Thierry, 58 ans, et Jean-Jacques, 75 ans, ne se sont jamais rencontrés. Mais comme ils ont tous deux été victimes d’un grave accident de la route, le sort les a frappés durement à trois jours d’intervalle. Le 14 novembre 2024, Thierry, bénévole des Restos du cœur, circulait à moto dans le centre-ville de Champdeniers lorsqu’il est entré en collision avec la voiture d’un conducteur de 90 ans. « J’ai juste eu le - de me dire : ‘Ça va frapper fort. » »
Il a frappé fort. « J’ai pris toute ma jambe gauche, mon genou a explosé, ma rotule et mon fémur étaient cassés, tous mes ligaments étaient déchirés. J’ai aussi eu une hémorragie cérébrale, ce qui m’a causé des problèmes de mémoire. » Conscient de la prise en charge des secours, Thierry subit une opération importante. «J’ai des épingles et des sabots partout. » Après deux semaines au service d’orthopédie de l’hôpital de Niort, le quinquagénaire a été transféré au service de suite et de rééducation de Cholet. « On m’a dit qu’une deuxième opération pourrait être nécessaire, mais rien n’est sûr. »
Je marche à nouveau normalement, j’y crois plus trop… Mais je suis une battante, je ne me plains pas, je vis
Thierry
Le 17 novembre, Jean-Jacques, entrepreneur à la retraite, rentrait chez lui d’une exposition organisée par l’Association des Peintres Amateurs de Chauray (Apac). Alors qu’il traversait le passage piéton, il a été violemment percuté par un automobiliste. « J’ai été projeté à 13,80 m, selon la police. Les pompiers m’ont dit que j’étais conscient après l’accident mais pour moi c’était un trou noir. »
Il ne s’agit pas seulement de blessures physiques
Son bassin et sa clavicule étaient fracturés et sa cheville gauche était brisée. “D’abord ils m’ont emmené au CHU de Poitiers car j’avais une épanchement sanguin, puis je suis allé à Niorttémoigne Jean-Jacques depuis sa salle de chirurgie orthopédique. Dans ce malheur, je me rends compte que je suis assez fort à mon âge. Ce matin, je me suis levé pour la première fois, je sais que je vais m’en remettre. »
Après un accident, les blessures ne sont pas seulement physiques, il y a aussi celles, moins visibles, qui mettent le moral à rude épreuve. En parlant au médecin légiste, Thierry a dû se souvenir de l’accident. « Cela m’a fait peur quand je suis entré dans les détails de l’impact. »
Ce n’était pas ma journée. Je marcherai peut-être avec une canne, mais ce n’est pas grave, je vais en profiter encore un moment
Jean-Jacques
Un mois après l’accident, on a ressenti «malade de l’hôpital». Il fait face à la solitude, mais sait qu’il est soutenu par ses proches, « mes amis des Restos du coeur, mes trois enfants ». Thierry pourra-t-il à nouveau marcher normalement un jour ? « Je n’y crois vraiment plus… Je pose la question aux médecins, ils préfèrent ne pas commenter. Mais je suis un combattant, je ne me plains pas, je vis. »
Jean-Jacques veut rester optimiste. Il envisage déjà un retour à une vie « normale ». « Je suis une personne active, je fais beaucoup de choses et j’ai beaucoup de gens autour de moi. Je vais bientôt être transféré dans une maison de retraite, je sais que j’en aurai au moins quatre mois mais cela ne me fait pas peur. » Il le reconnaît « tout le monde était très inquiet » lorsque ses proches ont découvert l’accident. « Moi d’abord, évidemment, mais aujourd’hui j’y vois aussi une opportunité. Ce n’était pas mon jour, peut-être que je marcherai avec une canne, mais ce n’est pas grave, je compte bien en profiter encore un moment. »