Élus, associations, commerçants… Tous partagent un constat : la pauvreté s’accroît dans la Ville de Saint-Brieuc. « La ville présente une plus grande concentration de ménages modestes et une plus forte concentration de pauvreté que le reste du territoire », résume l’agence urbaine Adeupa dans sa stratégie Saint-Brieuc 2040.
Une seule donnée illustre ce diagnostic : 21 % des ménages briochiens vivent sous le seuil de pauvreté.
le taux le plus élevé pour une ville moyenne de Bretagne, à égalité avec Lorient et Rennes.
Un chiffre qui « cache parfois d’énormes disparités locales », rappelle l’Observatoire des inégalités dans son dernier rapport sur la pauvreté. C’est le cas à Saint-Brieuc, où la pauvreté est bien plus grande d’un quartier à l’autre.
Quartiers avec le taux de pauvreté le plus élevé à Saint-Brieuc
Dans le quartier Europe, le taux est de 42%. Le district du Plateau arrive en troisième position, avec un taux de pauvreté de 37 %, suivi des districts de Ginglin (33 %) et du Point-du-Jour (30 %).
Dans ces quartiers, un habitant sur dix vit avec moins de 800 euros par mois, ce qui représente près d’un millier de Briochins. Des ménages très modestes présents ailleurs à Saint-Brieuc, mais en bien moindre nombre. Par exemple, le taux de pauvreté n’est que de 9 % à Saint-Michel Est ou Cesson.
Des inégalités qui se sont creusées
Ces inégalités de revenus entre quartiers sont donc bien ancrées. Ils se sont même accentués ces dernières années. Si le taux de pauvreté reste stable dans les quartiers les plus riches, il explose dans ceux déjà en difficulté économique. A Ville-Oger, il est passé de 41,2 % à 51 % en moins de 10 ans. Un taux qui a augmenté de 9 points dans le quartier Europe et de près de 8 points à Ginglin.
En revanche, les Briochins aux revenus les plus faibles gagnaient en moyenne 10 % de plus en 2021 qu’en 2013, notamment grâce à l’indexation des prestations sociales sur l’inflation (8 % cumulés).
La redistribution atténue l’ampleur de la pauvreté à Saint-Brieuc. Pour preuve, dans un premier -, un quart des habitants de Ville-Oger touchait moins de 280 euros par mois en 2021. Un chiffre qui monte à 885 euros après versement des prestations sociales. Mécaniquement, les habitants les plus riches de Saint-Brieuc voient leurs revenus diminuer après redistribution. “Notre modèle social, avec les minima sociaux, le salaire minimum, les allocations, les retraites et autres éléments continuent de protéger, pour éviter le pire”, souligne l’Observatoire des inégalités.
L’impact des politiques de réaménagement urbain en question
Tous ces chiffres dessinent une géographie économique et sociale de la capitale costaricienne, mais ne doivent pas stigmatiser un quartier et ses habitants. L’Observatoire des inégalités explique que « leur objectif est que chacun puisse avoir en main un état des lieux qui lui permette de juger de la situation sociale sur la base de faits rigoureusement établis, sans exagération », et d’alimenter les futures politiques publiques.
Ces derniers sont déjà à l’œuvre depuis de nombreuses années, à Saint-Brieuc, avec la rénovation urbaine de Balzac notamment, qui a vu ses tours HLM, construites en 1965, démolies pour dédensifier le quartier et créer de la mixité sociale. Au démarrage du programme, ses effets étaient déjà visibles en 2021 : le quartier du Plateau est le seul dont le taux de pauvreté a baissé récemment.
En revanche, le vaste programme de réhabilitation urbaine entrepris de 2006 à 2016 dans le secteur Europe n’a pas empêché la pauvreté de gagner du terrain dans le quartier. Un bilan valable également pour la Croix-Saint-Lambert.
* Le seuil à partir duquel une personne est considérée comme pauvre dépend des ressources disponibles après impôt pour une personne adulte (le niveau de vie) dont dispose la moitié de la population. Il est d’usage de fixer le seuil de pauvreté à 60 % de ce niveau de vie médian. En 2022, cela correspond à 1 216 euros par mois pour une personne seule.
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