Le consommateur israélien subit des hausses de prix économiquement injustifiables.

Le consommateur israélien subit des hausses de prix économiquement injustifiables.
Le consommateur israélien subit des hausses de prix économiquement injustifiables.

JACQUES BENDELAC. Dans toutes les guerres, il y a des profiteurs et Israël ne fait pas exception à cette règle ; sinon, il serait impossible d’expliquer pourquoi le consommateur subit des hausses de prix économiquement injustifiables.

La baisse de l’indice des prix en septembre (-0,2%) est suffisamment rare pour être soulignée, et pour cause : les prix en Israël ne baissent quasiment jamais. Au cours des douze derniers mois, le taux d’inflation est resté élevé (3,5%).

Depuis le début de la guerre, les hausses de prix ont été constantes et similaires, tandis que les bénéfices des entreprises ont grimpé en flèche. Le phénomène porte désormais un nom en français : « cupideflation », traduction du terme anglais « greedflation » (de l’anglais aviditécupidité) qui désigne la stratégie avec laquelle les industriels, distributeurs et producteurs alimentent l’inflation en gonflant leurs marges.

En d’autres termes, les entreprises profitent de la guerre pour augmenter les prix et accroître leurs profits.

Profiteurs de guerre

S’il est logique que les prix de détail augmentent lorsque les coûts de production (tels que le transport, l’énergie et les matières premières) augmentent, l’inverse devrait également être vrai. Cependant, les prix ne baissent presque jamais en Israël, même lorsque les coûts de production baissent.

En 2024, la hausse des prix en Israël porte donc bien son nom : la cupidflation. De nombreuses entreprises se sont cachées derrière la guerre pour augmenter artificiellement les prix et réaliser d’importants bénéfices.

En d’autres termes, c’est la marge bénéficiaire des entreprises qui est responsable en grande partie de la hausse des prix en Israël. Dans toutes les industries dominées par un monopole ou un petit nombre de producteurs, les profits ont grimpé en flèche et les prix ont suivi.

Consommateur coupable

Dans leur vie quotidienne, les Israéliens sont de plus en plus confrontés à des hausses de prix exagérées. Pour preuve : dans les secteurs de l’aviation (El Al), de la distribution (Shufersal), de l’alimentation (Strauss, Tnuva) et de l’habillement (Castro), les grandes entreprises israéliennes ont réalisé des bénéfices exceptionnels au semestre 2024 et la tendance se poursuit.

Certains diront que le consommateur est responsable de la hausse injustifiée des prix ; rien ne l’oblige à acheter un produit qui lui semble cher. Ceci est vrai en théorie mais difficile à réaliser en pratique.

Les producteurs savent bien que les Israéliens ne pourront guère se passer de tomates, de voyages à l’étranger ou de cadeaux pour les vacances ; Surtout en - de guerre, le consommateur ne prend pas la peine de boycotter un article coûteux pour en baisser le prix. De nombreux producteurs et distributeurs l’ont immédiatement compris et en ont profité pour faire monter les prix, bien au-delà de l’augmentation des coûts de production.

La guerre actuelle est en fait un prétexte pour augmenter les prix ; dans un contexte de tensions, les consommateurs ne réagissent pas face à la cherté de la vie et le gouvernement de Benjamin Netanyahu a encore du pain sur la planche…

Les entreprises israéliennes sont donc devenues adeptes de la cupidité ; ça aurait été dommage de ne pas en profiter…

TOI

à propos de l’auteur

Jacques Bendelac est économiste et chercheur en sciences sociales à Jérusalem, où il vit depuis 1983. Il est docteur en économie de l’Université de Paris. Il a enseigné l’économie à l’Institut supérieur de technologie de Jérusalem de 1994 à 1998, à l’Université hébraïque de Jérusalem de 2002 à 2005 et au Collège universitaire de Netanya de 2012 à 2020. Il est l’auteur de nombreux ouvrages et articles consacrés à Israël et aux questions israéliennes. . -Relations palestiniennes. Il est notamment l’auteur de « Les Arabes d’Israël » (Autrement, 2008), « Israël-Palestine : demain, deux États partenaires ? » (Armand Colin, 2012), « Israéliens, hypercréatifs ! » (avec Mati Ben-Avraham, Ateliers Henry Dougier, 2015) et « Israël, mode d’emploi » (Edizioni Plein Jour, 2018). Dernier ouvrage publié : « Les années Netanyahou, le grand changement en Israël » (L’Harmattan, 2022). Il commente régulièrement l’actualité économique au Moyen-Orient dans les médias français et israéliens.

 
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