Chaque début d’année apporte son lot de nouveautés. Le 1er janvier 2025, deux pays sont devenus membres à part entière de l’espace Schengen : la Bulgarie et la Roumanie. Dans un communiqué, les autorités politiques de ces deux pays d’Europe centrale parlent d’une « décision historique ». Décryptage.
Il est important de se rappeler : leEspace Schengen assure la libre circulation des personnes et harmonise les contrôles des voyageurs au sein de ses pays membres. Il y en a 29 au total, ce qui représente près de 420 millions d’habitants. Et si le Roumanie et le Bulgarie sont des États membres deUnion européenne depuis 2007, soit 18 ans maintenant, ils n’étaient toujours pas intégrés à l’espace Schengen. Du moins, ils l’étaient en partie. Depuis mars dernier, les contrôles aux frontières aériennes et maritimes ont été levés, mais en ce qui concerne les frontières terrestres, ces contrôles entre pays et ceux de membres de Schengen étaient toujours en vigueur !
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Carrefour stratégique
La position géographique de la Roumanie et de la Bulgarie est essentielle pour le commerce européen. Il suffit de regarder une carte pour comprendre. Les deux pays ont certes accès à la mer Noire mais pas à la Méditerranée. C’est le Grèce qui fait office de porte d’entrée. Sauf que des contrôles ont été appliqués à la frontière gréco-bulgare. La Grèce est désormais reliée par voie terrestre à l’ensemble de la communauté de l’espace Schengen. Cette levée des contrôles aux frontières terrestres est donc une aubaine, de manière très concrète. Selon l’Union roumaine des transporteurs routiers, le temps d’attente pour franchir la frontière hongroise se situe entre 8 et 16 heures. Il faut encore plus de temps pour entrer en Bulgarie, entre 20 et 30 heures.
Aujourd’hui, finies les longues files d’attente aux frontières, les frontaliers pourront être un peu plus libres. Les transporteurs économiseront des millions d’euros puisque le temps que les conducteurs de poids lourds ne perdront pas à attendre, ils seront sur les routes. Et au final, ce sont surtout les produits roumains qui arriveront plus rapidement sur le marché européen et à moindre coût !
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+2% du PIB
Mine de rien, cette attente à la frontière a eu un coût, et il n’est pas négligeable. Selon le Comité économique et social européen, cette intégration partielle à l’espace Schengen a entraîné un manque à gagner de 2,3 milliards d’euros par an pour la Roumanie. C’est moins pour la Bulgarie, 834 millions d’euros, mais c’est quand même considérable, à l’échelle d’un pays. La Roumanie pourrait même bénéficier d’une adhésion à part entière à Schengen. Selon plusieurs prévisions, son PIB pourrait augmenter de 2% cette année.
Cette intégration constitue donc un véritable élan économique pour ces deux pays, mais également pour les autres membres de cet espace souvent convoité. Cela sera synonyme de création d’emplois et augmentera la compétitivité de la Roumanie et de la Bulgarie sur le marché européen. Les investisseurs étrangers pourront bénéficier de la connectivité améliorée de ces deux pays. Bref, cette intégration pourrait favoriser la croissance au sein du marché unique européen !