De qui Ursula von der Leyen a-t-elle peur ?

De qui Ursula von der Leyen a-t-elle peur ?
De qui Ursula von der Leyen a-t-elle peur ?

Ursula von der Leyen ne se rendra finalement pas à la cérémonie de réouverture de Notre-Dame. C’est surprenant, car les dirigeants du monde entier se ruent à Paris pour figurer sur la photo. C’est « the place to be », comme on dit en bon français. Ils sont venus, ils sont tous là. Alors pourquoi pas Ursula ?

Hyperdulie et jalousie

Une première hypothèse pourrait être que la Vierge Marie laisse assez froid le très luthérien président de l’Europe. En bonne protestante, elle est peut-être agacée par l’hyperdulie catholique.

A moins qu’elle nourrisse une secrète jalousie à son égard : on se souvient qu’en 2017, Jean-Luc Mélenchon avait exigé que le drapeau européen soit retiré de l’Hémicycle, non par crainte de le voir supplanter symboliquement le drapeau tricolore. , mais en raison de son caractère… confessionnel : il lui reproche ses 12 étoiles d’or sur un manteau bleu (couleur vierge, s’il en est). Il est vrai que l’auteur du dessin, un haut fonctionnaire du nom d’Arsène Heitz, était apparemment un fervent catholique. Bien des années plus tard, il avoue s’être inspiré de la « médaille miraculeuse » au dos de laquelle on retrouve douze étoiles d’or, comme celles qui couronnent la femme de l’Apocalypse… et la Vierge sur le tableau de Zurbaran. Comme Blanche-Neige des frères Grimm, Ursula von der Leyen interroge peut-être son miroir : est-elle vraiment la reine de l’Europe ou est-ce que quelqu’un d’autre, bien au-dessus, la supplante ?

La mule du pape

On ne peut cependant pas dire que l’Europe, et en particulier la fille aînée de l’Église, n’a pas tout fait pour l’effacer : c’est le président Chirac qui s’est battu comme un lion pour que soit supprimée la référence aux « racines chrétiennes » de l’Europe, en 2004, à partir du projet de préambule de la Constitution européenne. Après plusieurs années de lutte acharnée et de controverses, le président français a atteint ses objectifs. En 2019, lors d’un voyage en Bulgarie, le pape François, alors qu’un journaliste italien lui tendait son livre Sauver l’Europeavait lancé une phrase énigmatique à ce sujet : « Ils n’ont pas voulu citer les racines chrétiennes, mais Dieu s’est vengé ! » De quoi parlait-il ? Faut-il voir rétrospectivement une prophétie de l’incendie de Notre-Dame, mais aussi de l’impuissance destructrice frappant cette Tour de Babel qu’est devenue l’Europe ? Est-ce pour cela que le souverain pontife s’est déclaré malade pour l’inauguration de Notre-Dame ? C’est possible. Les papes sont parfois comme la mule du même nom dans le conte d’Alphonse Daudet : rancuniers.

Kamikaze

Mais le plus probable est qu’Ursula von der Leyen ait eu peur. Devenir une star en alors qu’on vient de signer le Mercosur, c’est oser. Même des kamikazes. Elle n’a pas peur du gouvernement français. Puisque Noël est la saison des contes, après Blanc comme neige et La mule du papeon peut en trouver d’autres : l’ancien Premier ministre Michel Barnier ressemble Sapin d’Andersen : il était si fier d’être sorti de l’anonymat de la forêt, orné, décoré, célébré, illuminé, il n’imaginait pas que la fête serait si courte et qu’il serait brutalement replongé dans l’obscurité du grenier . Quant au toujours président Emmanuel Macron, qu’il doive insister sur le fait qu’il ne démissionnera pas montre qu’il y a bien un sujet. C’est le petit dauphin de Lettres de mon moulinconvaincu d’être protégé par la Constitution : « Tu oublies que je suis le dauphin et que les dauphins ne peuvent pas mourir comme ça » : « Hé, je ne veux pas que la mort vienne me prendre, et je saurai l’empêcher d’arriver ici… Amenons immédiatement quarante lansquenets très forts pour monter la garde autour de notre lit !… Qu’une centaine de gros canons veillent la nuit et le jour, des mèches allumées, sous nos fenêtres et malheur à mort s’il ose s’approcher ».

Non, ce ne sont pas ces dirigeants de sous-classes que craint Ursula von der Leyen, elle leur a assez tordu le bras par le passé… mais sans doute les agriculteurs ? Ils auraient pu l’attendre avec leurs fourches, comme les croquants d’autrefois, les « Paysans à Paris » du Contes du lundi. Car ils ne sont pas du genre, justement, à se laisser avoir.

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