La monnaie suisse, valeur refuge par excellence, devrait continuer d’être recherchée l’année prochaine face aux incertitudes politiques qui menacent des deux côtés de l’Atlantique. Les achats et les voyages à l’étranger devraient donc toujours bénéficier de taux de change avantageux.
Face au dollar, le franc s’est nettement affaibli à partir de septembre et la paire de devises s’échangeait vendredi matin à 0,90011 franc pour un dollar. Depuis le début de l’année, la paire USD/CHF a accéléré de 6,6%, après avoir atteint un plus bas à 0,8373 fin septembre.
La courbe s’inverse face à la monnaie unique européenne, le franc s’étant renforcé depuis fin mai alors qu’il avait quasiment atteint la parité, évoluant actuellement à 0,93695 franc pour un euro et revenant quasiment à son niveau de début 2024. Depuis janvier, la monnaie la paire n’a ainsi gagné que 0,3%.
En 2025, la monnaie suisse devrait également être recherchée pour ses qualités de valeur refuge. Un assouplissement de l’euro pourrait cependant intervenir en cas d’accalmie dans la guerre en Ukraine ou de situation politique plus claire en France et en Allemagne, estime le stratège en chef de la Frankfurter Bankgesellschaft, Thomas Heller.
Mais la paire euro/franc a déjà son lot de mauvaises nouvelles, tempère Tobias Knoblich, expert en devises chez Raiffeisen Suisse. Ce dernier anticipe, sur un horizon de 12 mois, un taux de change de 0,92 EUR/CHF.
Quant à la Banque cantonale d’Argovie, elle estime que la faiblesse économique de la zone euro, et notamment des moteurs économiques de l’Allemagne et de la France, devrait conduire la Banque centrale européenne (BCE) à une politique monétaire plus accommodante. . «D’un point de vue rendement, c’est négatif pour l’euro», soulignent les spécialistes de l’establishment cantonal.
Ce taux de change favorable aux consommateurs suisses devrait toujours favoriser le tourisme d’achat, c’est pourquoi le Conseil fédéral a abaissé, à partir du 1er janvier 2025, l’indemnité hors valeur de 300 francs à 150 francs par personne et par jour. Au-delà de ce seuil, les voyageurs devront payer la taxe suisse sur la valeur ajoutée sur les marchandises importées.
Le pouvoir d’achat des Suisses et la baisse des prix des biens et services dans les pays voisins devraient néanmoins inciter les Suisses à faire leurs courses et à passer leurs vacances à l’étranger.
Attends un peu
La situation est différente face au dollar. Les projets du futur président américain Donald Trump – notamment l’imposition de droits de douane à ses partenaires commerciaux et l’expulsion massive d’immigrés illégaux – risquent d’avoir un effet inflationniste. C’est pourquoi la Réserve fédérale américaine (Fed) ne devrait pas trop baisser ses taux directeurs, qui soutiennent le dollar avec des investissements dans cette monnaie qui restent plus rentables, estime M. Knoblich.
A ce constat s’ajoute l’économie américaine qui est encore relativement solide, comparée au Vieux Continent, dont l’économie commence à caler, ajoute M. Heller.
A court terme, le billet vert pourrait s’abaisser vers la barre des 0,91 USD/CHF, selon l’expert Raiffeisen Suisse. Mais à moyen terme, une paire de devises à 0,88 USD/CHF représente une juste valorisation.
Ramenés vers les destinations de vacances, les touristes suisses ne devraient pas bénéficier de meilleures offres dans la zone euro, mais ils feraient bien d’attendre un peu avant de réserver leurs prochaines vacances aux Etats-Unis, résume Tobias Knoblich.