Splendid par le Splendid », qui cartonne en ce moment. C’était notre dernière collaboration avec Michel.

Michel Blanc qui arrive en quatrième position dans notre enquête parmi les acteurs disparus.

Il aurait sûrement été encore plus haut s’il avait été là…

Vous vous êtes retrouvés en avril pour le numéro spécial 75e anniversaire de Match. Et comme toujours, l’esprit de gang est revenu.

C’est un lien suffisamment fort pour avoir duré dans le temps. On ne se voit pas souvent, chacun a sa vie, ses propres projets, et nos chemins se sont logiquement divergés. Mais lorsque nous nous retrouvons, nous reprenons l’amitié là où nous l’avons laissée. Se retrouver pour votre journal a été extrêmement joyeux, un merveilleux souvenir. Puis Michel a disparu. Il y a un grand écart, car il y avait une collusion absolue entre nous dans le domaine de la vanne. Nous avons moins ri lorsque nous nous sommes tous retrouvés à l’église pour ses funérailles. Même si on a essayé d’en rire un peu. Mais ce qui m’a surpris, c’est, encore une fois, la réaction du public : on a ressenti une douleur incommensurable en . Combien de fois dans la rue les gens m’ont présenté leurs condoléances…

Sa disparition s’est produite de manière complètement absurde…

Une allergie effrayante à un antibiotique se produit une fois sur un million. Et ça lui est tombé dessus. C’est comme Coluche quand il est parti. Pourquoi ce camion ? Pourquoi ne portait-il pas de casque pour conduire sa moto ? Pourquoi Michel a-t-il pris ce médicament ? Nous ne le savons pas. La vie est merveilleuse, très étrange et terrible à la fois. En fait, je pense que nous ne devrions pas mourir.

Si vous deviez répondre à cette enquête, quels seraient vos comédiens et acteurs préférés ?

Tout d’abord, je tire mon chapeau à tous ceux qui font de la comédie dans ce monde vraiment pas drôle de nos jours. Transformant l’horreur en une sorte de bonheur furtif, ce côté alchimiste du malheur me fascine toujours. Il s’agirait donc de Michel Serrault, Louis de Funès, Francis Blanche ou Robert Lamoureux. Même Buster Keaton ou Chaplin. Et je trouve plein de talents chez les jeunes, de Gad Elmaleh à Philippe Lacheau, en passant par Artus et Franck Gastambide. Nombreux sont ceux qui pourraient suivre de près. Parce qu’on est d’accord, c’est moi d’abord ! [Il rit.]

 
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