La chef de l’Etat sortante, Salomé Zourabichvili, en rupture avec le gouvernement, a appelé les Géorgiens à se rassembler dimanche matin devant le palais présidentiel et a promis d’y annoncer ses intentions, alors que son successeur doit être investi vers 8 heures. De nombreux manifestants ont brandi des drapeaux de l’Union européenne
Cérémonie à huis clos
Dans ce contexte, l’ex-footballeur Mikheïl Kavelashvili, connu pour ses positions ultraconservatrices et anti-occidentales, doit prêter serment dimanche lors d’une cérémonie organisée pour la première fois à huis clos au Parlement. Il a été élu président le 14 décembre par un collège électoral contrôlé par le Rêve géorgien. Les prérogatives du président sont limitées en Géorgie.
L’actuelle occupante de la présidence, Salomé Zourabichvili, en rupture avec le gouvernement, a déjà annoncé qu’elle refuserait de renoncer à son mandat jusqu’à ce que de nouvelles élections législatives soient organisées, ce que le gouvernement refuse de faire. FAIRE.
Cet ancien diplomate français s’est joint samedi aux manifestants pro-UE pour une chaîne humaine qui a rassemblé plusieurs milliers de personnes sur les rives du fleuve traversant Tbilissi.
L’investiture du nouveau président “n’aura aucun sens”, a assuré une manifestante, Natia, 27 ans, diplômée en sciences politiques. « Kavelashvili ne sera jamais président de la Géorgie. Tout comme le Rêve géorgien ne sera jamais la force dirigeante du pays, car il ne s’agit pas d’un gouvernement légitime », a-t-elle déclaré.
Le président refuse de céder le pouvoir
Le Rêve géorgien nie de son côté toute fraude et accuse l’opposition de vouloir provoquer une révolution, selon elle financée depuis l’étranger. Le Premier ministre Irakli Kobakhidze a proclamé que le refus de Zourabichvili de quitter le palais présidentiel « constituerait un délit passible de plusieurs années d’emprisonnement », y compris pour « toute personne impliquée dans un tel scénario ».
La présidente sortante a, de son côté, interpellé cette semaine l’armée géorgienne, affirmant qu’elle “lui restera fidèle” et qu’elle “reste son commandant en chef”.
Durant les dix premiers jours des manifestations à Tbilissi, la police a dispersé la foule à l’aide de canons à eau et de gaz lacrymogènes. Les manifestants, de leur côté, ont déclenché des feux d’artifice et lancé des pierres et autres objets sur les policiers.
400 personnes arrêtées
Plus de 400 personnes ont été arrêtées, dont des dirigeants de l’opposition, et des dizaines de policiers ont été blessés. Le commissaire géorgien aux droits de l’homme, Levan Iosseliani, a dénoncé des « tortures » de détenus par les forces de l’ordre.
La semaine dernière, les États-Unis et le Royaume-Uni ont imposé des sanctions à plusieurs hauts responsables géorgiens en raison de la répression exercée contre les manifestants pro-européens. Et vendredi, Washington a annoncé avoir pris de telles mesures contre le milliardaire Bidzina Ivanishvili, considéré comme celui qui tire les ficelles du rêve géorgien.
Au-delà de la crise actuelle, le Rêve géorgien est accusé par ses détracteurs d’avoir abandonné son programme initial libéral et pro-européen au profit d’une dérive autoritaire.