Quelques heures après la chute de la dictature de Bachar al-Assad en Syrie, Israël a immédiatement lancé une vaste opération terrestre dans le sud de la Syrie pour s’emparer de nouveaux territoires dans le Golan syrien.
Envahi en 1967, le plateau du Golan a fait l’objet d’un différend avec la Syrie pendant plusieurs années, avant qu’un accord de règlement ne soit signé en 1974 après la guerre du Kippour. En quelques heures, les forces israéliennes se sont emparées du couloir démilitarisé d’environ 3,5 kilomètres de large qui séparait la zone israélienne du territoire syrien et ont procédé à plusieurs incursions en territoire syrien. Une attaque sans précédent depuis 1973.
L’armée israélienne s’est emparée de la position stratégique du mont Hermon. Haute de 2 814 mètres et située à 40 kilomètres de Damas, sa prise met les habitants de Damas à portée de tir tout en permettant à Tsahal de menacer le Liban et la Bekaa. Selon le média pro-israélien I24 News, Tsahal a également fait une percée ce matin vers Damas, positionnant ses chars à moins de 20 kilomètres de la ville, autour de la ville de Qatana.
Plus inquiétant encore, Tsahal a lancé dans la nuit de lundi à mardi une série de raids aériens massifs sur la Syrie, touchant plus de trois cents cibles : plusieurs bases des forces loyalistes, un centre de recherche près de Damas et des dépôts de munitions. dans tout le pays. La marine israélienne a également coulé la flotte syrienne et bombardé massivement la région côtière du nord de la Syrie.
Alors que le Premier ministre israélien comparaissait mardi à son procès pour corruption, il a réaffirmé, lors d’une conférence de presse la veille, que le Golan appartenait à Israël. pour l’éternité » tout en justifiant l’invasion d’une partie du sud-ouest syrien et les bombardements massifs du territoire par des raisons de sécurité. Les frappes auraient pour objectif d’empêcher les stocks d’armes de l’armée loyaliste de tomber entre ” mauvaises mains ».
Israël pousse ainsi encore plus loin ses forces d’intervention. Après avoir profondément déstabilisé la région et affaibli l’aile libanaise de ce que l’on appelle « l’Axe de la Résistance » iranienne, un partisan crucial du régime de Bachar al-Assad, Israël tente désormais de profiter de l’effondrement de la dictature. Le régime israélien entend saisir immédiatement l’opportunité qui s’offre pour étendre son contrôle territorial sur la Syrie. La chute du régime offre à Netanyahu une fenêtre d’opportunité pour affaiblir à nouveau les groupes pro-iraniens dans la région, la Syrie étant une zone de transit cruciale pour les approvisionnements du Hezbollah, et pour poursuivre son œuvre de démantèlement des États. voisins. Mais si l’État israélien peut espérer des gains tactiques à court terme et des bénéfices immédiats d’un changement de régime, l’instabilité au Liban et en Syrie et le risque de propagation à d’autres pays, comme l’Irak ou le Yémen, pourraient à moyen terme donner lieu à des changements de régime. des forces qui lui sont très hostiles.
Au-delà des intérêts stratégiques israéliens, l’opération militaire en Syrie est, comme bien souvent, liée à la vie politique interne du pays. Alors que son procès s’ouvre et que Benjamin Netanyahu est confronté à des vagues de mobilisations massives depuis le début de la guerre à Gaza, il répond une fois de plus aux critiques intérieures en élargissant la guerre et en opposant une riposte militaire aux scandales qui le visent. En outre, l’occupation d’une nouvelle partie du Golan lui permet de consolider le soutien de l’aile la plus radicale de l’extrême droite israélienne, désillusionnée par le cessez-le-feu au Liban, qui considère que des pans importants du territoire syrien font partie du « Grand Israël”.
Une fois de plus, avec le soutien inconditionnel des puissances impérialistes, Israël profite du désordre régional qu’il a lui-même créé pour faire avancer ses positions au Moyen-Orient et son projet colonial. Une nouvelle agression réactionnaire qui témoigne du danger mortel que représente Israël pour les travailleurs et les classes populaires de la région et qui doit être dénoncée avec force.