(Longueuil) « Il l’a détruit jusqu’à la dernière minute, et il tentait encore de le détruire devant le jury », raconte Sylvie Guertin. Selon elle, sa fille Synthia Bussières a été victime d’un homme « manipulateur » et « très agressif ». Pour éviter un autre fémicide, envoyez un cri sincère aux femmes qui subissent des violences domestiques.
“Sortez de là!” Sortir! Ne parle pas et sors. Vous devez sécuriser votre vie avec vos enfants. Appelez SOS violence conjugale», a insisté Sylvie Guertin devant les médias lundi au tribunal de Longueuil.
Mohamed Al Ballouz – qui s’identifie désormais comme une femme – a été reconnu coupable lundi matin par un jury des meurtres prémédités de ses fils Zac, 2 ans, et Eliam, 5 ans, et du meurtre non prémédité de sa compagne Synthia Bussières. Elle est automatiquement condamnée à perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans.
Pour la mère et la grand-mère des victimes, cette sentence représente la fin d’un calvaire qui a duré deux ans et trois mois. « Justice a été rendue pour Synthia, Eliam et Zac », murmure Sylvie Guertin, le regard perçant. “Maintenant, nous pouvons dormir”, a-t-il poursuivi.
Cela ne fait aucun doute, selon Sylvie Guertin : sa fille a été victime de violences psychologiques de la part de son compagnon. « Il l’avait isolée. Les rares fois où il est venu chez moi, il était très agressif. A plusieurs reprises, ma compagne a dû la remettre à sa place. Que s’est-il passé quand ils étaient seuls ? », a demandé la grand-mère en deuil.
Plusieurs questions restent sans réponse. Pourquoi Al Ballouz a-t-il commis ces trois meurtres ? Y a-t-il eu un contexte de violences conjugales ? Lors du procès, pratiquement rien n’a filtré sur la relation entre la victime et son conjoint. L’accusé a déclaré vaguement qu’ils étaient en processus de séparation depuis un an.
« Synthia était une personne gentille. Elle n’a pas parlé, pourquoi ? Peut-être parce qu’il avait peur ? Y avait-il une menace qu’il fasse du mal aux enfants ? Dernièrement, ma fille n’était plus la fille que je connaissais. C’était triste”, a expliqué M.Moi Guertin.
« J’étais dégoûté ! »
Lors du procès, Al Ballouz a décrit Synthia Bussières comme une tueuse devenue « folle ». Selon cette théorie peu probable, c’est elle qui aurait tué ses enfants avant de tenter de tuer son conjoint. Cependant, Synthia Bussières a reçu 23 coups de couteau au cou, à l’arrière de la tête et aux mains. C’est en effet le père qui a froidement tué ses enfants, les étouffant probablement avec un oreiller.
Sylvie Guertin s’est indignée d’entendre le prévenu présenter ainsi sa fille. « Il n’y a pas de mots pour exprimer à quel point j’étais indigné. Tout ce qu’il a dit pour détruire ma fille. J’étais dégoûté ! Rebelle ! », s’est-il laissé emporter.
À la fin de sa plaidoirie finale, l’accusée s’est présentée de manière théâtrale comme la « mère » des enfants. Des propos qui ont choqué Sylvie Guertin.
« Elle ne sait pas ce que signifie être mère. Cela n’a aucun sens. C’était encore au-delà de l’entendement. C’est un manipulateur. Il a manipulé tout le monde jusqu’à la dernière minute», s’est indignée Sylvie Guertin.
Elle déplore qu’Al Ballouz ait voulu la citer, elle et sa famille, comme témoins au procès. « Cela dépasse toujours l’entendement. Une façon de nous contrôler à nouveau », a-t-il déclaré.
Les commentaires sur la peine à infliger sont attendus mercredi.