La mort de Denis Brihat, photographe ermite

La mort de Denis Brihat, photographe ermite
La mort de Denis Brihat, photographe ermite
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Denis Brihat, dans son atelier de Bonnieux (Vaucluse), en novembre 1990. PATRICK BOX / OPALE.PHOTO

Denis Brihat, qui a passé la majeure partie de sa vie dans le Luberon, au plus près de la nature, a photographié les oignons de son jardin pendant près de soixante ans. Il ne s’en lasse jamais « compagnons de longue durée » qu’il transformait en bijoux précieux, magnifiés dans des tirages mettant en valeur leurs infinis détails, les transparences des différentes couches, les ondulations échevelées de leurs peaux. Dès la fin des années 1950, ce photographe se taille une place unique dans l’histoire de la photographie française en axant son travail sur les natures mortes de plantes, s’efforçant de sortir la photographie du livre pour l’afficher au mur, souvent en grand format. format, en utilisant toutes les ressources du travail de laboratoire. Il est décédé à Bonnieux (Vaucluse) le 3 décembre, à l’âge de 96 ans.

Né en 1928, Denis Brihat s’éloigne rapidement de sa famille bourgeoise et de ses études – il aimait dire qu’il avait « bac moins trois ». Il tente des cours à l’école de photographie de la rue de Vaugirard, à Paris, mais abandonne au bout de trois mois, dégoûté par les concepts et les méthodes démodées qui y règnent : il apprend son métier sur le tas. Son maître était déjà Edward Weston (1886-1958), photographe moderniste célèbre pour la précision et la délicatesse de ses tirages, dont il admirait les œuvres dans une galerie parisienne lors de son service militaire : Denis Brihat pressentait qu’il était possible de créer des « peintures photographiques ». » capable de rivaliser sur le mur avec les tableaux des peintres. Une conviction renforcée par sa camaraderie, au début des années 1950, avec le groupe Espace, qui comprenait des artistes et des architectes.

Grâce à Robert Doisneau (1912-1994), il rejoint l’agence Rapho, comme correspondant sur la Côte d’Azur, avant d’entamer un long voyage initiatique en Inde. Les photos qu’il rapporte lui permettent de remporter le prix Niépce en 1957, après Jean Dieuzaide et Robert Doisneau. Mais les métropoles indiennes l’ont vacciné contre la vie urbaine, et le constat ne lui convient pas : il prend alors la décision radicale de s’installer dans le Luberon, dans une cabane du plateau isolé des Claparèdes, sans eau ni électricité – pour rincer ses tirages, il il faut utiliser le lavoir du village.

Comme un peintre

Immergé seul dans la nature, il abandonne tout travail de commande pour se concentrer sur la splendeur des paysages et la minutie des plantes qui l’entourent. L’écoute de la musique de Bach, pour lequel il se passionne, lui donne l’idée d’aborder sa photographie sous forme de « variations » autour d’un thème – ce qui donnera lieu à un premier portfolio, entièrement consacré au citron, imprimé à 50 exemplaires en 1953.

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