Ancien défenseur formé au FC Lorient, Maxime Le Borgne (36 ans) découvre l’arbitrage cette saison. Avec l’envie de devenir le juge qu’il aurait aimé avoir devant lui : ouvert au dialogue et au jeu.
Il semble qu’en près de trois mois d’arbitrage il n’ait pas encore envoyé de carton rouge ni de carton blanc ?
Pas pour l’instant ! J’ai dû jouer une dizaine de matchs (1), dont trois sur le banc. J’ai aussi eu la chance de faire un Chartres-de-Bretagne (R2) – Étrelles (R3), en Coupe de Bretagne. Plutôt sympa pour un arbitre débutant… Mais je n’ai pas eu de situations de grosses fautes, de gros tacles, d’insultes ou de gestes brutaux. Donc pas de carton rouge ! Pas même blanc. Cela ne me dérange pas trop sur le terrain. Peut-être que je leur fais peur (rires). En moyenne, je reçois deux cartons jaunes par match, un de chaque côté.
Ce début d’expérience conforte-t-il votre choix ?
Complètement. Je prends beaucoup de plaisir dans ce que je fais. Même en D2, où je suis arbitre central. J’y ai vu d’excellents joueurs et d’excellentes équipes. Et je n’ai pas encore eu de jeux compliqués. Limite, j’ai hâte de faire une rencontre un peu épicée ! Pour voir comment je vais gérer ça.
Où vous amusez-vous le plus ?
J’aime beaucoup les dialogues. Quand j’étais encore joueur, j’aimais parler aux arbitres, même si ce n’était pas possible avec certains. J’essaie d’expliquer au maximum pourquoi je siffle, lance les cartons… Pour un arbitre c’est bien d’expliquer, mais il ne faut pas non plus trop se justifier. Il faut trouver le bon équilibre, voire se retenir. Nous avons plusieurs réunions sur ce sujet au centre Espoirs du District 35 dont je fais partie (2) pour passer au niveau Ligue la saison prochaine.
Donc vous pourriez déjà arbitrer en championnat la saison prochaine ?
Ça va vite, oui… Le district a confiance en moi par rapport au niveau auquel j’ai joué (Equipe Nationale 2). Ils savent qu’en termes de lecture du jeu, ils sont un peu supérieurs à des collègues qui n’ont jamais joué à un niveau élevé. J’aurai des examens en avril. Quand je suis arrivé à la première rencontre, ils avaient tous déjà huit ans d’arbitrage… Quand j’ai dit que c’était ma première année, ils se sont tous tournés vers moi pour me demander ce que j’étais là (rires).
Où avez-vous rencontré des difficultés depuis vos débuts ?
Je pourrais affiner mon discours. Les mots ne sortent pas toujours naturellement. Il faut éviter les phrases vagues, chaque situation mérite une explication différente. J’ai déjà été observé cette année, on m’a dit que physiquement il n’y avait pas de problèmes, mais que deux ou trois placements étaient à revoir. Petits détails.
Dans quelle mesure être un ancien bon joueur vous aide-t-il ?
Physiquement, oui. Même pour les investissements, soyez très proche des actions. Ils sont rarement à plus de dix mètres. Mon éclaireur m’a même reproché d’être parfois trop près du ballon ! Pour prendre les meilleures décisions, il est plus crédible d’être à moins de dix mètres qu’à 35 mètres. Il y a aussi la lecture du jeu : je sais quand un joueur va faire un centre de 35, 40 mètres, donc j’anticipe mon déplacement pour être le plus près possible du drop-off.
Êtes-vous l’arbitre que vous auriez aimé avoir devant vous en tant que joueur ?
Je pense que oui. Je suis dans le dialogue. Lorsqu’un capitaine vient me rendre visite, je prends le - de lui expliquer. Je suis aussi un arbitre qui laisse beaucoup jouer les joueurs, jusqu’à présent cela ne m’a pas fait de mal.
Avez-vous vu des choses qui vous ont déplu, notamment les tribunes ?
Les fans qui se plaignent font partie du folklore, pour moi. Les arbitres ont toujours été un peu critiqués, même s’ils sont bons. Pour peu qu’on reste respectueux et sans insultes… Mais on voit encore trop d’arbitres attaqués ou insultés, c’est arrivé ici il n’y a pas si longtemps, en D3. Nous ne devrions plus le revoir. Car sans arbitre il n’y a pas de match et donc il n’y a pas de football. C’est aux gens de savoir ce qu’ils veulent samedi et dimanche.
(1) Entretien réalisé le mardi 19 novembre 2024
(2) Le District 35 a choisi quinze candidats arbitres pour la Ligue pour l’année prochaine. Maxime Le Borgne a signé sa licence à l’AS Retiers-Coësmes (R2).
Crédit photo : Photo Nicolas Créach