Décès d’Agnès Keleti, légende de la gymnastique qui a survécu à la Shoah – Libération

Décès d’Agnès Keleti, légende de la gymnastique qui a survécu à la Shoah – Libération
Décès d’Agnès Keleti, légende de la gymnastique qui a survécu à la Shoah – Libération

La gymnaste hongroise Agnes Keleti, doyenne des championnes olympiques, est décédée ce jeudi 2 janvier à l’âge de 103 ans, après une vie d’exode marquée par le traumatisme de la Shoah.

Interdite de toute activité sportive pendant la Seconde Guerre mondiale en raison de ses origines juives, la gymnaste hongroise Agnes Keleti s’entraîne en secret. Avant de remporter dix médailles olympiques à 30 ans. « Cela valait la peine de faire quelque chose de bien dans la vie compte tenu de l’attention que je recevais. J’ai des frissons quand je vois tous les articles écrits sur moi”a-t-elle murmuré à l’AFP à l’occasion de son centième anniversaire. Elle est décédée ce jeudi 2 janvier à l’âge de 103 ans.

Elle, qui fut la championne olympique la plus âgée du monde, fêterait dans une semaine ses 104 ans, poussée jusqu’au bout par « une énergie incroyable »selon son fils Rafael Biro-Keleti. Agnès Keleti aura eu une vie digne d’un scénario de film. Elle est née le 9 janvier 1921 à Budapest sous le nom d’Agnes Klein, puis a pris un nom à consonance hongroise. Appelée en équipe nationale en 1939, la reine des exercices au sol en est rapidement exclue en raison de ses origines.

Après l’occupation de la Hongrie par le Troisième Reich en mars 1944, elle échappe à la déportation en obtenant de faux papiers et en prenant l’identité d’une jeune chrétienne, en échange de tous ses biens. Réfugiée à la campagne, elle travaille comme servante tout en s’entraînant secrètement sur les rives du Danube pendant son temps libre. Son père et plusieurs membres de sa famille furent déportés et exterminés à Auschwitz, tandis que sa mère et sa sœur furent sauvées grâce au diplomate suédois Raoul Wallenberg.

“Voir le monde”

Après la guerre, elle revient à la compétition, mais connaît un faux départ à Londres en 1948 : une blessure met à mal ses efforts et les Jeux Olympiques lui échappent à nouveau. Il lui faudra attendre encore quelques années pour remporter dix médailles olympiques, dont cinq d’or aux Jeux Olympiques d’Helsinki (1952) et de Melbourne (1956), toutes après l’âge de 30 ans.

Comme de nombreux athlètes hongrois, Agnès Keleti n’est pas rentrée chez elle après les épreuves australiennes, qui se sont déroulées quelques semaines après l’échec du soulèvement antisoviétique en Hongrie. “J’ai fait du sport non pas parce que ça me faisait du bien mais pour voir le monde”» a-t-elle déclaré en 2016. Elle a ensuite déménagé en Israël où elle a épousé en 1959 un professeur de sport hongrois, Robert Biro, avec qui elle a eu deux enfants.

Après avoir pris sa retraite sportive, Agnes Keleti a travaillé comme professeur d’éducation physique et a entraîné l’équipe nationale israélienne. Ce n’est qu’en 1983, à l’occasion des Championnats du monde de gymnastique, qu’elle retourne pour la première fois en Hongrie, alors encore communiste. Elle y reviendra définitivement en 2015. A l’occasion des Jeux olympiques et paralympiques de Paris, la a souhaité « rendre hommage à ses éminents mérites » et lui a décerné la médaille d’or pour la jeunesse, les sports et l’engagement communautaire en septembre.

“Merci pour tout!”Le Premier ministre hongrois Viktor Orban a écrit sur Facebook, rendant hommage au champion. Selon le principal quotidien sportif du pays, Sport nationalc’est le Français Charles Coste, médaillé d’or de la poursuite par équipes en cyclisme sur piste aux Jeux de Londres en 1948, qui succède à Agnès Keleti comme doyenne des championnes olympiques. Centenaire, né le 8 février 1924, il portait la flamme lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux de Paris.

 
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