©AFP/LUDOVIC MARIN
– John Elkann (à droite), président exécutif de Stellantis, devient le nouveau capitaine par intérim du groupe, suite à l’éviction du directeur général Carlos Tavares (à gauche).
Avertissement de tempête à Stellantis, là où le capitaine a quitté le navire ! Carlos Tavares, le directeur général du constructeur automobile, a démissionné avec effet immédiat ce dimanche 1er décembre. Un départ précipité qui ébranle tout le secteur, même si le patron ne devait pas prendre sa retraite avant un an. Mais, « plusieurs points de vue différents » avec le conseil d’administration du groupe de 15 marques a donc fait tomber Carlos Tavares de son piédestal.
Son départ laisse Stellantis dans une position délicate. Si l’ancien PDG, qualifié de cost-killer, avait su redresser le groupe PSA et le conduire à la création de Stellantis (fusion avec Fiat Chrysler en 2021), sa gestion autoritaire et le turnover incessant des managers ont créé des fractures internes. Le distributeur automatique de billets qu’il avait construit est également au point mort cette année, notamment en raison de baisses importantes des ventes et des marges aux Etats-Unis et en Europe. Sa stratégie encore hésitante en matière de voitures électriques, combinée à des partenariats audacieux avec des acteurs chinois, n’a pas forcément réussi à faire briller les marques. De nombreux observateurs rappellent enfin son obsession de la baisse des coûts de production, et le manque de compétences internes en logiciels. Les projets seront donc nombreux pour le successeur de Tavares, et le terrain est plutôt miné.
Carlos Tavares : viré de Stellantis, l’ex-patron va-t-il empocher des dizaines de millions d’euros ?
Quel est le candidat idéal pour succéder à Carlos Tavares ?
Le conseil d’administration de Stellantis n’a visiblement pas encore désigné de remplaçant définitif. Ce sera donc John Elkann, le discret héritier de l’empire Fiat et de la famille Agnelli (qui détient environ 14% du groupe) qui assurera l’intérim manager, le temps qu’il nomme un nouveau directeur général, au cours du premier semestre 2025. Mais qui serait le candidat idéal pour à la fois restaurer les marges et améliorer le cours de bourse ? Tout en apaisant les tensions croissantes en Italie, entre l’actionnaire de référence, la holding Exor de la famille Agnelli, et les syndicats. Plusieurs noms circulent, notamment de dirigeants internes et externes, sans pour autant s’imposer comme favoris.
Il y a tout d’abord Jean-Philippe Apprisdirecteur général de la marque Alfa Romeo depuis 2021. A 58 ans, il incarne à lui seul l’expérience et la persévérance, grâce à ses trois décennies passées au sein de PSA. Ce manager gravit les échelons, devenant patron de Peugeot et Citroën, avant de prendre les rênes du constructeur italien. Son parcours démontre sa capacité à gérer des marques dans des contextes exigeants et à faire le point sur les enjeux du secteur. Toutefois, sa carrière étroitement liée à PSA n’est pas sans susciter quelques interrogations. Comme Carlos Tavares, Jean-Philippe Imparato pourrait être vu comme un symbole de continuité plutôt que de renouveau…
Carlos Tavares : Stellantis a prévu une belle retraite, nette d’impôts, pour le futur ex-patron
Olivier Françoisactuel PDG de Fiat et Abarth, s’est imposé en interne comme l’autre candidat sérieux au poste de PDG de Stellantis. A 61 ans, il semble capable de relancer les ventes en Amérique du Nord, grâce à sa connaissance du marché local, où il a dirigé Chrysler pendant plusieurs années. Mais l’ancien directeur général de DS Automobiles est avant tout un « marketeur » qui s’est illustré à plusieurs reprises à travers les campagnes publicitaires qu’il a financées lors du Super Bowl. Cela pourrait constituer un frein, car le groupe doit avant tout faire face à des défis industriels.
Car Stellantis devrait une nouvelle fois rechercher un profil cost-killer. Et il y en a un, très connu, dans le paysage automobile… L’hypothèse la plus folle serait en effet de voir Luca de Meole patron du groupe Renault, passez à la compétition ! A 57 ans, cet artisan du redressement spectaculaire de l’ancienne société de gestion vient d’obtenir de très bons résultats et de mener à bien son plan Renaulution. Ceci, avant même la tornade de profits attendue avec les petites R5 et R4 électriques. Luca de Meo revient également pour quatre ans à la tête de Renault, jusqu’en 2028, une décision amplement justifiée au vu de la transformation du groupe, de la réduction de son endettement, et donc du rétablissement de sa rentabilité. Les actionnaires ont également confirmé une augmentation de la rémunération de Luca de Meo, qui pourrait atteindre 5,53 millions d’euros annuels. Très loin de ce que Carlos Tavares gagnait jusqu’à présent…
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