« Je suis originaire de l’Allier. En arrivant en Bretagne, j’ai été étonné de voir les quantités de coquillages qu’on mange. Cela fait vraiment partie de votre culture. » Cet invité attablé devant un vaste plateau d’huîtres pour le réveillon du Nouvel An a raison : notre région est sans doute l’un des plus gros consommateurs de ces produits de la mer.
Ainsi, après les fêtes de fin d’année, les sacs poubelles cèdent sous le poids de ces coquilles lourdes et malodorantes qui, comme d’autres déchets ménagers non recyclables, atteignent généralement les flammes ardentes des incinérateurs.
Il y a bien longtemps, ces coquilles vides finissaient dans les jardins. Certains les pilonnaient et les incorporaient à la terre pour l’enrichir. D’autres les ont cassés pour éviter la boue dans les allées. D’autres, enfin, les ont donnés à leurs poules, garantissant ainsi à leurs volailles une bonne digestion et des œufs solides comme le roc.
L’exemple de la Charente-Maritime
Ce temps passé, et pour réduire l’impact de ces déchets, certaines collectivités ont décidé de les collecter et de les recycler. C’est le cas dans le Pays d’Iroise (29) où, pour la troisième année consécutive, les coquilles vides sont collectées séparément. «C’est le maire de Porspoder qui nous a incités à le faire», explique Anne-Laure Le Niliot, chargée de prévention des déchets pour la communauté de communes. Il nous a parlé d’une initiative prise en Charente-Maritime, autre grande région ostréicole. Nous avons adopté la même méthode. Je pense qu’en Bretagne, nous avons été précurseurs. » Depuis, le pays de Vannes et l’agglomération de Guingamp Paimpol ont suivi.
Deux mois de collecte
Le système est simple. Trente-sept poubelles roulantes sont mises à disposition des habitants des 16 communes concernées, dans 23 points de collecte. Les poubelles sont collectées chaque semaine, du 1er décembre au 31 janvier, par les agents chargés du nettoyage des plateformes de tri sélectif.
« La première année, deux tonnes ont été collectées », explique Maël Thomas, chef de projet pour G4DEC, un service mutualisé d’économie circulaire. La deuxième année, nous sommes montés à cinq tonnes. Logiquement, nous devrions faire mieux cette année et ensuite étendre cette opération aux communautés de communes du Pays des Abers et de Lesneven Côte des Légendes. »
Les coquilles ainsi collectées sont broyées puis envoyées vers une plateforme de compostage à Milizac-Guipronvel, gérée par Sede Environnement. « La matière broyée est incorporée au compost. A partir du mois de juin, il est proposé gratuitement aux résidents », poursuit Anne-Laure Le Niliot.
Une réflexion avec des professionnels
Attention, vous ne lâchez pas vos fruits de mer sans quelques précautions : les coquilles d’huîtres, palourdes, palourdes et bigorneaux doivent être bien vidées et exemptes de viscères, et il vous est demandé de ne pas jeter de sachets dans les poubelles. Même les sacs compostables sont exclus. Tout comme les citrons, les serviettes et les lingettes pour les doigts. Les crustacés ne sont pas non plus autorisés.
A côté de ces collectes auprès des particuliers, les collectivités tentent de trouver des solutions de valorisation auprès des professionnels. « Nous avons lancé une réflexion avec les conchyliculteurs de la filière, qui pourrait déboucher sur une alternative à l’utilisation du sable conchylicole », poursuit Anne-Laure Le Niliot. Ces opérations génèrent des tonnes et des tonnes de déchets. » Autre piste explorée : l’utilisation de la poudre de coquilles d’huîtres dans l’industrie, pour la fabrication de montures de lunettes, de manches de couteaux ou encore d’urnes cinéraires. Comme une seconde vie.
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