Tahiti, le 3 décembre 2024 – Le Cesec a émis ce mardi matin un avis favorable mitigé sur le schéma directeur de l’action sociale et médico-sociale du pays pour les cinq prochaines années. En cause, la procédure d’urgence utilisée une nouvelle fois par le gouvernement sur un dossier particulièrement dense. De ce fait, les questions sur le calendrier et les moyens humains et financiers nécessaires à la réussite de ce plan, ainsi que sur sa « faisabilité » dans les délais impartis, restent sans réponse.
Pourrait faire mieux. C’est en substance l’appréciation des membres du Conseil économique, social, environnemental et culturel (Cesec) sur copie de la ministre des Solidarités, Chantal Galénon, concernant sa politique d’action sociale. Les débats ont été assez brefs ce mardi matin au Cesec, chargé de donner son avis sur le schéma directeur d’action sociale et médico-sociale du Pays pour les cinq prochaines années. Si les représentants de la société civile s’accordent sur le contenu de ce document qui mériterait néanmoins d’être exploré plus en profondeur, ils ont surtout regretté la méthode utilisée. Ce n’est pas la première fois que des membres du Cesec se plaignent de la procédure d’urgence souvent utilisée par le gouvernement.
“C’est un avis traité en urgence donc on ajoute de la difficulté à la difficulté”a par exemple regretté Jean-François Benhamza qui a exprimé le souhait (pieux ?) de changer de méthode en 2025. « On se demande pourquoi nous y sommes favorables. Je me rends compte qu’il n’y a que des doutes”» a ajouté Makalio Folituu, concédant toujours que ce texte était “nécessaire” et que ce n’était pas nécessaire “ne pas tout rejeter complètement”. Félix Fong a également exprimé des doutes quant à la mise en œuvre de ce plan d’action. « Cela commence l’année prochaine, mais nous n’avons ni l’argent ni le personnel » il a soutenu, estimant que le gouvernement avait mis « la barre est un peu haute ». Même son de cloche chez Thierry Mosser qui insiste sur l’indispensable transversalité à mettre en place entre les ministères, notamment celui des Finances qui n’a pu être entendu par la commission.
Un projet ambitieux mais des moyens insuffisants
Dans son avis, le Cesec regrette donc que « les 27 actions du projet de schéma directeur ne font pas l’objet d’une estimation complète des ressources humaines et financières correspondantes »estimant en outre que l’enveloppe de 187 millions de francs allouée au démarrage en 2025 apparaît « très modeste ». Un avis qui souligne également le « besoin immédiat de 60 travailleurs sociaux », alors que seulement 11 postes sont budgétisés pour 2025 à la Direction de la Solidarité, de la Famille et de l’Égalité (DSFE).
Le Cesec recommande même de créer un « école dédiée » et « Brevets polynésiens » pour rendre ces métiers encore plus accessibles. Mais aussi, et comme le préconise la Chambre Territoriale des Comptes, l’élaboration d’un « code d’action sociale » d’établir la sécurité juridique de ses actions.
En résumé, les représentants de la société civile saluent un plan directeur “ambitieux” et “nécessaire” mais je regrette que les ressources humaines et financières ne suivent pas. Ils ont cependant adopté à l’unanimité un avis favorable.