Un chapitre important de la géopolitique énergétique européenne s’est clôturé avec l’arrêt définitif du transit du gaz russe via l’Ukraine. Cette décision marque la fin d’un accord de cinq ans entre Kiev et Moscou, mettant fin à une route historique d’approvisionnement en gaz. Symbolique pour l’Ukraine, qui entend ainsi renforcer son indépendance face à son agresseur, cette rupture a des répercussions bien au-delà de ses frontières.
L’Union européenne face au défi de la diversification énergétique
En stoppant ce transit, l’Europe doit relever un défi majeur : sécuriser son approvisionnement énergétique. Même si sa dépendance au gaz russe a diminué depuis 2022, certains pays, notamment d’Europe de l’Est, restent vulnérables. La Slovaquie et la Hongrie, historiquement dépendantes des livraisons via l’Ukraine, sont particulièrement concernées.
Alternatives disponibles pour l’Europe
Afin de compenser cette perte, plusieurs options sont envisagées, mais elles ne sont pas sans difficultés :
- Gazoduc TurkStream : Cette infrastructure, qui passe sous la mer Noire, devient aujourd’hui une voie majeure pour le gaz russe vers l’Europe. Son utilisation reste cependant limitée en volume.
- Gaz naturel liquéfié (GNL) : Importé principalement des États-Unis et du Qatar, le GNL offre une alternative viable, même si son coût est nettement supérieur à celui du gaz transporté par gazoduc.
Ces ajustements ont déjà des conséquences visibles : les prix du gaz en Europe ont atteint 50 euros par mégawattheureun record depuis un an, mettant la pression sur les consommateurs et les entreprises.
Itinéraire | Capacité | Coût relatif | Fiabilité |
---|---|---|---|
Gazoduc TurkStream | Moyenne | Faible | Haut |
Importations de GNL | Haut | Élève | Moyenne |
Énergies renouvelables | Limité à court terme | Variable | Très élevé |
Des implications majeures pour Moscou
Pour la Russie, la fin de ce transit représente une perte financière importante. En 2023, environ 14,65 milliards de mètres cubes de gaz avaient transité par l’Ukraine, générant des revenus importants pour Gazpromestimé à près 5 000 milliards d’euros. La perte de ce marché fragilise encore davantage une économie russe déjà sous pression en raison des sanctions occidentales..
Moscou tente de compenser en misant sur ses exportations de GNL et sur des routes alternatives comme TurkStream. Cependant, ces options ne permettent pas de maintenir le niveau d’influence que la Russie avait auparavant sur l’Europe.
Ukraine et Moldavie : entre défis et opportunités
Si cette décision permet à Kiev d’affirmer son indépendance énergétique, elle n’est pas sans conséquences économiques. Les revenus du transport en commun, estimés à 800 millions d’euros par anconstituaient une source importante de financement des infrastructures énergétiques de l’Ukraine. Le pays doit désormais rechercher d’autres moyens de compenser cette perte.
De son côté, le Moldavieencore partiellement dépendante du gaz russe, est particulièrement touchée. La région séparatiste pro-russe de Transnistrie, où se trouve une centrale thermique clé, est déjà confrontée à des pénuries. Le gouvernement moldave a déclaré l’état d’urgence, soulignant la gravité de la situation.
Une nouvelle ère pour l’approvisionnement énergétique européen
L’arrêt du transit via l’Ukraine marque une étape décisive dans la transformation du paysage énergétique européen. Si l’Union européenne parvient à réduire sa dépendance au gaz russe, elle reste confrontée à des défis majeurs : garantir la stabilité des prix, accélérer la transition vers les énergies renouvelables et préserver la sécurité énergétique des États membres les plus exposés..
À moyen terme, ces perturbations pourraient inciter l’Europe à renforcer ses infrastructures énergétiques et à diversifier davantage ses sources d’approvisionnement. Mais cette transition aura un coût, que les citoyens européens commencent déjà à ressentir.
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