Le programme de remplacement des arrivées d’eau, visant à empêcher les Montréalais d’ingérer du plomb, nocif pour les jeunes enfants, est beaucoup plus long et plus coûteux que prévu pour la Ville.
En 2024, 2 500 conduites d’eau en plomb auront été changées, un nombre qui diminue d’année en année. Par exemple, en 2018, il y a eu 4 000 remplacements. L’objectif fixé à 5 000 par an n’a jamais été atteint.
Le service de l’eau dit respecter l’échéance de 2032 pour changer les 79 000 conduites identifiées à Montréal. Mais comme il reste encore 41 800 remplacements à effectuer, il faudrait augmenter le rythme jusqu’à 5 200 entrées d’eau par an au cours des huit prochaines années pour y arriver.
« Le principal problème est l’augmentation des coûts. Entre 2019 et 2023, c’est près de 300% d’augmentation», a expliqué Hervé Logé, directeur de la gestion des actifs, lors de la présentation du budget de son service à la Commission des finances et de l’administration, le 28 novembre.
En 2019, chaque remplacement coûtait 6 300 $. En 2023, la facture avait grimpé à 25 000 dollars l’unité, selon les résultats de ce programme publiés en juin 2024.
Combiner les chantiers de construction
C’est surtout maintenir la circulation autour d’un chantier qui coûte cher : augmentation de 443 % entre 2021 et 2023, indique le document du service de l’eau. Ces coûts sont beaucoup plus faibles lorsque les entrées de service sont remplacées en même - que d’autres travaux, comme la réfection de l’aqueduc ou des travaux routiers : le coût unitaire chute alors à 9 500 $.
Cependant, seulement 30 % des remplacements sont effectués lors d’un autre projet.
« Il faut d’abord chercher à réduire les coûts, pour pouvoir ensuite augmenter le nombre de remplacements. Il faudra aussi tenir compte de la capacité des entrepreneurs et de l’acceptabilité sociale, si nous travaillons davantage », indique Hervé Logé.
Jusqu’à présent, 79 000 entrées de plomb ont été identifiées, mais il en reste 45 000 à étudier. Le total des remplacements à effectuer devrait donc augmenter.
“Les projections devaient s’achever en 2022”, a rappelé Vana Nazarian, conseillère d’opposition à la mairie, lundi lors du conseil municipal. « On voit encore des objectifs non atteints et des dates repoussées. »
En attendant leur tour, les Montréalais dont le branchement est en plomb doivent filtrer leur eau. La Ville offre des pichets filtrants à ceux qui en font la demande, un programme qui a coûté 3,6 millions de dollars depuis 2019.
Depuis 2019, les propriétaires doivent changer la partie privée de leurs canalisations en plomb lors du remplacement de la partie municipale. L’entrepreneur mandaté par la Ville peut s’occuper des travaux. Les frais pour les propriétaires sont d’environ 3 700 $ pour une longueur moyenne de 2,6 mètres, indique la Ville. La facture peut être réglée en une seule fois ou étalée sur 15 ans, via le compte des taxes communales.
Le plomb peut nuire au développement intellectuel des jeunes enfants. Il faut donc éviter de les exposer à ce risque, tout comme les femmes enceintes.
Consultez cette carte pour savoir si votre arrivée d’eau est en plomb.
Des compteurs d’eau moins payants
Même si la Ville de Montréal doit payer plus cher pour remplacer les conduites d’eau en plomb, elle tire des revenus moins élevés que prévu des tarifs d’eau, désormais facturés aux propriétés non résidentielles équipées de compteurs.
La consommation calculée par les compteurs d’eau devait rapporter 15 millions en 2024, mais les recettes n’ont atteint que 11 millions, soit 4 millions de moins.
«Les revenus anticipés étaient basés sur des prévisions, mais la consommation a finalement été inférieure à celle prévue», a expliqué la directrice du service de l’eau, Chantal Morissette, lors de la présentation de son budget aux élus de la Commission des finances. et l’administration, fin novembre.
En 2023, les commerces, commerces et institutions, qui consomment le tiers de l’eau à Montréal, ont reçu une facture vierge basée sur leur consommation, pour les informer de la tarification future. Une véritable facture leur a été adressée en 2024, remplaçant la taxe d’eau que tous les propriétaires doivent payer sur leur facture de taxes.
La Ville de Montréal espérait une réduction de la consommation d’eau suite à la facturation, mais il n’y a eu aucun impact, révèle M.moi Morissette.
« La question qu’il faudra à terme se poser est de savoir si le coût tarifé est suffisant pour changer les comportements et réduire la consommation », poursuit-elle.
L’installation des compteurs d’eau a coûté 32,7 millions à la Ville, indique le service des eaux.