Selon les agences de presse russes, Bachar al-Assad aurait trouvé refuge à Moscou après avoir fui Damas.
Le Kremlin a refusé de commenter cette information.
Un exil aux côtés de Vladimir Poutine semble probable, tant les liens entre les deux hommes se sont renforcés ces dernières années.
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Syrie : la chute du régime de Bachar al-Assad
“Je n’ai rien à vous dire sur les allées et venues du président Assad”. Assailli par des questions sur la présence du dirigeant syrien à Moscou, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, est intervenu lundi. Mais c’est un secret de polichinelle : les agences de presse russes ont annoncé dimanche soir, citant une Source au sein de la présidence, que le dictateur déchu et sa famille se trouvaient dans la capitale. Une base presque évidente pour celui qui, au fil des années, a (survécu) au large de la Russie.
Lorsqu’on lui demande si Vladimir Poutine a personnellement pris la décision d’accorder refuge à Bachar al-Assad, Dmitri Peskov s’est montré évasif : «de telles décisions ne peuvent être prises sans le chef de l’État. (…) je n’ai plus rien à te dire« Mais les faits parlent d’eux-mêmes puisque dimanche après-midi, un avion a été aperçu décollant de la base aérienne russe de Lattaquié, en Syrie, en direction de la Russie. Une route que le dictateur connaît bien : Bachar al-Assad s’était déjà rendu à Moscou en juillet dernier, pour apaiser les relations entre les deux pays. Un partenariat de longue date Plus précisément l’époque de l’Union soviétique et la guerre entre l’Iran et l’Irak. les années 1980.
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A l’époque, Léonid Brejnev et Hafez al-Assad, le père de Bachar qui avait pris le pouvoir après un coup d’État, avaient signé un accord « Traité d’amitié et de coopération » établissement « liens stratégiques particuliers« . Ces “privilèges», Bachar al-Assad n’aura plus qu’à les cultiver lors de son arrivée au pouvoir en 2000. Il faudra attendre 2005 pour une première rencontre à Moscou avec Vladimir Poutine. Moscou et Damas affichent alors leur détermination à renouer des liens privilégiés de l’époque de l’URSS. La Russie accepte d’annuler 73 % de la dette syrienne.
Il faudra attendre une dizaine d’années pour découvrir à quel point la Russie est devenue essentielle à la survie du régime. En 2015, grâce à l’armée de Poutine, les forces syriennes parviennent à inverser le cours de la guerre et reprennent le contrôle d’une grande partie du pays en proie à une rébellion jihadiste protéiforme.
Bases stratégiques sur le sol syrien
Les résultats des frappes russes s’avéreront dramatiques. Notamment lors de la première année de l’intervention militaire de Moscou en Syrie, avec 9 364 morts dont 3 804 civils (906 enfants, 561 femmes et 2 337 hommes), selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme. Au total, sur les sept dernières années, les bombardements russes en Syrie ont fait plus de 21 000 morts, dont 8 697 civils dont 2 112 enfants, selon l’OSDH.
Dans le même -, l’armée de Moscou en profitera pour s’implanter sur le sol syrien. Elle dispose notamment d’une base navale stratégique à Tartous, ouverte sur la Méditerranée, d’un aérodrome militaire à Hmeimim et plusieurs milliers de soldats russes sont présents, selon les experts occidentaux. “Ces bases jouent un rôle dans les efforts de la Russie pour projeter sa puissance non seulement à l’intérieur de la Syrie, mais aussi dans toute la région, notamment en Libye, au Soudan et dans d’autres parties de la région. ‘Afrique», explique le Soufan Center, basé à New York, dans une note.
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Les liens entre les deux pays ne sont pas seulement militaires. Damas et Moscou ont signé plusieurs accords ces dernières années dans les domaines de l’énergie, de la construction et de l’agriculture. La société russe Stroytransgaz a ainsi obtenu la gestion pour une durée de 49 ans du port de Tartous. Cette même société a signé un accord pour la production de phosphate dans la région de Palmyre (centre). En mars 2020, un contrat d’une valeur de 22 millions de dollars a également été conclu entre Damas et Stroytransgaz, selon le site économique The Syrie Report. Il autorise la société russe à déminer, réhabiliter, explorer et développer les champs pétroliers d’Al-Thawra (est), tout en bénéficiant d’une exonération fiscale, selon le site. Ce dernier ajoute que la Syrie a attribué quatre autres contrats d’exploration de gisements pétroliers à plusieurs sociétés russes, entre septembre 2019 et janvier 2020.