“Tout le monde dans le club partage un sentiment d’injustice”

“Tout le monde dans le club partage un sentiment d’injustice”
“Tout le monde dans le club partage un sentiment d’injustice”

Une brève suspension du match, un message de l’orateur… mais surtout un profond sentiment d’incompréhension. Retour sur les conséquences de l’interruption du match PSG-OL pour “chants offensants” avec Hermann Ebongue, responsable du dispositif de prévention des discriminations au Parc des Princes.

A la 52e minute, un chœur d’insultes envers les Lyonnais s’élève depuis les tribunes parisiennes. Suite à une injonction du délégué du match, l’arbitre Benoît Bastien a décidé de suspendre le match quelques instants et le speaker a diffusé un message, qui a ensuite été diffusé sur les écrans géants du stade : « Les chants injurieux sont interdits. Le match pourrait être abandonné, voire perdu pour le club. »

Nous parlons de « chansons insultantes » et non de « chansons discriminatoires ». Pour revenir sur ce qui s’est passé et faire la lumière sur l’affaire, il a contacté Pia Clemens Hermann Ebongue. Président de l’association Sportitude et vice-président de SOS Racisme, il est également responsable du dispositif de prévention des discriminations au Parc des Princes.. Il assiste donc à tous les matches et travaille en étroite collaboration avec la direction du club. Et lui aussi, comme de nombreux supporters parisiens, a été remis en question par les faits.

«J’ai été surpris. Il y a beaucoup de choses qui sont totalement incongrues… et j’ai été encore plus surpris par l’attitude du délégué de course, car au fond j’ai peur qu’on se retrouve dans des situations qui pourraient être contre-productives. Finalement, nous n’en sommes plus là. Une chanson « offensante »… Qu’est-ce qu’une chanson offensante ? Quelle est la limite, le cadre, le périmètre, la surface ? Avons-nous besoin d’une liste de mots approuvés ? Même moi, fervent défenseur de ces valeurs, j’avoue que j’étais perdu. Et je ne suis pas le seul. »

Hermann Ebongue a souligné hier soir plusieurs problèmes liés à la situation :

– La manière dont certains journalistes ont mis en avant une situation moins grave
– Le flou qui entoure ce type de cas, avec des règles qui ne sont claires pour personne
– Et, et c’est sans doute le problème principal, une application des règles à géométrie variable, selon l’évaluation du délégué ou arbitre présent, et selon… l’entreprise concernée.

Une situation qui suscite un réel sentiment d’injustice chez les supporters du PSG, qui ont l’impression qu’il ne leur arrive rien alors que les mêmes actes commis dans d’autres stades passent totalement inaperçus. Peut-on encore jurer au Parc des Princes ?

« La question est posée. Je me le demande aussi. Pouvons-nous encore avoir de la place ? J’ai l’impression qu’au Parc des Princes, quoi qu’il arrive, il y a toujours un regard un peu critique, pointé du doigt, alors que le club travaille très, très, très dur pour que le spectacle soit beau, beau et que tout le monde puisse être s’y retrouvent quelle que soit leur singularité. Je me pose la question au fur et à mesure que vous la posez. Et je n’ai pas de réponse. »

Hermann Ebongue estime également qu’au sein du club parisien le sentiment de “deux poids, deux mesures” ressenti par les supporters était largement partagé :

« Oui, tout le monde ressent ce sentiment d’injustice. Tout le monde. Y compris nous, les associations. Parce que le travail que nous faisons, tout ce que nous pouvons capitaliser comme gains, à un moment donné, certaines choses peuvent les annuler. Et le club partage ce sentiment. Je pense que la société est très blessée du fait qu’elle a le sentiment que malgré tous les efforts, le travail, les investissements en amont… on finit par des reproches, croyez-moi, je pense que d’un point de vue humain, c’est déjà insupportable . »

 
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