MONTRÉAL — La dépendance à la nicotine prend de nombreuses formes puisque cet agent addictif se retrouve non seulement dans les cigarettes, mais aussi dans le vapotage. À cela s’ajoute un acteur relativement nouveau : les sachets de nicotine.
Les sachets de nicotine ont la forme d’un petit sachet de thé que l’on place entre la gencive et la lèvre. C’est un produit différent du tabac à chiquer pour lequel il faut constamment cracher.
Les sachets de nicotine sont particulièrement appréciés des sportifs et des professionnels qui souhaitent rester éveillés longtemps. «On voit se profiler à l’horizon un phénomène très important», prévient Alexandre Chagnon, pharmacien et porte-parole officiel du «Défi J’arrête, je gagne».
Selon Chagnon, l’industrie du tabac a développé une nouvelle façon, plus à la mode, de « trouver des adeptes à la dépendance à la nicotine ». Il souligne que des médicaments et des outils sont également disponibles pour les personnes dépendantes aux sachets de nicotine.
Alors que ce produit gagne en popularité, une grande partie de la population aux prises avec une dépendance à la nicotine le consomme sous forme de cigarettes ou de vapotage.
Selon les plus récentes données de l’Institut de la statistique du Québec (ISQ), la proportion de Québécois qui fument la cigarette est en baisse. On estime qu’environ 11 % de la population fume encore des cigarettes.
La plupart d’entre eux souhaiteraient arrêter de fumer, notamment pour prévenir les effets néfastes sur la santé, rester en forme et économiser de l’argent.
Des effets positifs après seulement deux semaines
Depuis 25 ans, plus de 532 000 personnes ont réussi à arrêter de fumer grâce au « Challenge J’arrête, je gagne », qui demande aux participants de ne pas fumer pendant six semaines, ce que parviennent à faire 75 % d’entre eux.
« Certaines études démontrent qu’un arrêt de six semaines multiplie par six les chances d’arrêter définitivement », explique M. Chagnon.
Pour ceux qui sont rebutés par une rechute, le pharmacien souligne que les participants ont réussi à arrêter définitivement de fumer après six ou sept tentatives. “Il faut comprendre qu’un arrêt de six semaines, même si malheureusement on fait ensuite une rechute, est déjà un gain incroyable pour notre santé”, dit-il.
« Après deux semaines d’arrêt complet du tabac ou du vapotage, nous constatons déjà une amélioration en termes de forme cardiovasculaire, cardiaque et pulmonaire. Deux semaines plus tard [avoir arrêté de fumer]c’est plus facile de faire de l’entraînement physique et de faire des efforts soutenus.
Au Québec, le vapotage gagne en popularité, notamment auprès des jeunes. Selon les données de l’ISQ, environ 22 % des personnes âgées de 18 à 24 ans vapotaient en 2023.
M. Chagnon souligne que la grande majorité des vapoteurs au Québec consomment de la nicotine. Il explique que l’agent addictif est donc le même : la nicotine. Il estime que les gens qui vapotent sont actuellement un peu des « cobayes ».
« Ce que je veux dire par là, c’est que nous n’avons pas la même perspective qu’avec les cigarettes. Nous pensons que c’est moins pire que fumer, car la cigarette contient de nombreux produits nocifs qui sont absents du vapotage, mais nous ne sommes pas sûrs à 100 % que cela soit exact. Les effets à long terme devraient être connus d’ici 5 à 10 ans.
Un vapoteur sur deux déclare vouloir arrêter. Le « Challenge J’arrête, je gagne » s’adressait pour la première fois à cette population l’année dernière en acceptant leur inscription. Au total, plus de 3 000 vapoteurs ont participé.
Conscience
M. Chagnon reconnaît que les fumeurs savent très bien que ce n’est pas bon pour leur santé. « Le défi « j’arrête, je gagne » n’est pas qu’une question de prise de conscience car au contraire, je pense que le message passe bien en ce moment. Nous savons que les cigarettes, tout comme le vapotage, ne sont pas bonnes pour la santé. Le défi n’est pas seulement cela, mais aussi de fournir les outils aux personnes prêtes à arrêter de fumer », explique-t-il.
Un soutien, une communauté en ligne d’abandons réussis, un appel, un SMS et des médicaments sont disponibles pour mettre les participants au défi de maximiser leur réussite.
De plus, les pharmaciens québécois jouent également un rôle parfois négligé dans la lutte contre la nicotine. Depuis environ cinq ans, les pharmaciens peuvent prescrire tous les médicaments pour arrêter de fumer. « Avant, on pouvait prescrire des patchs, des chewing-gums, des pastilles. On peut désormais aussi prescrire des médicaments qui se prennent par voie orale et qui sont plus efficaces que les patchs», explique M. Chagnon.
Tout au long de l’année, une personne qui souhaite arrêter de fumer peut consulter un pharmacien qui saura déterminer le meilleur médicament pour l’aider dans sa démarche.
La consultation est gratuite et les médicaments pour arrêter de fumer sont couverts par la Régie de l’assurance santé du Québec.
Cette année, le « Défi J’arrête, je gagne » se déroulera du 3 février au 16 mars. Les personnes qui réussissent à ne pas fumer pendant six semaines courent la chance de gagner un grand prix de 5 000 $. Les personnes intéressées peuvent s’inscrire sur defitabac.ca.
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