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Les experts de la gendarmerie ou la fin du crime parfait

Les experts de la gendarmerie ou la fin du crime parfait
Les experts de la gendarmerie ou la fin du crime parfait

Les techniciens en identification criminelle réussissent à révéler des objets, des taches de sang, des empreintes ou des traces d’ADN même dans des conditions extrêmes. Ils nous ont ouvert les portes de leur laboratoire.

Mort par balle, soupçon de meurtre à domicile, mort suspecte, le TIC du Gard est témoin de scènes hallucinantes. Mais ils sont équipés d’outils performants. La fin du crime parfait ? Il s’agit en tout cas d’une tendance forte dans la gendarmerie qui dispose d’un laboratoire intégré au groupe gardois. Les experts en criminalité de la police ? Les techniciens d’identification criminelle (Tic) dont on voit parfois le camion bleu avec « identification criminelle gendarmerie » écrit en bleu sont affectés aux dossiers les plus graves pour récolter le maximum d’indices qui permettront d’identifier un suspect et in fine de le faites-le juger.

Meurtres, incendies, vols

Les Tic du Gard interviennent généralement sur les dossiers les plus chauds ou les plus complexes. Car au niveau local, chaque entreprise dispose d’équipes capables de prélever de simples échantillons en cas de cambriolage. S’il s’agit d’un dossier banal, les prélèvements sont même réalisés par la brigade de gendarmerie locale. Si en revanche l’affaire concerne le braquage d’une usine d’armement ou d’une usine de bijouterie avec des pertes importantes, les experts du groupe sont dépêchés sur place. En matière pénale, “ce sont systématiquement les équipes du groupe qui sont déployées”note le colonel Emmanuel Casso qui commande le groupement de gendarmerie du Gard.

Machine de guerre

Dès l’initiation du protocole, une véritable machine de guerre se met en branle avec des gendarmes qui ont le statut d’officiers de police judiciaire (OPJ) et qui ont une parfaite connaissance du terrain. Pascal Sperandio, qui s’apprête à prendre sa retraite, a écumé les scènes de crime pendant 23 ans et possède un œil ultra-affûté. Et évidemment, il analyse scrupuleusement les scènes de crime et déploie des protocoles très précis avec son collègue Laurent. Dans un premier temps, congeler les lieux, s’assurer que personne n’a pollué le site, prendre des photos et dans un deuxième temps, la partie échantillonnage est mise en œuvre. C’est ainsi qu’ils prennent les empreintes digitales et les échantillons d’ADN. « L’une des grandes évolutions concerne sans aucun doute la génétique ».

L’amplification de l’ADN permet d’identifier les suspects avec des micro-traces

En effet, le séquençage et l’amplification de l’ADN permettent de travailler sur de très petites quantités de traces biologiques. « Désormais, grâce aux micro-traces, il est possible d’extraire un profil ADN. Il y a 20 ans, il fallait avoir une trace de sang, par exemple d’une pièce de 2 euros, aujourd’hui, une toute petite trace voire une micro trace d’un millimètre ou moins, on peut réaliser un profil car la matière a considérablement évolué »explique Pascal Sperandio. Les techniques ont considérablement évolué et permettent d’extraire l’ADN de l’eau et même des milieux brûlés. Des techniques qui restent assez secrètes pour empêcher notamment les trafiquants de drogue d’adapter leurs modes opératoires. Car si les gendarmes restent confrontés à la délinquance « générale », les zones qualifiées de rurales n’échappent plus aux règlements de compte aux armes de guerre ou encore aux cadavres brûlés dans les véhicules. Aussi, s’ils admettent volontiers qu’ils peuvent extraire des traces d’ADN même sous l’eau ou sur un véhicule carbonisé, les détails de leurs recettes restent secrets.

Un labo qui permet les échanges avec Interpol

L’organisation de la gendarmerie permet de dimensionner la réponse scientifique en fonction de la gravité d’un cas. Ainsi, au niveau des brigades de gendarmerie ou des communautés de brigades, il existe un premier niveau, « les techniciens locaux d’identification criminelle, puis au niveau départemental, ce sont les techniciens d’identification criminelle puis au niveau national, c’est l’institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN) »note le colonel Casso. Il y a environ 20 ans, une sorte de « Une décentralisation a eu lieu dans la gendarmerie pour soulager l’IRCGN dont certains services étaient saturés. C’est dans ce sens que des plateformes ont été créées au niveau départemental et qu’une nouvelle chaîne criminalistique à trois niveaux a été créée avec ses propres acteurs. »précise Pascal Sperandio, l’un des meilleurs médecins légistes du sud de la . La standardisation des protocoles permet aux gendarmes du Gard de parler avec les mêmes normes, les mêmes codes que leurs collègues parisiens ou bordelais ou encore d’échanger avec des laboratoires privés travaillant sur un dossier. Mieux ? Le laboratoire du Gard est certifié ISO 1725 et dispose d’une technologie permettant la transmission et l’échange de données standardisées dans toute l’Europe. Concrètement, le profil ADN ou l’empreinte digitale d’un tueur peuvent être transmis en un clic à Madrid ou à Berlin et vice versa. La standardisation de nos techniques « facilite la coopération européenne avec des structures comme Interpol ou Europol », ajoute-t-on au niveau du groupe du Gard.

La prochaine révolution (qui est déjà en marche) est celle de l’intelligence artificielle qui facilite grandement le profilage des suspects et relativise le mode opératoire, les localisations, la téléphonie, la reconnaissance faciale, la biométrie, explique Allons au labo du groupe où l’activité reste très vive. . Par exemple, les TIC ont été appelés en 2023 sur 304 scènes de crime et ont reçu 104 réquisitions. Cela signifie qu’ils sont chargés d’analyser les scellés pour tenter de retrouver une trace ADN ou une empreinte digitale, par exemple.

France

 
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