En l’absence d’assureur, à compter du 1er janvier 2025, “les catastrophes naturelles sont interdites sur tout le territoire de la commune de Breil-sur-Roya” (Alpes-Maritimes), selon un arrêté publié par Sébastien Olharan, le maire de la commune de Breil-sur-Roya. commune, durement touchée par la tempête Alex en 2020. Une réponse ironique à la décision de l’assurance de la commune de ne plus la couvrir.
« Sont interdits les incendies, inondations, mouvements de terrain, tremblements de terre, glissements de terrain, tempêtes, neige, grêle, vents violents, avalanches, dégâts des eaux, dégâts électriques, susceptibles d’endommager les bâtiments communaux. Pour le ruissellement des eaux pluviales, à l’origine de crues torrentielles, un tracé de dérivation est proposé en dehors du territoire de la commune », précise le deuxième article de l’arrêté municipal.
Le troisième article indique que « sont également interdites les activités humaines susceptibles de porter atteinte aux biens communaux telles que les émeutes, le terrorisme, le vandalisme, le vol, les dommages involontaires ».
Près de 70 immeubles sans assurance
Si la mairie a pris un tel arrêté, c’est parce que l’assureur de la ville depuis 20 ans, SMACL Assurances, a annoncé en juin qu’il résiliait les contrats de la ville au 31 décembre 2024. « Cette décision est une conséquence directe et évidente de la tempête Alex. “Une partie de l’indemnisation avait été versée quelques semaines plus tôt”, écrit le maire dans un communiqué.
La ville de Breil-sur-Roya a alors lancé un appel d’offres pour trouver un nouvel assureur. « Aucun assureur n’a voulu faire d’offre. Et aucun de ceux que nous avons contactés depuis n’a accepté de nous assurer », poursuit Sébastien Olharan.
« En désespoir de cause, face au risque de ne plus pouvoir faire fonctionner certains services comme les crèches et les écoles à partir du 1er janvier 2025, la commune de Breil-sur-Roya a déposé un référé auprès du tribunal administratif pour contraindre son assureur à maintenir son des garanties pour une durée supplémentaire d’un an », poursuit l’édile.
Mais le 27 décembre, l’assureur a finalement fait marche arrière, revenant sur sa décision. Il a accepté de prolonger d’un an certains contrats, notamment « responsabilité civile » et « protection juridique ». En revanche, les dommages aux biens, c’est-à-dire les dommages aux bâtiments communaux, ne sont pas assurés.
Un dernier espoir pour le maire
Quatre jours plus tard, le tribunal administratif a rejeté la demande de la commune de Breil-sur-Roya, “pour des raisons incompréhensibles”, laissant 70 immeubles sans assurance “depuis le 31 décembre minuit”, explique-t-il.
Une situation qui n’est pas sans conséquences. “Cela veut dire qu’en cas de sinistre (…), les conséquences financières seraient entièrement à la charge de la commune, ce qui ruinerait définitivement notre mairie, dont la situation budgétaire est déjà fragile”, explique le maire dans un communiqué. . « J’ai donc décidé, afin d’illustrer l’impuissance des communes face au système d’assurance français, et afin d’alerter sur la gravité de notre situation, de prendre un arrêté municipal interdisant les catastrophes naturelles et tout élément susceptible de causer des dommages. aux édifices municipaux», poursuit le conseiller.
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Une situation « inconcevable et injuste » à laquelle le maire a décidé de répondre par « l’absurde » : « J’ai donc décidé, afin d’illustrer l’impuissance des Communes face au système d’assurance français, et afin d’alerter sur la base de la gravité de notre situation, de prendre un arrêté municipal interdisant les catastrophes naturelles et tout élément susceptible de causer des dommages aux bâtiments municipaux », explique-t-il.
“J’espère que cela permettra aux assureurs de prendre conscience de leur lourde responsabilité et que cela incitera les décideurs politiques à prendre ce sujet à bras-le-corps”, ajoute le maire, qui a contacté la centrale tarifaire (BCT), une autorité administrative qui intervient en cas de litiges avec un assureur. « Cela se ferait néanmoins dans des conditions très défavorables, que ce soit au niveau du montant des cotisations, des franchises appliquées ou de la compréhension des garanties qui seraient réduites au strict minimum », conclut Sébastien Olharan.