l’héritage des JO encore loin d’être à la hauteur

Plus de cinq mois après la clôture de la « parenthèse enchantée » olympique et paralympique de Paris 2024, l’heure est au bilan. Si l’onde de choc créée par les Jeux a été sans mesure – aidée par la cérémonie d’ouverture innovante sur la Seine et des performances sportives mémorables – les retombées de cette Olympiade sont encore loin des espérances.

L’héritage de Paris 2024, tant prôné par le comité d’organisation et les pouvoirs publics, ne correspond pas vraiment aux attentes formulées avant l’événement. Le retour à la réalité est difficile à accepter. « Je pense que nous avons une forme de gueule de bois et que la dépression est réelle. Cette séquence qui a été magnifique est en train de se clôturer. Et je pense que cela ne peut pas être une parenthèse que l’on ferme. Nous sommes à un moment où nous avons la possibilité de changer les choses concernant la pratique du sport en France, sauf que nous sommes complètement à contre-courant”, constate avec amertume le député Thierry Sother, élu à la 3^e Circonscription du Bas-Rhin.

« Plus de sport, moins de sucre »

C’est dans cette optique qu’il entend défendre devant l’Assemblée nationale, initialement prévue le 12 décembre avant la chute du gouvernement, une proposition de loi intitulée « Plus de sport, moins de sucre ». Dans ce texte – qui n’a pas été rejeté par la commission qui l’a examiné au préalable et sera donc discuté en 2025 dans l’hémicycle – le député socialiste met en avant l’importance de la pratique sportive chez les plus jeunes tout en démontrant une forte disparité sociale dans l’accès au sport.

Ainsi, Thierry Sother veut repenser le Pass’Sport, cette aide gouvernementale de 50 euros allouée aux enfants issus des familles les plus défavorisées pour faciliter l’inscription dans les associations sportives ou l’achat de matériel nécessaire à la pratique d’une activité physique. « Seuls 13 % des jeunes Français répondent aujourd’hui à la recommandation de l’OMS en matière d’activité physique. Le premier obstacle à la pratique du sport est la question financière. Avec cette mesure d’universalisation du Pass’Sport, je souhaite permettre aux enfants de 3 à 17 ans de souscrire une licence en club en augmentant le montant à 75 euros pour tous. Pour les ménages les plus précaires, l’aide serait de 150 euros », explique Thierry Sother.

Car oui, l’impact d’événements aussi importants que les Jeux Olympiques se mesure notamment à l’impact social dans le pays organisateur. Surtout quand la pratique du sport a été déclarée « Grande Cause nationale » en 2024 et qu’Emmanuel Macron a affirmé vouloir instaurer « une Fête nationale du sport » chaque 14 septembre après le succès des Jeux. « Et en même temps, il y a eu l’abandon des deux heures supplémentaires de sport hebdomadaires au collège. Cela n’a aucun sens», déplore le député du Bas-Rhin.

Mauvaise anticipation

Pour financer cette généralisation du Pass’Sport, estimée à 260 millions d’euros supplémentaires, Thierry Sother a identifié une solution bien précise : mettre en place une taxe supplémentaire sur les boissons sucrées. « Tout comme la sédentarité, le sucre constitue une menace invisible pour la santé de nos enfants. Il y a une dizaine d’années, la Grande-Bretagne a mis en place cette taxe et grâce à elle, la pratique sportive dans les écoles a été financée. L’objectif est donc de s’inspirer du modèle britannique qui a fait ses preuves », précise le député.

Or, les fédérations sportives françaises ont connu une hausse significative de licenciés après les Jeux olympiques de Paris 2024. Un phénomène bien connu, qui s’était déjà manifesté après les JO de Londres en 2012 ou de Rio en 2016. Toutefois, les clubs sont confrontés à de nouveaux problèmes, notamment en termes de capacité d’accueil. « Il y a un manque sévère d’infrastructures en France mais encore une fois, c’est un problème lié à une mauvaise anticipation et au manque d’investissement financier de l’Etat dans le sport », souligne Thierry Sother. L’argent est toujours la clé de la guerre…