La baisse des prix depuis le début de l’année est principalement due à un marché qui connaît un ralentissement marqué. « La seule façon pour les opérateurs de se développer est de rechercher des abonnés chez la concurrence », selon un analyste.
Il s’agit d’une spécificité européenne, mais aussi française : les prix des abonnements de téléphonie mobile sont particulièrement bas, et la baisse se poursuit en France dans un contexte de « guerre des prix » entre opérateurs, dans un marché mature.
Les offres en ligne se multiplient, où les forfaits mobiles semblent avoir un prix de plus en plus bas et une quantité de data de plus en plus importante. Selon le baromètre mensuel du comparateur de prix en ligne Ariase, le prix moyen d’un abonnement mobile avec 10 Go inclus s’établit à 10,68 euros, soit une baisse de 38% sur un an.
Les prix des abonnements fixes et internet ont également baissé de près de 13% sur un an, à 28,51 euros par mois.
« À l’échelle mondiale,
les prix en Europe sont encore très bas
par rapport aux prix dans d’autres régions du monde, notamment par rapport aux États-Unis. Et en Europe, la France est particulièrement pauvre tant sur le fixe que sur le mobile», précise le
AFP
Romain Bonenfant, directeur général de la Fédération française des télécommunications (FFT).
Les quatre opérateurs français – Orange, Bouygues Telecom, SFR et Free, accompagnés pour les trois premiers de leurs marques low-cost Sosh, B&You et Red by SFR – s’alignent régulièrement sur des prix qu’ils baissent à leur tour. « Il est clair que nous y sommes
une phase (de guerre des prix) assez intense, notamment à partir de l’été
», observe Sylvain Chevallier, spécialiste en télécommunications et associé du cabinet de conseil Bearing Point.
Une situation liée à l’augmentation de la concurrence sur le marché depuis l’arrivée de Free en 2012,
sept ans après la condamnation de SFR, Orange et Bouygues Telecom pour entente illégale.
Marché en net ralentissement
Mais la baisse rapide des prix depuis le début de l’année est principalement due à cela.
un marché qui connaît au contraire un certain ralentissement
. Selon le dernier rapport trimestriel publié début octobre par l’Autorité de régulation des communications et des postes électroniques (Arcep), le nombre d’abonnements à la téléphonie mobile est passé de 75,5 millions à 76,5 millions en un an. Quant aux abonnements fixes, leur nombre a augmenté de 1%.
Une augmentation « ridicule » par rapport aux années précédentes
commente Sylvain Chevallier. Selon l’Arcep, ce ralentissement de la croissance des forfaits mobiles s’observe à partir du quatrième trimestre 2022.
« Dans un marché qui ne croît plus,
la seule façon pour les opérateurs de se développer est de rechercher des abonnés auprès de la concurrence
», poursuit l’analyste de Bearing Point. Et donc de baisser les prix. Une dynamique facilitée par le secteur.
«C’est une économie sur les coûts fixes, sur les télécommunications», explique Romain Bonenfant.
Une fois que vous avez un réseau installé, ayez plus ou moins de clients
,
Cela n’entraîne pas beaucoup de coûts supplémentaires. »
Quant aux clients, eux aussi sont de plus en plus libres de passer d’un opérateur à l’autre. Selon le rapport de l’Arcep, “le pourcentage de forfaits sans engagement (…) continue d’augmenter”, atteignant 79% au deuxième trimestre 2024, soit trois points de plus en un an.
Mais ce nivellement par le bas n’a pas les mêmes implications pour les traders. Alors que trois des quatre opérateurs ont enregistré une hausse du nombre d’abonnés mobiles au troisième trimestre,
SFR voit ses chiffres baisser à nouveau.
Face à cette répartition incertaine du marché, la diversification des activités des opérateurs se poursuit, en s’orientant notamment vers les nouvelles technologies. Par exemple, Orange a annoncé lundi le lancement d’un nouveau
offre d’intelligence artificielle pour les entreprises.
Et cette stratégie pourrait s’avérer payante. Car selon l’analyste Sylvain Chevallier le niveau des prix pourrait « difficilement baisser ». “Par contre, ça peut durer longtemps.”