Lorsque Sébastien Plantadis reçoit le courrier du maire de Locminé, Grégoire Super, le 8 août 2024, il se sent soulagé, comme toute sa famille. L’inscription officielle du nom de son grand-père Jean Annic sur le monument aux morts constitue l’aboutissement de leur démarche. Telle était la logique puisque ce Locminois « est mort pour la France » le 30 juin 1944 selon un arrêté du Ministre des Anciens Combattants du 4 mars 1946.
C’est à Locminé, où résidait cet artisan peintre, où sont nées ses trois filles Georgette, Marcelle et Lucienne, qu’il fut abattu au lieu-dit Kerperdrix.
Des résistants étaient présents à ses obsèques le 2 juillet 1944. « Je me souviens que rue de Baud, c’était incroyable le nombre de personnes, je ne voyais pas la fin du cortège », se souvient aujourd’hui sa fille aînée Georgette. ‘aujourd’hui âgé de 92 ans. «Ils n’auraient jamais dû venir. Mon père était très estimé.
“Son corps était criblé de balles”
Et pour cause, ce laïc qui a créé le club de football de La Locminoise – « Les joueurs me disaient qu’il était extraordinaire » – s’est donné pour la Résistance pendant la Seconde Guerre mondiale. De nombreuses attestations ont confirmé son implication. “Tous sont formels”, souligne la fille de Jean Annic, dont la famille s’est mobilisée pour cette reconnaissance lancée après le décès de sa sœur Lucienne, mère de Sébastien, Yann et épouse de Roland, à l’âge de 87 ans, un an. il y a. « Le jour où il a été abattu chez un agriculteur, il avait rendez-vous avec l’homme qui dirigeait la résistance pour savoir ce dont ils avaient besoin. Il a été tué sur le coup, celui qui s’est échappé a rampé toute la nuit dans les champs. Lorsque le corps fut ramené chez mes parents pour l’emmener dans sa chambre, mon grand-père paternel Mathurin, qui avait servi dans la guerre de 14-18, bloquait la porte pour que je ne le voie pas, il était criblé de balles . Quand le corps était bandé, je m’en souviens comme si c’était hier, je l’avais embrassé. »
“Il l’a fait mais il ne s’en est pas vanté”
L’émotion sera encore grande le 8 mai, lorsque Jean Annic fera partie des inscrits sur le monument aux morts de la place du 11-Novembre lors de la célébration de l’Armistice. « Mon père était très estimé, il a sauvé plusieurs hommes du STO (service du travail obligatoire pour l’économie de guerre en Allemagne) en les prenant comme ouvriers dans son entreprise de peinture, ils étaient près d’une trentaine. la fin », se souvient Georgette Daniel, alors que les Allemands occupaient leur maison au même moment. « Il n’en a jamais parlé, il l’a fait mais il ne s’en est pas vanté, il a aidé les gens. J’ai appris par exemple qu’il avait offert du pain à une famille de six ou sept enfants.
Et sa fille Florence, petite-fille de Jean Annic, a également rencontré des personnes issues d’une famille de survivants. « Il était allé chercher un républicain espagnol, Angel, au camp de Gurs, dans les Pyrénées-Atlantiques. Et sa famille nous a retrouvés il y a une dizaine d’années après avoir visité sa tombe. Angel était très vieux, il leur a demandé de venir. Sa famille a entretenu une correspondance jusqu’à sa mort.
D’autres témoignages avaient précédé, ils invalidaient ceux qui tentaient de salir son honneur. « Il travaillait sous les mitrailleuses allemandes à Lorient », témoigne sa fille Georgette. “C’était une obligation, il y a des certificats de gens qui le certifient, ils sont superbes… Je pense surtout à la mère Lucie, décédée en 1984, je ne sais pas comment elle aurait élevé ses trois enfants sans la pension de veuve de guerre . Elle a d’abord dû reprendre la pharmacie de sa sœur, sinon elle n’avait plus rien pour vivre ! » Le souvenir reste très vivace pour Georgette. Son père Jean Annic serait fier du sens du devoir de ses descendants.
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